C’est le titre d’un article de Charles Wyplosz Professeur d’économie à l’Institut de Hautes Etudes Internationales et du Développement (Genève), dans la revue numérique Telos.
« C’est peut-être prétentieux de l’affirmer, mais il y a une règle immuable en démocratie : à trop secouer les principes économiques, les choix politiques finissent toujours mal. Ce peut être un échec coûteux, une remise en cause plus ou moins discrète, ou des conséquences électorales sévères. La crise agricole récente a quelques similitudes avec la crise des gilets jaunes, le revenu des agriculteurs-trices est faible dans les exploitations de petite et taille moyenne. La crise agricole révèle les sérieuses dérives de la lutte contre le réchauffement climatique. Face aux manifestations qui se multiplient un peu partout en Europe, la Commission vient d’abandonner une partie importante de son Pacte vert. Ce plan a été approuvé par tous les gouvernements des pays membres, avant d’être rejeté par le Parlement européen en novembre dernier en ce qui concerne la réduction de l’usage des pesticides. Mais les défauts du pacte sont plus profonds, c’est toute la stratégie qui est en question…)
L’incantation du premier ministre qui appelle « à une exception agricole française », déclamer que « notre agriculture est une force » et « nos agriculteurs, nos pêcheurs qui travaillent matin, midi et soir pour nous nourrir », ne suffira pas à réhabiliter ce métier. Il va falloir des preuves concrètes de soutien du monde agricole. Les grandes déclarations la main sur le cœur sans réel suivi d’effet pour toute l’agriculture qu’elle soit conventionnelle ou biologique, vont peut-être apaisées un court moment, mais sans choix équitables pour tous les agriculteurs-trices peuvent revenir en boomerang destructeur. Si ce gouvernement continue sa politique en France et sa participation à des choix européens défavorables à l’agroécologie, non seulement l’appauvrissement de ce secteur s’aggravera, mais ces populations peuvent dériver vers la désespérance totale et pourrait les entraîner à se laisser séduire par des bonimenteurs ! Il y a un besoin urgent d’apporter le soutien de l’Etat pour un développement de fermes de taille raisonnable, fournissant des revenus décents et non pas favoriser l’agriculture intensive qui a hélas, largement fait ses preuves d’accaparement des terres et des subventions. Le modèle agricole intensif n’est pas la solution. Il n’envisage que la protection de quelques grandes exploitations. Peu leur importe la dégradation de l’environnement en utilisant des produits phytosanitaires à outrance ou des bassines de rétention d’eau pour les plus fortunés d’entre eux.
De nombreux paysans-paysannes sont conscient.e.s de leur responsabilité dans une agriculture source de bonne santé de toute la population et respectueuse de l’environnement. Ils ont besoin du soutien de toute la nation pour exercer leur métier dans des conditions décentes tant de leur travail, de leur santé que de leurs revenus.
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