Équipements et sobriété dans la Métro : deux déterminants forts, le lieu d’habitation et le niveau de revenus

Publié le 8 mars 2024

Un travail de recherche intitulé « Baromètre des transitions » est développé en coopération entre Grenoble Alpes Métropole, Grenoble Ecole de Management (GEM) et l’ADEME sur un horizon de trois ans. L’Observatoire OBS’Y rend compte d’une première étude sur les déterminants concernant les équipements et la sobriété des ménages métropolitains.

Dans l’empreinte carbone de chaque français, la consommation de biens et notamment des équipements de la maison représentent 15% des sources d’émission, rapportées à l’individu. Il parait en effet intéressant de mieux comprendre les pratiques des habitants de la métropole grenobloise en ce qui concerne leur équipement.

Jusqu’ici cette donnée n’était pas disponible, mais elle vient d’être collectée pour la première fois sur le territoire, via l’enquête « pratiques écologiques ». Plusieurs questions portaient sur les pratiques de consommation et d’équipement.  Une première information très descriptive permet d’éclairer le taux d’équipements en électroménager. Les deux informations suivantes sont plus « affinées » puisqu’elles analysent la façon dont les produits ont été achetés et leur durée d’usage (plus on garde un bien longtemps, moins il « émet » du carbone puisque ce sont essentiellement les phases de production des biens qui sont émettrices). L’enquête s’intéresse aussi aux produits électroniques, vêtements et aux biens de mobilité notamment la voiture.

Equipement de mobilité : un lien direct avec le revenu et le lieu d’habitation :

« C’est la voiture, avec son score de 4, qui fait réaliser un « saut » dans l’indice de non-sobriété de l’équipement automobile. La grande majorité des grenopolitains en sont équipés, voire, pour ceux qui habitent plus loin, disposent de 2 voitures (scores supérieurs à 8). Sans surprise, l’indice est corrélé avec le lieu d’habitat : les habitants des communes peu denses sont beaucoup plus équipés que les habitants des communes denses et de Grenoble. 

De manière marquante, on observe donc là encore que le lieu de résidence influence fortement les pratiques de consommation et d’équipement. Les individus sont déterminés par leur environnement immédiat : les contraintes ou opportunités qu’il offre ont un impact direct sur leur capacité à réduire ou augmenter leur empreinte carbone.

L’indice d’équipement de mobilité est très fortement corrélé à des facteurs économiques, comme le revenu ou la profession. Etant donné le prix des équipements automobiles, il n’est pas étonnant que le pouvoir d’achat soit le principal déterminant.

Plus on est riche, moins on consomme durable ? Les deux indices de consommation étudiés ici nuancent ce raccourci : la catégorie socio-professionnelle et le revenu, c’est-à-dire des facteurs « statutaires », ne déterminent qu’une partie de nos impacts carbone de consommation. Les ressources économiques déterminent des comportements d’investissement en « négatif » (plus de voitures, plus d’équipements de la maison) mais traduisent également une capacité à améliorer la qualité des biens (isolement du logement) ou à acheter des produits qui durent : si j’ai plus de moyen, je peux acheter des produits de meilleure qualité et donc les renouveler moins souvent.

Ceci étant, la mobilité étant un des premiers postes d’empreinte carbone, ce sur-équipement en voitures a un effet d’entrainement significatif, comme l’indique la synthèse de l’ADEME à partir du test « nos gestes climat » 

Sans surprise, le niveau de revenu est un facteur explicatif fort en ce qui concerne l’empreinte carbone. De fait, plus les revenus sont élevés, plus l’empreinte carbone moyenne est elle aussi élevée. Certes, la différence s’avère relativement marginale entre les tranches de revenus mensuels nets du foyer, inférieure à 5000 euros, avec un écart de 1.5t entre la tranche la plus basse (en moyenne 7t pour ceux déclarant moins de 750 euros) et la plus élevée (8.5t pour ceux dont le foyer gagne 3500 à 49999 euros). En revanche, l’augmentation de l’empreinte carbone devient exponentielle dès lors que l’on s’intéresse aux tranches de revenus égales ou supérieur à 5000 euros pour atteindre une moyenne de 11.6t parmi les personnes aux revenus supérieurs à 65000 euros (soit un écart de 4.6t avec les revenus les plus modestes).

Dans le détail, l’empreinte carbone des Français est portée pour la moitié dans deux domaines de consommation : les transports et l’alimentation. Toutefois, une empreinte totale élevée est le plus souvent synonyme d’une empreinte avant tout dominée par le secteur des transports et celui du logements (respectivement 39% et 38% de l’empreinte moyenne des personnes qui émettent plus de 15t par an au total). »

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