Déclaration de politique générale de Bayrou : l’art d’en dire le moins possible

Publié le 17 janvier 2025

On s’attendait à ce que le Premier ministre apporte des précisions sur les grands choix qui vont devoir être faits dans le prochain budget. Impossible de savoir exactement ce qui va se passer, sauf sur un point qui a créé le suspense durant des semaines : quid de la réforme des retraites ? La réponse a été effectivement précise : on va laisser les partenaires sociaux en discuter et si au bout de quelques mois, ils ne se mettent pas d’accord, c’est la réforme actuelle qui s’appliquera. Donc ni suspension, ni abrogation. Traduction, puisque les partenaires sociaux ne seront pas d’accord sur le fond (le MEDEF ne passera pas d’accord important avec les syndicats de salariés), la réforme actuelle continuera. Même si après le discours Bayrou a fait une petite avancée en disant que l’Assemblée Nationale se prononcera après les partenaires sociaux.

Par contre, sans surprise il a parlé du poids de la dette, mais sans dire comment il va la stabiliser puis la diminuer et de la nécessité d’une stabilité gouvernementale, condition pour rester aux affaires…

Une précision financière cependant : l’effort demandé aux collectivités territoriales, passerait de 5 à 2,2 milliards, ce qui devrait faciliter la préparation du budget de la métropole grenobloise et les décisions modificatives pour les communes qui ont déjà voté leur budget.

Le plus impressionnant c’est qu’il n’y a eu aucune réflexion sur la situation sociale, le mot inégalité n’a pas été prononcé…rien sur la politique fiscale, le pouvoir d’achat…

Bayrou serait bien inspiré de lire le rapport de la Cour des comptes sur la fiscalité locale qui montre qu’elle est anti-redistributive et coûte très cher à l’Etat, nous y reviendrons.

Et la transition écologique a été aussi la grande absente de ce discours. Voir le discours de Cyrielle Chatelain en réponse au discours de Bayrou.

Par contre il a évoqué la piste d’un passage à la proportionnelle mais sans autre précision, alors qu’il y a de nombreuses façons de l’organiser.

Il a rajouté après son discours la non-suppression des postes d’enseignants, il lâche ici et là des petites avancées, mais globalement il conserve la logique Barnier.

Tout était fait pour survivre en en disant le moins possible… Comme prévu, la motion de censure proposée par une partie de la gauche n’est pas passée, le RN n’entend pas la voter cette fois ci.

Il est regrettable que le groupe PS ne se soit pas associé à cette motion de censure, qui indiquait que les évolutions proposées par Bayrou n’étaient pas suffisantes loin de là, pour changer la logique du prochain budget.

Bayrou fait tout pour que le RN ne s’associe pas à une motion de censure, mais arrivera-t-il à passer au moment du budget ?

C’est un retour au budget Barnier, un peu relooké, qui va reprendre la navette entre le Sénat et l’Assemblée Nationale, mais passera-t-il l’obstacle d’une nouvelle censure ?

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