Dans le Dauphiné Libéré du 13 mai 2024, deux articles montrent les contradictions de la politique gouvernementale et aussi celle de la Région Aura à propos du transport ferroviaire. Le premier article décrit le bilan catastrophique pour les usagers de la ligne SNCF Grenoble- Lyon. Les TER Lyon-Grenoble sont « devenus des trains fantômes ». Le deuxième présente la visite du premier ministre sur le chantier du Lyon-Turin le 14 mai en Maurienne. Selon lui, le Lyon Turin présente un intérêt stratégique majeur mais il ne sait pas comment les travaux seront financés.
Il est certain que la priorité absolue au Lyon-Turin se fera au détriment des transports ferroviaires du quotidien notamment sur la ligne Grenoble-Lyon. Même pour le simple financement des études, il faut racler les fonds de tiroirs. Ainsi le SMMAG participe au financement du Lyon-Turin à hauteur de un million d’euros, alors que ce n’est pas de sa compétence.
Malheureusement des dégâts considérables sur les ressources en eau sont déjà effectives suite au percement du tunnel et vont se poursuivre.
Dans un rapport d’expertise commandé en 2006 au BRGM par la commission européenne sur le Lyon-Turin, on trouve un bilan hydrologique sur les impacts du forage des tunnels et des descenderies sur le cycle de l’eau. D’après ce rapport, ce sont entre 60 et 125 millions de m³ d’eau souterraine venant des montagnes qui devront être drainés par le projet chaque année et déversés à leur pied.
Par les chantiers qu’il engendre, le Lyon-Turin aura des impacts considérables sur la ressource en eau : drainage de quantités considérables d’eau, réduction du débit des sources et cours d’eau, perturbations irréversibles des cycles hydrogéologiques… Au cours des dernières années, plusieurs communes ont vu des points d’eau asséchés par les chantiers du Lyon-Turin. Une alerte sur l’eau, considérée comme sérieuse, a été émise par la Commission Nationale de Déontologie et d’Alerte en Santé Publique et Environnement (CNDASPE) en 2021 auprès des autorités, mais elle n’a à ce jour reçu aucune réponse.
Le chantier du Lyon-Turin met dangereusement en péril la ressource en eau, ses promoteurs minimisent ces impacts, et les moyens qu’ils mettent en œuvre ne sont pas satisfaisants pour les mesurer. C’est d’autant plus absurde qu’il y a un plan alternatif, bien moins couteux et rapide de report modal des marchandises de la route vers le rail, travaillé par des associations et validé par un courrier commun du syndicat des transporteurs routiers FNTR et des Amis de la Terre au Premier Ministre en Février 2019 (voir rappel sur Twitter ici). Le tout en utilisant la ligne existante qui reste sous-utilisée à moins de 20 % de sa capacité par l’incurie de la SNCF qui démantèle ses installations de triage en Maurienne et sa filiale de fret sur ordre de ce gouvernement irresponsable.
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