Une étude du cabinet Habitat & Territoires Conseil, filiale de l’Union sociale pour l’habitat, fait état du besoin en nouveaux logements (constructions neuves ou remises sur le marché) en France sur la période 2024-2040. L’estimation est évaluée à 198 000 logements sociaux par an jusqu’en 2040 alors que le rythme actuel est de seulement 104 562 logements financés en 2021 et 125 000 programmés en 2022. La politique gouvernementale est totalement absente sur ces sujets pourtant fondamentaux, au vu de la crise sociale qui s’accélère à laquelle s’ajoute le peu de réaction des collectivités locales, autant de facteurs très inquiétants.
Cette estimation se base sur les grandes tendances socio-démographiques, ainsi que sur les impératifs de transition écologique du parc de logements, que devrait connaitre la société française entre 2024 et 2040 :
- L’érosion confirmée du solde naturel de la population française. Pour rappel, ce solde a été divisé par quatre entre 2012 (solde positif de 251.000 personnes) et 2022 (56.000 personnes) ;
- Le ralentissement de la réduction de la taille des ménages (séparations, vieillissement de la population, décohabitation des jeunes) ;
- La baisse de l’espérance de vie : en 2022, et donc hors période Covid, l’espérance de vie a baissé de 0.4 an par rapport à celle de 2019 ;
- La reprise des flux migratoires, après la période Covid, à hauteur de 161.000 personnes par an selon l’estimation de l’INSEE pour 2022 ;
- La nécessité de compenser la sortie d’une partie des logements les plus énergivores du parc de logements disponibles, du fait des dispositions prévues par la loi « Climat et Résilience » de 2021 ;
- La résorption du mal-logement avec, en 2023, 1 098 000 personnes privées de logements et 3 421 250 personnes logées dans des conditions de logement très difficiles ou en situation de fragilité, selon la Fondation Abbé Pierre.
La prise en compte de ces différentes réalités et tendances, permet d’établir le nombre de logements qu’il est nécessaire de construire ou de remettre sur le marché annuellement à 518.000 logements par an d’ici à 2040.
Ces besoins en logements annuels se décomposent comme suit :
- Besoins pour permettre le desserrement des ménages : 116.000 logements
- Besoins pour compenser la sortie du parc d’une partie des logements les plus énergivores : 33.000 logements
- Besoins pour répondre au maintien de la demande de résidences secondaires : 100.000 logements
- Besoins pour maintenir un taux de vacance nécessaire à la fluidité du marché : 50.000 logements
- Besoins pour contribuer à résorber le mal-logement : 122.000 logements (déduction faite des attributions déjà réalisées chaque année dans le parc social existant)
- Besoins pour absorber le solde migratoire : 74.000 logements
- Besoins pour absorber le solde naturel : 23.000 logements
Par ailleurs, l’Union sociale pour l’habitat fait état du besoin en logements sociaux sur la base de cette estimation de l’ensemble des besoins en logements, et de l’état de la demande de logements locatifs sociaux constatés dans les territoires, à l’échelle des Etablissements publics de coopération intercommunale (EPCI). Ainsi, les besoins en logements locatifs sociaux se situent à 198.000 nouveaux logements à produire d’ici à 2040, soit 38% du besoin global en logements identifié.
