Assurer la sécurité ce n’est pas faire de la communication

Publié le 6 septembre 2020

Ce qui s’est passé fin août à Mistral, à partir de la publication d’un clip vidéo, est révélateur de la politique sécuritaire inefficace qui se développe en France. Les pouvoirs publics sont impuissants à endiguer les développements des mafias de la drogue et de l’économie parallèle qui se sont installées durablement dans certains territoires. Pour faire croire qu’ils agissent, ils compensent cette impuissance par des coups de mentons. Nous voilà revenu au temps de Sarkozy qui a détruit la police de proximité (celle qui jouait au foot avec les jeunes), et qui allait nettoyer les quartiers au karcher avec son fameux discours de 2010 concernant la Villeneuve. On a vu ce que cette politique a donné.

La réaction du ministre de l’intérieur, Darmanin, impose au préfet d’aller faire une contre-manifestation à Mistral, en ne se rendant même pas compte que la vidéo est un clip provocateur avec des armes factices et des bonbons en guise de drogue et pas une manifestation de force de dealers qui en général préfèrent la tranquillité pour développer leur commerce.

Le ministre a été incité à faire cette bêtise par les opposants à la mairie de Grenoble qui ne peuvent même plus prendre le temps de la réflexion, mais qui réagissent en critiquant le maire quoi qu’il arrive.

Pour s’enfoncer un peu plus, Darmanin a envoyé une lettre de remontrance au maire par un tweet, lettre contenant de nombreuses erreurs.

Le maire de Grenoble a bien réagi en dénonçant dès le départ des opérations de communication et a rappelé qu’avec les maires d’Echirolles et de Saint Martin d’Hères, ils continuaient à demander des renforts de police pour retrouver enfin le niveau des effectifs d’avant Sarkozy, ce qui serait la moindre des choses vu la détérioration de la situation.

Il a demandé au ministre de l’intérieur de le recevoir au lieu de lui envoyer des tweets politiciens, il sera enfin reçu le 21 septembre. Il y portera la voix des quartiers populaires stigmatisés par Sarkozy, Valls et maintenant Darmanin et demandera que soit défini une coopération efficace entre l’Etat et les communes pour la prévention comme pour la répression de la délinquance.

Pour sortir de cette situation ridicule, la police nationale a décidé d’ouvrir un bureau dans le quartier Mistral, où la directrice départementale de la sécurité publique de l’Isère viendra ainsi que son adjoint de temps en temps dans ce bureau. Mais la question est de savoir si cette implantation sera effectivement pérenne et utile ? Cela n’a pas tardé puisque ce local a été vandalisé. Comme quoi la reconquête républicaine doit se réfléchir un peu plus profondément.

La justice vient de mettre en examen, le jeune rappeur (mineur) qui avait tourné un clip vidéo à Mistral d’où ont été extrait les vidéos qui ont mis le pouvoir en émoi.

Il n’est pas inutile de rappeler quelques règles qui s’imposent en ce qui concerne les questions de sécurité, qui sont codifiées au code de la sécurité intérieur.

« La sécurité est un droit fondamental et l’une des conditions de l’exercice des libertés individuelles et collectives.
L’Etat a le devoir d’assurer la sécurité en veillant, sur l’ensemble du territoire de la République, à la défense des institutions et des intérêts nationaux, au respect des lois, au maintien de la paix et de l’ordre publics, à la protection des personnes et des biens.
Il associe à la politique de sécurité, dans le cadre de dispositifs locaux dont la structure est définie par voie réglementaire, les collectivités territoriales et les établissements publics de coopération intercommunale ainsi que les représentants des professions, des services et des associations confrontés aux manifestations de la délinquance ou œuvrant dans les domaines de la prévention, de la médiation, de la lutte contre l’exclusion ou de l’aide aux victimes. »
 (Article L111-1).

Et la loi rappelle que soit étendue partout une police de proximité (détruite par Sarkozy). Mais rien n’est fait.

« Constituent des orientations permanentes de la politique de sécurité publique :
1° L’extension à l’ensemble du territoire d’une police de proximité répondant aux attentes et aux besoins des personnes en matière de sécurité ;
2° Le renforcement de la coopération entre la police, la gendarmerie et la douane dans leur action en faveur de la sécurité ;
3° L’affectation en priorité des personnels de police à des missions concourant directement au maintien ou au renforcement de la sécurité.
(L111-2).

Sous réserve des pouvoirs de l’autorité judiciaire et dans le respect des compétences du représentant de l’Etat, des compétences d’action sociale confiées au département et des compétences des collectivités publiques, des établissements et des organismes intéressés, le maire anime, sur le territoire de la commune, la politique de prévention de la délinquance et en coordonne la mise en œuvre. A cette fin, il peut convenir avec l’Etat ou les autres personnes morales intéressées des modalités nécessaires à la mise en œuvre des actions de prévention de la délinquance. » (L132-4).

Mais attention les pouvoirs de répression du maire sont très limités : juste un rappel à la loi…. Donc inutile de vouloir jouer les shérifs comme le rêve l’ex-maire corrompu Carignon, ce ne serait que de la pure agitation.

« Lorsque des faits sont susceptibles de porter atteinte au bon ordre, à la sûreté, à la sécurité ou à la salubrité publiques, le maire ou son représentant… peut procéder verbalement à l’endroit de leur auteur au rappel des dispositions qui s’imposent à celui-ci pour se conformer à l’ordre et à la tranquillité publics, le cas échéant en le convoquant en mairie.
Le rappel à l’ordre d’un mineur intervient, sauf impossibilité, en présence de ses parents, de ses représentants légaux ou, à défaut, d’une personne exerçant une responsabilité éducative à l’égard de ce mineur. »
(L132-7).

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