Lycée Mounier, court rappel de la lutte qui a sauvé le lycée

Publié le 3 septembre 2021

Au moment de la rentrée scolaire au lycée Mounier qui s’ouvre à la vue depuis l’avenue Marcelin Berthelot avec la destruction d’une partie des bâtiments historiques, on doit rappeler que ce lycée a failli disparaitre. C’est en novembre 2020 que les élèves sont entrés dans les nouveaux bâtiments ; il reste encore à construire le Clept, l’internat, le stade et à réhabiliter le gymnase. La fin des travaux interviendrait en 2023, le chantier a pris au moins deux années de retard, suite notamment à un arrêt dû à l’arrivée de L. Wauquiez à la Région.

Il faut rappeler la lutte exemplaire qui a sauvé ce lycée de la destruction, alors que le Président de la Région (PS), le Recteur d’Académie et le maire de Grenoble Michel Destot (PS), s’étaient mis d’accord pour fermer définitivement le lycée, en essayant de faire croire que les bâtiments risquaient de s’écrouler et qui ont tout fait pour arriver à leurs fins. Cette lutte exemplaire a beaucoup pesé lors de l’élection municipale de 2014 à Grenoble.

La lutte a regroupé des professeurs, des personnels du lycée, des parents d’élèves, des élèves, des anciens élèves et de nombreux soutiens en particulier d’élu-es écologistes à la ville et à la Région qui ont été en première ligne. L’ADES y a participé activement en apportant une aide précieuse pour aider aux recours auprès de la justice administrative, recours qui ont grippé et bloqués les volontés destructrices du Recteur, du Président de la Région et du maire de Grenoble.

Toutes ces énergies ont été regroupées dans le collectif Mounier qui n’a jamais cessé de croire en la victoire finale. Il aura fallu plus de 3 ans d’une mobilisation sans faille pour que fin 2013 l’Assemblée régionale Rhône-Alpes vote enfin une délibération validant le choix de la maîtrise d’œuvre pour la «déconstruction-reconstruction» du lycée Mounier au même endroit.

Voici quelques rappels de cette histoire :

La reconstruction sur place du lycée Mounier avait été actée des années auparavant par le Conseil régional et pour ce faire des crédits avaient été votés. A la surprise générale, mi-janvier 2010, le Président de la région (JJ. Queyranne PS) décide d’ajourner subitement et sans concertation la tenue du jury d’architecte prévue le 12 Février 2010.

Le Président prend un arrêté qui précise : « la consultation portant sur le choix d’un maître d’œuvre pour la restructuration du lycée Emmanuel Mounier à Grenoble (Isère), est déclarée sans suite pour motif d’intérêt général, en raison de la modification du besoin. »

Au Conseil d’administration du lycée, les raisons données pour cette décision sont la mise à l’étude de l’intégration d’un internat d’excellence et aussi le projet de lycée scientifique impulsé par le Maire de Grenoble (M. Destot PS). Où l’on constate que le maire de Grenoble est bien intervenu pour commencer à bloquer le projet de reconstruction sur le site.

Subitement, en septembre 2010, le Président de la région et le recteur décident de fermer définitivement le lycée au motif, paraît-il, que des parties des bâtiments menaceraient de s’écrouler. Ainsi il y aurait eu subitement une accélération brutale des désordres dans les structures des bâtiments. Immédiatement le maire de Grenoble et ses adjoints (dont O. Noblecourt) emboîtent le pas et soutiennent le Président de la région, au motif que les questions de sécurité ne se discutent pas. Mais encore faudrait-il que la menace soit réelle.

Les personnels du lycée ainsi que les élèves et les parents d’élèves qui connaissent bien leur établissement sont effarés par ces décisions qu’ils jugent infondées.

Un enseignant du lycée curieux de connaître la genèse de l’histoire, a demandé au Président de la région les documents qui avaient fondé sa décision de fermeture et notamment les documents techniques démontrant que les désordres auraient subitement augmentés au cours de l’année scolaire 2009/2010.

Après un refus de communication, l’enseignant a déposé un recours au tribunal administratif de Lyon pour obtenir ces documents. La région a fourni des documents mais dans aucun d’eux ne figure cette fameuse augmentation des désordres. C’est la démonstration qu’il y a eu manipulation politique sur ce dossier.

Un moment important de la lutte, les jugements du tribunal administratif porté d’abord par une parent d’élève puis par Pierre Mériaux élu écologiste à la Région, qui obtiennent notamment les annulations des décisions du Recteur, de l’Inspectrice d’académie et du Président de la Région

Nous écrivions le 25 novembre 2011 :

« Victoire contre l’arbitraire.

 Voilà encore une leçon de Grenoble !  Le tribunal administratif de Grenoble vient de sanctionner vigoureusement le Président de la Région qui n’avait pas le droit de décider la diminution de capacité du lycée Mounier et de fermer des bâtiments. Il sanctionne le Recteur de l’Académie qui n’avait pas le droit de changer la zone de desserte du lycée. Il sanctionne l’Inspectrice d’Académie qui n’avait pas le droit de limiter à 105 le nombre d’élèves en seconde au lycée pour la rentrée 2010-2011. Il sanctionne les autorités académiques pour avoir refusé d’accepter la demande de dérogation d’inscription d’un élève en seconde…

Quel gâchis ! Heureusement que la mobilisation a été exemplaire, car sûrs de leur bon droit « les Mounier » n’ont jamais baissé les bras.

L’ADES, qui a beaucoup aidé pour les recours, se félicite de cette victoire du droit sur l’arbitraire.

Maintenant il faut vite réparer tous les dégâts commis. »

Mais le Recteur, le Président de la Région qui sont d’éminents spécialistes du droit administratif refusent la décision de justice et le ministère de l’éducation nationale fait appel du jugement qui sera pourtant validé par la Cour administrative d’appel de Lyon, car le Président de la Région se voit refuser de faire appel car il n’est pas mandaté par le Conseil Régional !

Nous écrivions : « En juin 2012, comme attendu, la Cour Administrative d’Appel de Lyon a donc estimé qu’en annulant tous les actes du Président de Région et des autorités académiques, le Tribunal administratif de Grenoble avait bien jugé le dossier Mounier. Donc en toute logique la situation aurait dû revenir à celle de la rentrée 2010 avec le retour du collège Münch en totalité dans le district du lycée. Eh bien non ! Toute cette affaire, montée de toutes pièces avait pour but de rayer le lycée Mounier de la carte. Ils étaient quelques-uns à penser que Grenoble comptait un lycée de trop, le maire, lui, rêvait d’un lycée d’”excellence” quelque part dans le secteur Flaubert… La victime était toute trouvée. Malheureusement pour nos décideurs, la mobilisation intense des élèves, des parents d’élèves, des personnels et des enseignants, soutenus par les élus écologistes à la ville et à la région, en a décidé autrement, Mounier continuera même si la solution actuelle (espérons non définitive) à 4 secondes et sans BTS, n’est pas satisfaisante.

Le Collectif Mounier demande à tous les élus représentant les citoyens de Grenoble et sa région de soutenir sa demande d’audience auprès du ministre de l’éducation nationale afin de trouver une issue à ce conflit qui n’a que trop duré ! Le silence persistant de Mme Fioraso face aux demandes d’intervention auprès de son collègue Mr Peillon (qui n’a toujours pas ordonné au recteur de stopper ses mauvaises actions…) est assez “lourd” ! »

Après de nombreux soubresauts, le Collectif Mounier gagne, le lycée va être reconstruit sur place, même s’il ne retrouve pas l’ensemble de ses enseignements d’avant la crise qui a failli l’emporter.

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