Les impacts du confinement sur le chômage vont être violents

Publié le 8 mai 2020

Malgré l’amortisseur de l’activité partielle qui a connu une hausse vertigineuse en quelques semaines (plus de 12 millions de salariés en chômage partiel), le chômage a connu au mois de mars une progression très forte. Malheureusement cela va continuer à s’amplifier. Des licenciements massifs vont être déclarés si le gouvernement n’accentue pas les politiques préventives pour éviter cela.

Le 30 avril « France Stratégie » , qui est une institution auprès du Premier ministre, a publié une note analysant les impacts du confinement sur le travail, qui analyse les vulnérabilités des métiers suivant leur classement en 5 grands groupes.

France Stratégie estime qu’environ 8,5 millions de travailleurs (32% de l’emploi) se trouvent particulièrement exposés.

« Les métiers au temps du corona

À la mi-mars 2020, l’épidémie de Covid-19 a imposé un arrêt partiel ou total d’activités jugées « non essentielles », quand d’autres sont mobilisées face à l’urgence. Au-delà de sa dimension économique, cette crise a­cte aussi les conditions de vie et les conditions de travail, renforçant des vulnérabilités existantes et en générant de nouvelles. Cette note propose une typologie inédite des métiers dans la crise en cinq groupes.

Les métiers que l’on peut qualifier de « vulnérables de toujours » conjuguent une difficulté à travailler à distance et des statuts souvent précaires (un sur cinq exerce en CDD ou en intérim). Ces 4,2 millions de travailleurs, majoritairement des hommes, artisans et ouvriers de l’industrie et du bâtiment, sont traditionnellement confrontés à des conditions de vie et de travail difficiles.

Les « nouveaux vulnérables » (4,3 millions d’emplois) a­ffrontent une crise inédite liée à l’exercice même de leur métier qui les met en contact avec le public. Leurs activités sont ralenties, voire interdites, et leur statut les fragilise (31 % de contrats intermittents ou d’indépendants en solo). Dans ces métiers du transport, de l’hôtellerie-restauration, des services aux particuliers, de l’art, de la culture et du sport, la vulnérabilité financière se double d’une incertitude sur l’avenir.

Les 10,4 millions de professionnels directement ou indirectement sur le « front » sont ceux dont les activités apparaissent essentielles dans cette crise. Ce sont tous les métiers de la santé, de l’éducation, de la propreté, de l’alimentaire et de sa distribution, et les professions régaliennes. Peu fragilisés économiquement, ils n’en sont pas moins exposés à une vulnérabilité d’ordre sanitaire par leur contact direct avec le public pour les trois quarts d’entre eux. Parmi les plus mal rémunérées et davantage occupées par des femmes, ces professions sont exposées à une intensification du travail.

Quatrième groupe, les télétravailleurs sont exposés à un nouveau risque d’hyperconnectivité (3,9 millions d’emplois). Essentiellement occupées par des cadres, ces professions doivent, à distance, assurer la continuité du travail et préparer la reprise d’activité. Soumis d’ordinaire à une plus forte intensité du travail, ils voient leur charge mentale et les difficultés de conciliation avec la vie familiale renforcées par la crise. Enfin, nombre de professions intermédiaires ou d’employés qualifiés (4 millions d’emplois), le plus souvent en inactivité partielle, sont protégés du licenciement à court terme par leur statut. Mais leur difficulté à télétravailler les expose à des risques d’éloignement de la sphère professionnelle et de désocialisation. »

La note conclut :

«La sortie du confinement et la transition, parfois longue, vers une reprise d’activité totale ou partielle, n’ont pas la même signification pour tous les métiers. Sans préjuger des décisions que prendront les branches professionnelles et les partenaires sociaux ni des mesures en place ou qui seront prolongées pour préserver l’emploi des plus vulnérables, il est nécessaire d’attirer l’attention sur un traitement « différencié » des risques auxquels sont confrontés les métiers. Certains professionnels ont besoin à la fois de prévenir leur vulnérabilité économique et financière, d’autres sont en risque d’inadaptation des compétences ou de désocialisation, d’autres encore sont vulnérables sanitairement et psychiquement. Le burn-out peut toucher des professions très qualifiées et très peu qualifiées qui ont affronté la crise sanitaire en présentiel au contact de l’épidémie ou à distance pour en gérer les conséquences et la reprise de l’activité. Au-delà, les mesures de confinement pourraient avoir accéléré des transformations organisationnelles et la diffusion de technologies numériques qui nécessiteront des adaptations à la fois pour tenir compte des innovations, pour repositionner les tâches et les hiérarchies bouleversées par la distanciation sociale. La récurrence vraisemblable de crises majeures — sanitaires ou autres — imposera également des mesures durables d’hygiène et de sécurité qui transformeront les collectifs de travail et pourraient imposer de nouveaux modes de collaboration et d’organisation du travail. »

Mots-clefs : , , ,

Le commentaires sont fermés.