Six mesures d’urgences pour l’emploi et contre la pauvreté

Publié le 14 mai 2021

Une étude de l’OFCE (Observatoire français des conjonctures économique) propose six mesures d’urgence pour l’emploi et contre la pauvreté, notamment en direction des jeunes. Car malgré le rebond attendu de l’activité et la mise en œuvre de mesures exceptionnelles pour l’emploi, il faut anticiper une hausse significative du chômage. Ce qui induira une hausse de la pauvreté globale notamment chez les jeunes.

A noter, que pour lutter contre la précarité des jeunes âgés de 18 à 25 ans, l’association d’élus France urbaine propose au gouvernement 4 expérimentations : Privilégier l’accès aux biens et services essentiels contre la précarité. Ouvrir un droit universel à l’accompagnement vers l’emploi. Accompagner l’universalisation de la Garantie jeunes. Créer un revenu de solidarité jeunesse.

Voici les six mesures d’urgence proposées par les rédacteurs de la note de l’OFCE ; elles coûteront environ 26 milliards d’euros chaque année.

« Trois mesures non ciblées sur les jeunes :

  1. Reporter la baisse du taux de prise en charge de l’activité partielle par l’État et l’Unedic à la fin de la crise sanitaire permettrait de préserver un maximum d’emplois en 2021. Au cours de l’années 2020, à l’instar d’un grand nombre de pays européens, la France a utilisé l’activité partielle comme principal instrument de sauvegarde de l’emploi face à la pandémie de la Covid-19. En préservant le capital humain dans les entreprises ainsi que le revenu des salariés et en socialisant son coût, ce dispositif était parfaitement adapté à la situation rencontrée l’année dernière et favorisera une reprise de l’activité une fois les mesures prophylactiques levées. Or il est prévu une baisse des taux de prise en charge de l’activité partielle à compter du 1er juillet 2021 (dès le 1er mai pour les secteurs non protégés). Nous estimons à 13,5 milliards d’euros le montant nécessaire à la prise en charge de l’indemnisation de l’activité partielle par l’État et l’Unedic en 2021 si le dispositif est maintenu dans ses contours actuels et à prévision d’emploi inchangée. Mais baisser le taux de prise en charge alors que les mesures prophylactiques ne sont pas toutes levées pourrait se traduire par des destructions d’emplois en 2021. Certes, si ce dispositif est parfaitement adapté à une période courte en temps de crise, son maintien pendant une période longue et dans tous les secteurs y compris dans ceux qui connaissent une nette amélioration de leur conjoncture pourrait engendrer des effets plus négatifs (effet d’aubaine, mauvaise réallocation de la main-d’œuvre…). En outre, si le dispositif d’aide à la formation du Fonds national de l’emploi – FNE-Formation – a été renforcé afin d’accompagner les entreprises en activité partielle, le maintien pendant une période longue de l’activité partielle peut entraîner une déqualification d’une partie de la main-d’œuvre ou ralentir le parcours des salariés désireux de se reconvertir. Si le maintien dans l’emploi est assuré par l’activité partielle, ce statut peut enrayer l’accès à une formation qualifiante ou la mise en place de mesures d’accompagnement par rapport au statut de demandeur d’emploi. Autoriser l’accès des salariés en activité partielle à l’accompagnement proposé par Pole Emploi pour les demandeurs d’emploi de catégorie D ou E permettrait de répondre en partie à cette potentielle demande d’accompagnement.
  2. Mettre en place un moratoire sur la réforme de l’Assurance chômage tant que la situation sur le marché du travail n’est pas revenue à son niveau qui prévalait avant la crise (taux de chômage à 7% ou difficultés de recrutement à leur niveau de 2019).
  3. Prévoir une enveloppe de contrats aidés additionnels pour les personnes de plus de 25 ans ayant perdu leur emploi en 2020. L’idée que, durant cette crise économique, l’État puisse devenir « Employeur en dernier ressort » permettrait d’éviter toute augmentation du chômage qui laisserait des traces durables dans l’économie. Sur la base de notre dernière prévision, cela correspond à la création de 500 000 emplois aidés fin 2021 à déployer dans le secteur du CARE notamment (soutien scolaire, portage de repas à domicile pour les personnes âgées, logistique de la gestion de l’épidémie, …). Ces 500 000 contrats aidés à temps plein pris en charge à 50% par l’État (soit un coût annuel par contrat de 9 328 euros) représenteraient un coût annuel de 4,7 milliards d’euros.

Le coût total de ces 3 mesures s’élèverait à près de 18,5 milliards d’euros annuel (0,8% du PIB).

Trois mesures ciblées pour les jeunes

  1. Pour les jeunes appartenant à la catégorie 1, nous proposons de renforcer le plan « 1 jeune 1 solution ». Le plan actuel offre 1,3 million de « solutions » ciblées sur les jeunes de moins de 26 ans, pour un afflux cumulé de 1,5 million de jeunes sur 2020-2021. Pour faire face à cet afflux arrivant sur le marché du travail ou tombant dans l’inactivité en 2021, nous proposons une augmentation de 200 000 du volume de contrats aidés PEC ciblés sur les moins de 26 ans, pour un coût de 2,5 milliards d’euros annuels. Un premier pas a déjà été fait en augmentant les entrées prévues dans le dispositif de la Garantie Jeunes en 2021 et en repoussant la fin des aides à l’embauche de jeunes de moins de 26 ans, mais cela ne garantit pas une solution aux 1,5 million de jeunes arrivant sur le marché du travail en 2020 et 2021. Ce plan pourra ainsi faire davantage de place aux emplois aidés pour « les jeunes décrocheurs » : en France, environ 140 000 jeunes sortent chaque année du système scolaire sans formation ni qualification et viennent alourdir le nombre de « décrocheurs sans emploi ne suivant ni études ni formation ». Cette catégorie, désignée par l’acronyme NEET, représente près de 2 millions de jeunes dont la moitié serait sans aucun diplôme: si l’on veut réellement le combattre, il est urgent de mettre en place une stratégie dans laquelle les emplois aidés ont un rôle important à court terme : ce dispositif des emplois aidés doit être ciblé sur les personnes les plus en difficulté (NEET), ce qui permettra de réduire les effets d’aubaine, de diminuer les effets d’enfermement dans ce type de contrat et d’augmenter les gains d’employabilité. Par ailleurs, ces contrats doivent être d’une durée longue (au moins 2 ans), dans le secteur non marchand, être associés à un volet de formation important, ciblés sur un métier d’avenir et peu éloignés des emplois auxquels le bénéficiaire est susceptible de postuler ultérieurement. En effet, une étude de terrain menée en 2017 a mis en avant l’intérêt des chefs d’entreprises du secteur privé pour des jeunes ayant effectué une formation certifiante dans un contrat aidé dans le secteur non marchand.
  2. Pour les jeunes appartenant à la catégorie 2, nous proposons de leur verser une aide temporaire allant jusqu’à 560 euros par mois (435 000 jeunes au maximum). Cette aide interviendrait en complément des revenus que certains pourraient toucher via les plans d’accompagnement vers l’emploi. Elle nous paraît nécessaire au minimum tant que la situation sur le marché du travail n’est pas revenue à son niveau qui prévalait avant la crise. Le coût maximum de cette mesure s’élèverait ainsi à 240 millions d’euros par mois au maximum.
  3. Pour les jeunes appartenant à la catégorie 3, nous proposons de leur verser une aide temporaire allant jusqu’à 560 euros par mois (250 000 jeunes). Cette aide interviendrait en complément des prestations d’allocation chômage dont ils pourraient bénéficier. Le coût estimé approche 140 millions d’euros par versement au maximum. Ce versement devrait intervenir mensuellement tant que la situation sur le marché du travail n’est pas revenue à son niveau qui prévalait avant la crise.

Le coût total de ces 3 mesures s’élèverait au maximum à 7 milliards d’euros annuel (0,3% du PIB).

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