Les négociations climatiques de la Cop 28 ont enfin abouti, le 13 septembre, à un accord signé. Pour la première fois, toutes les énergies fossiles y sont mentionnées, mais le terme de « sortie » des énergies fossiles n’a pas pu y figurer. Le texte final appelle à abandonner progressivement les combustibles fossiles afin d’éviter les pires conséquences du changement climatique, mais sans préciser un calendrier ni une date butoir. Toutefois y est rappelé l’objectif d’atteindre la neutralité carbone en 2050.
Le texte appelle les États à « opérer une transition hors des combustibles fossiles dans les systèmes énergétiques, d’une manière juste, ordonnée et équitable, en accélérant l’action au cours de cette décennie cruciale afin d’atteindre le niveau zéro d’ici 2050 ».
Le média Reporterre précise ;
« Les objectifs consensuels sont bien là : triplement des capacités de production mondiale des énergies renouvelables (électriques et biomasse) entre 2023 et 2030, doublement du rythme d’amélioration de l’efficacité énergétique (qui passerait donc à 4 %/an). Plus délicat, étant donné la place que pèse encore le charbon dans de nombreux pays, notamment en Asie, l’accélération de la diminution du nombre de centrales au charbon non équipées de systèmes de captage.
Les secteurs du fret maritime et du transport aérien ne sont pas oubliés : il leur est recommandé d’utiliser des carburants bas et zéro carbone bien avant ou aux alentours de 2050.
L’accord emploie une formule alambiquée à propos de la sortie des énergies fossiles : les États pétroliers s’opposaient jusque-là à cette idée, d’où le blocage de la négociation les jours derniers). Elle suggère d’accélérer la décarbonation des systèmes énergétiques de sorte qu’ils atteignent la neutralité carbone au mitan du siècle. Cela peut s’interpréter comme une sortie progressive des énergies fossiles ; laquelle devra se faire « orderly » et de manière équitable. Traduction : chacun pourra le faire à son rythme et selon ses méthodes, sans aucune contrainte.
Pour aider les décideurs à décarboner leur bouquet énergétique, la présidence émirienne a aussi proposé une série de modes de production d’énergie labellisés « bas carbone » : renouvelables et nucléaire (l’inclusion de l’énergie nucléaire dans l’accord est une victoire pour le gouvernement français !). Le texte mentionne aussi des technologies d’extraction du CO₂, telle que le captage-stockage géologique (CSC) et l’hydrogène « bas carbone ». Elles ne devront être utilisées que pour les secteurs industriels difficiles à décarboner : sidérurgie et cimenterie en tête.
Autre point notable, à l’attention des producteurs de gaz et de système de climatisation : il faudra accélérer « de manière substantielle » la baisse des émissions de gaz à effet de serre autres que le gaz carbonique. Comprendre : le méthane (principal composant du gaz naturel) et les fluides frigorigènes qui comptent parmi les gaz à effet de serre les plus puissants qui soient.
Les transports routiers ne sont pas oubliés : ils devront, eux aussi, abattre leurs rejets carbonés. Et en la matière, la voie est toute tracée pour l’électrification du parc automobile mondial. En pointe dans ce domaine, la Chine et l’Europe sont aux anges.
Déjà présent dans les précédentes versions, le couplet sur la fin des « subventions aux énergies fossiles inefficaces », dès que possible, est toujours là. Et l’on ignore toujours leur définition précise. Pourront être maintenues, en revanche, les aides publiques aux précaires énergétiques et à la transition énergétique « juste ».
Un paragraphe qui « reconnaît que l’utilisation transitoire » de carburants ou combustibles fossiles peut jouer un rôle dans la transition énergétique et le renforcement de la sécurité d’approvisionnement a été ajoutée à la demande du Groupe Afrique dont de nombreux États membres privilégient leur développement, quitte à consommer leurs hydrocarbures, à la baisse des émissions… »
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