Pour les spécialistes le changement climatique va accentuer son accroissement : plus il fait chaud, plus le cycle de développement du moustique se raccourcit. La vitesse de multiplication du virus à l’intérieur de l’insecte est aussi augmentée sous l’effet de la température. Plus il fait chaud, plus le cycle de développement du moustique se raccourcit. La vitesse de multiplication du virus à l’intérieur de l’insecte est aussi augmentée sous l’effet de la température. Plus il fait chaud, plus vite il peut transmettre une infection.
Un avis du Comité de Veille et d’Anticipation des Risques Sanitaires (COVARS) fait des recommandations aux pouvoirs publics pour améliorer la gestion de la situation dans la métropole :
« Le constat global est celui d’une préparation et des capacités de gestion satisfaisantes dans les TUM (territoires ultra marins), grâce à une expérience récurrente de ces risques sanitaires, contrastant avec une préparation moindre en métropole et des capacités de gestion, de prévention et d’anticipation y requérant un renforcement important et rapide pour être en capacité de faire face à l’accroissement vraisemblable de cas autochtones dans les années à venir. »
Localtis info fait un article détaillé à ce sujet le 27 avril : La « saison » du moustique tigre bientôt ouverte dans l’Hexagone.
Installé depuis de nombreuses années dans les outre-mer, le moustique tigre ou Aedes albopictus – son nom scientifique – ne cesse, depuis 2004, d’étendre son installation sur le territoire métropolitain, conduisant les autorités sanitaires à déclencher une surveillance renforcée pendant sa période d’activité, en raison des virus qu’il propage.
Du 1er mai au 30 novembre, qui correspond à sa principale période d’activité, la présence de l’insecte, reconnaissable grâce à ses rayures noires et blanches, sera tout particulièrement scrutée, les messages de sensibilisation vont se multiplier et d’éventuelles opérations de démoustication pourront être déclenchées.Car l’été dernier, le moustique tigre a laissé un mauvais souvenir. Au 1er janvier 2023, il avait colonisé quatre départements supplémentaires (l’Allier, l’Ille-et-Vilaine, le Loir-et-Cher et la Haute-Loire), portant à 71 le nombre de départements où il est désormais implanté.
L’insecte, qui pique plutôt le matin et le soir, a été à l’origine de 65 « cas autochtones » de dengue, concentrés dans le sud de la France : le terme désigne des patients qui n’ont pas voyagé dans des zones où le virus circule largement comme les Antilles, mais ont été piqués par un moustique s’étant lui-même infecté au contact d’un voyageur contaminé.
« 65 cas, ça peut paraître peu, mais cela témoigne d’une dynamique, c’est un signal pour l’avenir », prévient Marie-Claire Paty, coordinatrice de la surveillance des maladies vectorielles à Santé publique France. De fait, depuis 2010, le nombre de départements métropolitains colonisés par le moustique tigre a été multiplié par dix. « On est persuadé que c’est un risque qui va aller en s’intensifiant », insiste Marie-Claire Paty.
C’est aussi le message qu’a fait passer le Comité de veille et d’anticipation des risques sanitaires (Covars), l’ex-conseil scientifique, dans un récent avis. Il faut s’attendre, dans les années à venir, à une hausse des cas de dengue, Zika et chikungunya, maladies transmises par des moustiques « vecteurs » désormais largement implantés sur le territoire national, a-t-il averti. Des maladies virales qui « pourraient devenir des problèmes de santé publique ». Si, en métropole, il n’a pas été observé à ce jour de forme grave, des complications sont toujours possibles, pouvant entraîner des réanimations voire des décès, rappelle Marie-Claire Paty.
En Ile-de-France, il est désormais définitivement implanté dans une centaine de communes. « Son extension est inéluctable », déclare l’entomologiste Didier Fontenille. « C’est un insecte urbain, qui se déplace dans les voitures et pond ses oeufs dans les collections d’eau » laissées par les gens – des gîtes larvaires – comme des pots, des soucoupes, des récupérateurs d’eau. « Il aime le sang humain, ce qui en ville, ne manque pas », poursuit-il.
Pour ne rien arranger, le réchauffement climatique a des effets indirects sur son accroissement : plus il fait chaud, plus le cycle de développement du moustique se raccourcit. La vitesse de multiplication du virus à l’intérieur de l’insecte est aussi augmentée sous l’effet de la température. « Donc plus il fait chaud, plus vite il peut transmettre une infection », explique Anna-Bella Failloux, spécialiste des maladies liées aux moustiques à l’Institut Pasteur.
Son expansion reste toutefois essentiellement favorisée par les voyages et les comportements humains. Les autorités sanitaires redoutent ainsi l’organisation prochaine de grands évènements sportifs internationaux en métropole – notamment les JO 2024 -, qui donneront lieu à d’importants mouvements de populations venues du monde entier.
« Si dans les territoires ultra-marins le moustique tigre transmet beaucoup de virus, il reste pour le moment en métropole un insecte essentiellement nuisant. Mais cela pourrait changer dans les années qui viennent », avise Didier Fontenille. Pour limiter les risques, « la première chose à faire est de lui rendre la vie difficile », conseille ce directeur de recherche à l’Institut de recherche pour le développement (IRD) à Montpellier.
« En outre-mer, le moustique fait déjà partie du quotidien. En Hexagone il va maintenant falloir apprendre à vivre avec », résume Anna-Bella Failloux. Éliminer tous les endroits où l’eau peut stagner, vider les récipients, couvrir les réservoirs et les piscines lorsqu’elles ne sont pas utilisées… sont autant de gestes à adopter, à la fois par les particuliers et les agents territoriaux. Certains produits répulsifs peuvent aussi s’avérer utiles, mais tous ne sont pas d’une efficacité optimale contre le moustique tigre.
La surveillance de la présence de l’insecte repose aussi « sur le signalement citoyen », a prôné le ministère de la Santé dans un communiqué ce 27 avril, appelant les particuliers à signaler son implantation dans leur commune sur le portail « signalement-moustique.anses.fr« . Pour éviter la mise en place d’un cycle de transmission autochtone de maladies liées au moustique tigre, « une enquête est réalisée autour de chaque cas humain recensé dans un département » où il est installé, rappelle-t-il.
Mots-clefs : métropole, prévention, santé