Le 26 avril dernier l’élu grenoblois Luis Beltran s’est rendu à l’Elysée à la Convention Nationale Handicap, celle-ci faisant suite à plusieurs mois de travail des associations représentant les personnes handicapées réunies dans le comité consultatif des personnes handicapées et sollicitées pour préparer cette convention. Via France Urbaine, L. Beltran représentait les grandes villes agissant sur ce sujet et confrontant leurs points de vue et les avancées de leurs politiques dans les différents champs que le handicap sollicite. Dans les réunions préparatoires et à la Convention Nationale, Luis Beltran-Lopez a pu échanger avec nombre de dirigeants nationaux de tous les secteurs, transports, enfance, culture, universités…. et revenir à Grenoble enrichi d’une foule d’exemples réussis et de pistes d’amélioration dans ces domaines.
Une certaine prudence était de mise de sa part, au vu des annonces nombreuses et bien peu suivies d’effet au cours des années après les précédentes lois handicap – notamment la première loi de 1975, et depuis, la loi de 2005 – car il est toujours facile de proposer des obligations aux collectivités quand les moyens ne suivent pas, vu aussi le contexte social n’incitant guère à une croyance quelconque dans la concertation.
Cependant les réunions de suivi avaient laissé entendre des annonces assez sérieuses, et malgré le boycott de plusieurs grandes associations nationales représentant les personnes porteuses de handicap, la Convention semble avoir répondu à certaines attentes en accordant de façon surprenante par la bouche d’E. Macron une ligne budgétaire d’un milliard et demi d’euros alors que les personnes concernées ne s’y attendaient pas.
La prudence des élu.es et associations demeurera et s’exprimera notamment dans un comité de suivi et d’évaluation régulier qui permettra de pointer les difficultés et résistances sur le terrain.
Grenoble est depuis très longtemps une ville où les gens peuvent accéder au tramway, ainsi qu’à de plus en plus de bus grâce aux quais surélevés et aux équipements en rampes rétractables des véhicules de la M Tag, et grâce à différents dispositifs d’accompagnement vers l’école, les soins et vers les emplois, en particulier dans les services de la ville de Grenoble et de la métropole. A l’Ades nous avions eu la fierté de voir, dès 1995, notre cher conseiller municipal François Suchod dont l’obstination pour l’avancée des droits était notoire, bouleverser déjà les calendriers et les budgets pour gagner plus de justice et d’accessibilité de l’espace et des bâtiments publics.
La poursuite de ce travail ne s’est jamais démentie depuis mais forcément, les besoins sont très importants et l’actuel mandat municipal redouble d’effort pour accélérer notamment l’accès de tou.tes aux équipements municipaux.
Dans le plan école, depuis 2014, le travail d’accueil des enfants porteurs de handicaps a pris de l’ampleur, et à l’occasion de chaque chantier de rénovation ou création d’école, l’accessibilité est envisagée au démarrage pour être intégrée au même titre que les autres exigences, comme la qualité de l’air, les isolations thermiques et phoniques, l’utilisation optimale de matériaux écologiques…mais l’éducation n’est pas que du bâtiment et Grenoble consacre des salles et des moyens scolaires aux différentes classes à petit effectif ; elle est aussi attentive à ce que les centres de loisir aient les moyens d’accueillir tous les enfants qui en ont besoin .
La délibération cadre votée au Conseil municipal du 12 décembre 2022 consacre un plan global d’actions jusqu’à 2027. Ces actions veulent impacter l’ensemble des problématiques concernant les personnes handicapées, leur visibilité, leur emploi, leur logement, leur éducation, leur mobilité, leur accès aux services et tant d’autres sujets brûlants. 1 lien délib à ajouter
Les élus de gauche et écologistes du département, dont c’est une compétence principale déplorent quant à eux une stagnation des budgets départementaux dédiés, alors même que l’inflation importante pèse sur tous les postes des ménages, que la revalorisation des allocations aux adultes handicapés (AAH) et l’allocation d’éducation de l’enfant handicapé (AEEH), délivrées par la CAF, est faible et ne suit pas ce cours de l’inflation sur l’énergie, l’alimentation, les fournitures scolaires notamment.
Ajoutons à cela que le recrutement et la formation d’AESH –les personnels chargés de l’aide à l’éducation scolaire- sont en berne et souffrent d’annonces fantaisistes auprès des enseignants à qui on reproche directement de n’être pas inclusifs, et mettent en difficulté les enfants si elles ou ils sont insuffisamment soutenus par des temps d’accueils trop partiels, allant jusqu’à l’éviction d’enfants des classes dans trop de cas.
L’inclusion des personnes porteuses de handicap est d’ailleurs une question au cœur des reproches faits à la France par l’UE et par l’ONU ; la politique d’accentuation de mise à l’écart des gens dans des ESAT offrant une opportunité aux employeurs potentiels de ne pas les embaucher sur des postes adaptés en milieu ordinaire.
Evidemment, ces progrès lents ne peuvent masquer les nombreuses difficultés qui demeurent en terme de discrimination, d’invisiblité, de mépris ou de craintes souvent dont les personnes plus valides se cachent grâce à des stratagèmes : l’admiration pour le sport de haut niveau des athlètes porteur.euses de handicap, alors que la pratique d’un sport ordinaire au quotidien se heurte pour les enfants et les jeunes à de très grandes difficultés d’inclusion ou d’adaptation, en fait partie.
Mots-clefs : Accessibilité, grenoble, handicap