
Pour comprendre ce qui se passe actuellement dans la mise en place du nouveau gouvernement Barnier, il faut revenir aux leçons données par les résultats des élections législatives.
Première leçon, la lourde défaite du macronisme dont les représentants sont maintenant très divisés et n’entendent plus être les godillots du président.
Deuxième leçon, le rejet net de l’extrême droite lors du second tour par la mise en place du front républicain.
Troisième leçon, la fracturation en trois blocs de l’Assemblée Nationale avec le Nouveau Front Populaire (NFP) en tête devant le RN, le bloc macroniste et la droite qui vient d’obtenir le poste de premier ministre tout en étant très minoritaire.
La nomination de Michel Barnier, permet de faire une politique à la fois en continuation du macronisme tout en se rapprochant des thèses du RN, afin que ce dernier ne s’associe pas tout de suite aux motions de censure du NFP.
Le jour où le RN votera une motion de censure du NFP, le gouvernement tombera. Ceci peut arriver à tout moment car les député-es NFP déposeront des motions de censure chaque fois que le gouvernement fera voter une loi marquée à droite, comme ce sera probablement le cas pour le prochain budget.
Le RN tient la survie de ce gouvernement dans sa main. Il choisira le moment qui lui conviendra le mieux. D’où la nécessité politique pour Barnier de coller au mieux aux priorités politiques du RN, ce qui ne lui posera pas de problème particulier ayant démontré sur de nombreux sujets qu’il en était proche en particulier sur l’immigration et la sécurité. Cela illustre ainsi la dérive vers l’extrême droite de l’échiquier politique, notamment pour le « centre » et la droite qui ne méritent plus l’appellation de « républicains » (voir notamment les travaux de l’historien Johann Chapoutot à ce propos : « l’extrême centre s’allie toujours à l’extrême droite » ).
Il n’est pas impossible que dans le bloc macroniste il y ait des défections importantes sur des lois trop marquées à l’extrême droite, chaque député-e pensera à sa future élection, possiblement en juin 2025. C’est donc l’abandon du front républicain qu’a choisi Macron et en nommant Barnier, il déploie le tapis rouge pour l’extrême droite. Y a-t-il une majorité à l’Assemblée qui soit d’accord avec cela ?
Mots-clefs : gouvernement, Lutte contre l'extrême-droite