Si on veut que la ville s’adapte au changement climatique et qu’elle soit vivable pour toutes et tous, une forte augmentation des investissements publics est indispensable, principalement dans trois grandes directions : l’isolement des bâtiments (logement et secteur tertiaire), les mobilités et l’alimentation qui sont à la fois les trois postes de dépenses les plus lourds financièrement pour les ménages et les plus émetteurs de gaz à effet de serre. L’évolution des espaces publics pour lutter contre les ilots de chaleur nécessite une végétalisation qui se traduit concrètement par exemple dans les les Places aux enfants autour des écoles, on remplace le bitume par des plantations et on protège les enfants. Et tout cela dans la solidarité avec les plus fragiles.
Soit on continue une transition tiède et à « petits pas » qui ne préparera pas assez vite l’adaptation de la ville, soit on manifeste une volonté déterminée vers des transitions énergétiques, écologiques et solidaires efficaces, pour cela les collectivités publiques notamment les communes, doivent fortement augmenter leurs investissements. C’est bon pour des transitions justes socialement et pour l’emploi local qui est actuellement menacé. Une hausse du chômage est annoncée pour 2024, entre autres par la grave crise du logement et la lenteur des rénovations thermiques.
Le budget 2024 de la ville de Grenoble se place délibérément dans ce contexte en augmentant de 50 % ses investissements par rapport à la moyenne des 6 dernières années, par l’amélioration du travail des agents de la ville et en luttant contre les emplois précaires, notamment pour le périscolaire.
Pour augmenter durablement les investissements sans que la ville s’asphyxie par la dette, il est nécessaire d’avoir une épargne suffisante qui se construit à la fois par des recettes importantes en fonctionnement et par une politique d’économie soutenue dans les dépenses de fonctionnement.
Cela est obtenu depuis 2023 par une augmentation des recettes, le seul levier existant pour une commune est la taxe foncière, d’où sa forte augmentation et la poursuite des politiques de sobriété dans le fonctionnement de la machine municipale. Pour que cette forte augmentation de la taxe foncière (payée par seulement 38 % des ménages habitant la ville) ait une dimension sociale forte, la ville a mis en place un bouclier social et climatique important qui portera progressivement ses fruits.
En 2024, il était prévu la vente des actions de la ville de Grenoble dans Grenoble Habitat. Pour l’instant cette vente n’est pas réalisée, d’où un manque de recettes d’investissement de 37 M€. Un fort endettement de la ville n’est pas souhaitable, le budget prévoit une légère limitation des investissements et la dette n’augmentera que de 23 M€ environ. Dès que la vente sera effective, la dette sera diminuée.
De plus, la ville et la Métro s’étaient mis d’accord pour que la Métro rachète les 2/3 des actions de la ville de Grenoble dans la SEM CCIAG pour 11,4 M€, là aussi cette transaction ne se réalise pas encore, la Métro refuse de diminuer le poids de l’actionnaire minoritaire, alors que la trésorerie de la CCIAG permet facilement de racheter une partie de ces actions.
Le bouclier social et climatique s’installe progressivement et sera réadapté chaque année en fonction des avancées réalisées et des difficultés dues entre autres, à l’absence d’accord du SMMAG et/ou de la Métro sur l’aide aux mobilités actives, à la mise en place de la ZFE ou à un développement de la gratuité partielle des transports en commun pour les grenoblois les plus nécessiteux.
Si certaines dépenses liées au bouclier social ne sont pas faites dans l’année, la Ville pourra en profiter pour se désendetter.
Ci-dessous les prévisions d’investissements pour l’année 2024, en espérant que l’inflation sur les travaux ne dérape pas trop. Il y a une certaine inquiétude dans toutes les collectivités à ce sujet. Heureusement la situation financière de la Ville est maintenant plus satisfaisante, elle permettra d’absorber certaines dérives sans difficultés. Ci-dessous les principaux projets d’investissements :
Voici l’intervention au nom du groupe GEC par Margot Belair, co-présidente du groupe majoritaire qui a clôt les trois heures de débats sur le budget 2024 lors du conseil municipal du 18 décembre :
« Personne ne s’étonnera qu’il y ait de grands et longs débats autour du budget, parce que si de grands débats doivent se tenir, c’est bien autour du budget. Tous les groupes ici présents ont été désignés par les Grenobloises et Grenoblois sur la base de projets distincts, avec des priorités qui leur sont propres, et donc une traduction financière différente. Le budget présenté ce soir continue la mise en œuvre du projet Grenoble en Commun ; il est naturel qu’il soit contesté par celles et ceux qui portent depuis 2020 une autre manière de voir Grenoble que celle choisie par les Grenobloises et Grenoblois.
Notre projet, c’est celui des Places aux enfants, de la réhabilitation des crèches, des gymnases, de la végétalisation de la ville, du meilleur partage de l’espace public, de la préservation du vivant, de la mise en sécurité sociale de l’alimentation, de la rénovation thermique et de la lutte contre la précarité énergétique, de la reconnaissance du travail des aidantes et des aidants, de l’égalité des droits et de la lutte contre les discriminations, d’un renforcement de nos services publics pour les rendre plus accessible et plus accueillants, que ce soit au Conservatoire, à la cantine, dans nos bibliothèques, dans les transports en commun…
Ce projet, nous le construisons pour Grenoble, pour l’intérêt général, malgré et par-delà les contraintes qui nous sont imposées par le contexte international, national ou local. Le mandat 2014-2020 aura été celui qui a vu fondre les dotations allouées par l’État aux collectivités. Le mandat 2020-2026, lancé en pleine crise COVID, voit se greffer sur cette perte “durable” de moyens l’inflation, la flambée des coûts de l’énergie ainsi que des désengagements et des non compensations de la part de l’État. Ce sont ces raisons, et la volonté de continuer à construire pour les générations futures, qui nous ont amené à la décision de l’augmentation de la taxe foncière l’année dernière. Un choix qui s’est accompagné de la définition d’axes clairement définis, dont la mise en œuvre d’un bouclier social et climatique, qui continue à avancer dans ce budget 2024.
Les contraintes sont également locales. Vous êtes déjà revenu dessus : oui, une rentrée financière prévue au ROB a été sacrifiée par la Métropole. Nous avons fait le choix de recourir à l’emprunt pour combler cette perte de recette temporaire en attendant le projet annoncé par la Métropole pour GH, que nous n’avons toujours pas en main, et qui n’est d’ailleurs toujours pas chiffré dans les discussions du budget métropolitain.
Il arrive donc souvent, dans cette salle, que nous ayons de très longs débats sur des sujets variés. Des débats qui, parfois, se limitent à des invectives de la part de certaines oppositions, allant rarement au-delà des « vous faites mal », « vous avez tort », “on vous l’avait bien dit”, « vous êtes aveuglés par votre dogmatisme », “vous sacrifiez les générations futures”, jusqu’à l’indigne “vous prenez les grenoblois en otage”.Tenez, pour prendre un exemple caricatural, le groupe d’Alain Carignon, quelles sont vos propositions, en vrai ? On parle bien de « propositions » et non « d’invectives ». Vous avez souvent, ici, vertement contesté le projet des Places aux enfants. Fort bien. Dans votre budget, où iraient les sommes allouées aux Places aux enfants ? Dans la construction de places de parking devant les écoles ? Comme vous avez si bien su le faire derrière la gare en créant un îlot de chaleur géant sur tout le quartier Europole ? Et la rénovation thermique des bâtiments municipaux ? Doit-on stopper les nombreux projets de rénovation des écoles et des gymnases pour nous adapter à l’impact croissant du réchauffement climatique ? Et que dit-on aux enfants et aux parents qui ne supporteront pas dans ces bâtiments les + 45 jours de canicule annuelle prévus d’ici une génération ? Vous voulez vendre l’Hôtel de Ville. Soit. Mais à qui ? Peut-être avez-vous déjà un acheteur parmi vos “amis” ? Et ensuite ? Vous installerez des caméras de vidéosurveillance derrière chaque habitant·e, s’il reste un peu d’argent, »
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