France travail et l’avenir des missions locales

Publié le 28 avril 2023

Depuis quelques années, des tentatives d’intégration des missions locales dans Pôle emploi sont régulièrement annoncées et font violemment réagir l’Union nationale des missions locales (UNML). Elle estime qu’il s’agit, ni plus ni moins, de les dissoudre dans Pôle emploi ce qui serait très négatif au vu de la spécificité des missions locales, contrôlées par les collectivités locales, et efficaces concernant l’emploi des jeunes.

L’exemple de la mission locale de Grenoble démontre qu’elle va bien au-delà de l’action de Pôle emploi concernant les jeunes de 16 à 25 ans, avec une offre de service qui utilise la démarche de l’Education populaire : c’est un soutien global à la personne jeune qui vient s’inscrire pour sa recherche d’emploi et de formation, mais aussi un accompagnement pour accéder au logement, à la santé et toutes les difficultés liées à la précarité des jeunes, à leur isolement.  Les missions locales représentent une décentralisation réussie. Il serait désastreux de les remettre en cause en les intégrant dans la grosse machine de Pôle emploi.

Les missions locales sont l’un des principaux prescripteurs du Contrat emploi jeunes (CEJ) qui assure un accompagnement d’une année complète avec des temps de regroupement par groupe de 12, d’aide à la recherche d’emploi et des formations nécessaires, ainsi qu’une aide financière qui peut aller jusqu’à 500 €. Le CEJ renforcé dans lequel sont intégrés bon nombre des jeunes demandeurs d’asile, dans lequel l’apprentissage de la langue française est intégré. A la Mission Locale de Grenoble, c’est plus de 600 jeunes qui sont inscrits dans le dispositif CEJ depuis 2 ans.

Le haut-commissaire à l’emploi et à l’engagement des entreprises (T. Guilluy) a rendu un « Rapport de préfiguration » de France travail, pour alimenter un projet de loi qui devrait être déposé d’ici cet été.

Le dispositif qu’il propose est la création d’un « réseau France travail » intégrant tous les opérateurs et les partenaires. Au centre de ce réseau, trois « opérateurs France travail », travaillant en « coopération/complémentarité »: l’ancien Pôle emploi, rebaptisé France travail ; les missions locales, rebaptisées « France travail jeunes » ; et les Cap emploi, qui deviendraient « France travail handicap ».

Cette volonté de tout mettre sous l’autorité de Pôle Emploi, n’est pas nouvelle, Elle s’amplifie avec France Travail par la mise en place d’un système d’inscription comme demandeur d’emploi par un algorithme qui serait chargé de faire le tri des publics : jeunes sans aucune formation, jeunes avec le bac ou autres diplômes. Or la problématique de l’accès à l’emploi et à la formation des jeunes de 16 à 25 ans est spécifique. Le rapport de Bertrand Schwartz rédigé en 1982 à la demande de Pierre Mauroy, avait indiqué et largement décrit les nécessités de se préoccuper fortement de ces jeunes sans formation ni emploi pour diverses raisons. L’une des réponses apportées fut la création des Missions Locales, avec les méthodes de l’Education Populaire, Elles sont au nombre de 450 en France et DOM-TOM-COM.

Il est essentiel de retenir que le seul problème pour nombre de jeunes n’est pas seulement le manque de formation, il en est un parmi d’autres.

Or cet algorithme est très décrié pour son inadéquation dans le processus d’accès à l’emploi à commencer par Thierry Breton, Commissaire européen. Il a fait savoir que la Commission européenne a émis un avis défavorable à ce type d’outils pour permettre l’accès à l’emploi, des jeunes en premier lieu, mais également pour les moins jeunes.

Dans le Monde du mardi 25 avril, un grand article explique la déshumanisation des procédés d’offres de services.  Ils sont largement décriés et surtout entraînent le non recours aux droits en raison d’obstacles, dont la complexité des documents à compléter et la déshumanisation.

Les jeunes qui s’inscrivent à la Mission Locale, ont besoin d’accompagnement global.

Il ne suffit pas de les « mettre au travail », comme s’ils n’avaient besoin que de 2 bras et 2 jambes pour vivre. Ils-elles sont aussi doué.e.s  de capacité de réflexion qui ne demandent qu’à se développer.  Comme celles et ceux de leur âge qui sont dans un cursus scolaire classique. Ils ont un droit à la formation tant professionnelle que générale, qui leur permettra de rechercher le métier le plus proche de leurs aspirations. A cela s’ajoute aussi, les temps de réflexion sur les grands problèmes de notre époque, auxquels ils-elles sont confrontés, et ainsi devenir des citoyen-ne.s éclairé.e.s.

Les missions locales offrent cette approche globale nécessaire à ces jeunes, dont la jeune vie n’a pas été épargnée par les coups durs.  

1,2 millions de jeunes sont inscrits dans les 450 missions locales chaque année. A Grenoble, ils sont près de 7000 inscrit.e.s à la Mission Locale et plus de 9000 dans les 5 missions locales de la métropole.

Il semble que le rapporteur ait choisi de conserver ce qui fait la spécificité des missions locales, à savoir le traitement de proximité du chômage des jeunes : le rapport précise en effet que « les missions locales (…) coanimeront la mise en œuvre des actions au service des jeunes au sein de France travail ». 

L’Association des maires de France fait une analyse de ce rapport et met l’accent sur les missions locales.

Mots-clefs : , , ,

Le commentaires sont fermés.