L’OFCE propose de doubler le plan de relance…

Publié le 29 janvier 2021

Le 27 janvier 2021, M. Ragot président de l’OFCE (Observatoire français des conjonctures économiques) publie dans le n°84 de la revue « Policy brief » un article intitulé : « Plus ou moins de dette publique en France ? » où il avance que le plan de relance français pourrait être doublé vu que la dette ne coûte plus grand-chose avec les taux d’intérêts négatifs actuels. Il estime tout à fait possible économiquement que la France investisse 100 milliards d’euros supplémentaires pour les 10 ans à venir et que le seul blocage à cette initiative est son acceptabilité politique, sociale, européenne, et non sa faisabilité économique.

« L’objet de ce Policy brief est de présenter une estimation de l’espace budgétaire pour un nouveau plan de relance en France, en tirant toutes les conséquences de l’environnement de taux d’intérêt faibles.

  • Les taux négatifs doivent amener à mesurer différemment la dette publique, de manière complémentaire à la mesure dite « maastrichienne ». Une mesure alternative du coût de la dette doit tenir compte de la faiblesse des taux d’intérêt et du rachat de la dette publique par les banques centrales.
  • Il existe une confusion dommageable dans le débat public sur les effets redistributifs de la dette publique. Celle-ci est d’abord une redistribution au sein de chaque génération. Une hausse de la dette publique n’est pas un endettement envers les générations futures.
  • La faiblesse des taux d’intérêt provient d’une hausse du taux d’épargne mondial, dont on ne voit pas de facteurs de baisse à moyen terme. La crise de la Covid-19, qui a accru l’épargne des Français de 89 milliards en 2020, va accroître l’excès d’épargne par rapport à l’investissement.
  • La chute des taux d’intérêt réels depuis plusieurs années montre un accroissement de la demande de dettes publiques supérieur à l’offre. Cette pénurie de dettes publiques n’est pas compensée par une hausse d’endettement net privé. Nous vivons une pénurie de supports d’épargne sûrs.
  • Une estimation prudente aboutit à un espace fiscal de 5 points de PIB, soit de l’ordre de 100 milliards pour un plan de relance additionnel. L’espace budgétaire est construit à partir d’un montant prudent du service de la dette ne représentant pas plus de 2 points de PIB, et d’un taux d’intérêt apparent sur les dettes publiques inférieur à 1 %.
  • La gestion des risques de remontée des taux, de crises futures, ainsi que le cadre européen devraient conduire à favoriser l’investissement public dans la définition d’un nouveau plan de relance.
  • Ce plan de relance doit être compris comme complémentaire du plan de relance européen et accompagné d’une mutualisation européenne possible d’une partie de la dette publique héritée de la crise de la Covid-19.
  • Enfin, cette estimation montre que le contexte de taux bas fournit des marges de manœuvre budgétaire conséquentes et que l’annulation de la dette publique détenue par les banques centrales pourrait nous priver de cet environnement par la perte de confiance qu’elle pourrait susciter. »

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