Suites de l’enquête publique sur le Métro-câble

Publié le 5 avril 2024

Dès que la commission d’enquête a fait connaître son avis très défavorable à la déclaration d’utilité publique, pour la réalisation du câble entre Fontaine et Saint Martin le Vinoux, un certain nombre de mécontents de ce résultat, ont mis en cause le travail de la commission au lieu de lire attentivement les conclusions très argumentées de la commission d’enquête

Le premier a été le président de la Métro, qui de façon surprenante, a fustigé les lourdeurs administratives : « J’ai parfois le sentiment que les procédures administratives obligatoires et règlements tournent à l’envers ou en tout cas pas ronds. L’exigence démocratique et environnementale, l’exigence de bonne gestion des deniers publics, nécessiteraient à mon sens que ce type d’avis, arrivent beaucoup plus tôt dans la vie d’un projet. Gagnons du temps !».

Donc pour le président de la Métro c’est la faute à la Loi mais pas à l’insuffisance criante du dossier d’enquête élaboré par le SMMAG, il oublie aussi l’incapacité du SMMAG à finaliser rapidement ce dossier.

Les promoteurs du câble ne se sont pas rendus compte, que ce mode de déplacement n’était plus une solution prioritaire pour améliorer les transports en commun dans l’agglomération, surtout depuis l’abandon du démarrage du BHNS (Bus à Haut Niveau de Service) depuis la Presqu’ile vers le Grésivaudan.

Il s’avère nécessaire de rafraichir un peu les mémoires de nos décideurs qui oublient vite le passé. Lors du conseil du SMMAG du 28 mars les discours des présidents de la Métro et du SMMAG ne se sont pas privés de réécrire le passé.

Dès l’enquête publique sur le nouveau PDU qui s’est terminée en octobre 2018, le projet de câble a été critiqué et le SMTC lui-même, présidé par Yann Mongaburu, a pris des engagements très clairs sur les conditions à remplir pour que le Métro-câble soit acceptable dans l’esprit du PDU : « La politique du SMTC est que chaque nouvel investissement lourd soit décidé au regard de l’équilibre entre les sommes investies, le nombre d’usagers transportés et le niveau de priorité par rapport aux objectifs fondateurs du PDU…Le SMTC prévoit d’actualiser l’étude socio-économique du projet de câble entre Fontaine et Saint-Martin-Le-Vinoux, avec une nouvelle modélisation qui permettra de préciser les estimations de voyageurs. En 2019, le SMTC prévoit également d’approfondir l’articulation entre ce câble et les autres modes de déplacements à l’échelle de la branche nord-ouest de l’agglomération…»

C’est pourquoi le PDU 2030 indiquait que le câble, qui devait être réalisé en 2023, soit associé à un bus à haut niveau de service (BHNS), allant de la Presqu’Ile vers le Grésivaudan et les entreprises de microélectronique. Mais le SMMAG a abandonné le départ du BHNS dans la Presqu’ile, ce qui privait le câble d’un grand intérêt.

De plus des fautes inexcusables ont été faites dans le dossier d’enquête réalisé par le SMMAG, malgré le signal d’alarme donné par la Mission Régionale d’Autorisation Environnementale dans son avis sur le dossier d’enquête publique quant à l’estimation du nombre de personnes qui prendraient le câble.

Conclusion : les promoteurs du câble essayent de se dédouaner de leurs responsabilités en cherchant des boucs émissaires. Mais maintenant, s’ils insistent pour poursuivre ce projet, ils sont dans l’obligation de le revoir de fond en comble. Il serait surprenant que le préfet arrête une déclaration d’utilité publique suite à un tel avis défavorable. Il est alors préférable de passer à un autre investissement plus utile pour les habitants de l’agglomération, au lieu de continuer à perdre du temps sur un dossier aussi mal ficelé.

Nous recommandons une lecture attentive des conclusions de la commission d’enquête à toute personne qui veut se faire sa propre idée sur ce dossier.

Le 27 mars, dans un communiqué, le groupe politique UMA de la gauche et des écologistes à la Métro a donné son analyse sur ce dossier :

« Les élu.es du groupe UMA ont pris connaissance des conclusions du rapport des commissaires enquêteurs. Notre groupe s’est exprimé lors de cette enquête ainsi que les communes membres du groupe concernées par le projet. Les élu.es du groupe UMA se sont exprimés défavorablement au projet du Métro câble tel qu’il a été soumis à l’enquête publique. Nous tenons en premier lieu à souligner la rareté d’un avis défavorable à la fois sur la déclaration d’utilité publique et sur l’autorisation environnementale. Ce rapport est accablant, il témoigne d’un projet non concerté, d’alternatives non-étudiées, et d’une analyse socio-économique négative, un bilan carbone sous-estimé pour un report modal extrêmement limité.

Il remet en question les informations transmises au public et les manques de fiabilité des études au vu des non réalisation du PDU page 10 et 11 :

  • « De plus, le scenario de référence de cette étude prend en compte un grand nombre de projets qui sont considérés comme réalisés en 2025 alors qu’ils ne le sont pas, à savoir : « la 1ère étape du RER ferroviaire », le « BHNS Grenoble Presqu’île-Montbonnot », la « passerelle Berges de l’Isère rive droite-Presqu’île dans le cadre du projet A480 », la « création d’une passerelle Esplanade – Presqu’île », « l’axe Chronovélo Grenoble – Berges de l’Isère rive droite ». L’étude socio-économique n’intègre ni l’abandon du projet Portes du Vercors sur Sassenage, ni le développement accéléré de la presqu’ile, ni l’enquête PDIE Giant pour la Presqu’ile. »
  • « Plusieurs informations nécessaires à la compréhension du projet sont absentes du dossier, voire erronées » et « « Le dossier n’a pas permis au public de se forger une opinion en toute connaissance de cause »

Et s’étonne de la non prise en considération des avis des communes concernées :

  • « Pour un projet de cette nature, future vitrine de l’excellence grenobloise, marquant de façon durable l’entrée Nord-Ouest de la métropole, la commission d’enquête estime qu’on aurait été en droit d’attendre en premier lieu un soutien unanime des quatre communes directement concernées. Au-delà, un avis positif largement partagé au sein de la Métropole, dont le périmètre est celui d’application du PDU, aurait donné une tout autre assise politique au projet. Et à une échelle encore plus large, que ni le Département, ni la Région, ni même l’État, n’ait fait part de leur volonté de voir aboutir le projet pose question »

Nous découvrons dans ce rapport la difficulté dans laquelle se sont retrouvé les commissaires enquêteurs dont la neutralité a été remise en cause a de nombreuses reprises page 5 :

  • « La commission d’enquête déplore d’avoir entendu à plusieurs reprises, à l’occasion de ses rencontres et de ses permanences, des propos mettant en doute sa neutralité. Un incident de cette nature lors d’une permanence l’a conduite à assurer les dernières permanences avec deux commissaires-enquêteurs ».

Nous proposons, à l’aune de ce rapport, qu’un nouveau travail s’engage afin de définir les alternatives qui permettront de diminuer drastiquement l’autosolisme, avec un impact fort sur le report modal pour répondre aux besoins des habitants de la Métropole. »

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