Un peu d’histoire de la corruption à Grenoble

Publié le 1 avril 2016

balance justiceUn des protagonistes important de la vente du service de l’eau en 1989 par le maire corrompu (A. Carignon) à La Lyonnaise des Eaux vient de décéder. JJ. Prompsy a été le fusible de ce grand groupe pour empêcher son PDG (Jérôme Monod) d’être pris dans la tourmente. Le tribunal correctionnel de Lyon s’était interrogé sur le rôle de J. Monod : « Jean-Jacques Prompsy n’est-il que l’exécutant d’une politique de corruption définie à un autre niveau par la Lyonnaise ? Est-il corrupteur unique au sein de la Lyonnaise ? ». J. Monod ancien secrétaire national du RPR et proche collaborateur de J. Chirac a échappé de peu à la justice, car son subordonné ne l’a pas mis en cause.

En prison à la Santé JJ. Prompsy commença à écrire un roman autobiographique « La Cour des Cadres », où était décrit avec forces détails des épisodes d’une affaire de corruption, où tous les acteurs étaient présentés avec des noms inventés, mais qui est calquée exactement sur ce qui s’est passé à Grenoble. Il a aussi écrit en 2007 le « Traité des corruptions ou les pratiques incorrectes des entreprises ».

Dans le rapport 2005 du SCPC (Service central de prévention de la corruption), le chapitre V est consacré à : « La complicité des cadres : les mécanismes psychosociologiques à l’œuvre dans le passage à l’acte de délinquance d’affaires par les salariés au sein des organisations » »

On y lit : « En 2005, le SCPC a demandé à Anne Sachet-Milliat, professeur de management et d’éthique des affaires à l’Institut supérieur du commerce de Paris et docteur en sciences de gestion de l’université de Paris Dauphine, de décrire les procédés mis en œuvre par certains dirigeants d’entreprise ou l’entourage professionnel pour obtenir la complicité de leurs cadres pour commettre des délits financiers. »

L’auteure utilise de livre de JJ. Prompsy « La Cour des Cadres » pour expliciter son propos (page 206) : « L’ascension, au sein d’un groupe de service aux collectivités, de François Pierron, héros de La cour des cadres, roman en grande partie autobiographique écrit par Jean-Jacques Prompsy (2000), ancien responsable commercial et des ressources humaines de la Lyonnaise des Eaux, condamné pour corruption et abus de bien sociaux dans les affaires Urba et Carignon, illustre très bien les techniques manipulatoires qui peuvent être utilisées par le comité de direction pour conduire un cadre dirigeant à coopérer à la corruption. François Pierron ne fait pas l’objet de pressions directes de la part du président et des autres membres du comité exécutif pour corrompre les élus locaux, afin d’obtenir des délégations de service public. Il semble librement consentant car pris dans un système où la concurrence forte justifie ce type de pratiques, et aimant en outre remporter des marchés et obtenir des promotions. Le président du groupe joue sur l’ambivalence de sa personnalité en instaurant un climat monarchique de forte pression sur ses salariés tout en ayant des préoccupations éthiques dans d’autres domaines, comme l’aide apportée aux jeunes des quartiers défavorisés. Les membres du comité de direction mêlent, quant à eux, les registres du travail et de l’amitié pour obtenir la complicité du directeur commercial. »

Pour lire ce rapport, cliquez ici.

Dans « La Cour des Cadres » il y a de nombreuses descriptions de ce qui s’est passé dans le dossier grenoblois de l’eau. Notamment les déclarations de l’avocat de la ville de Durville (alias Grenoble) à F. Pierron (alias Prompsy) au moment du procès qui lui explique : « Vous savez que nous demandons cent millions de dommages et intérêts. Mais ne vous inquiétez pas, je n’ai pas d’illusion nous ne serons pas suivis… il faut que vous sachiez que je suis en très bon terme avec le nouveau maire. Il ne veut aucun mal à la SFES (alias la Lyonnaise des Eaux) dont il apprécie les prestations. Je pourrais peut-être organiser une rencontre, discrètement bien entendu, à mon cabinet par exemple, pour trouver une solution au conflit qui vous oppose ».

Effectivement la défense de la mairie dirigée par M. Destot a été des plus molles lors du procès de Lyon et la ville n’a pas été suivie par le tribunal.

Pour avoir un rapide rappel de la gestion de la ville par le corrompu entre 1983 et 1995, lire la brochure éditée par l’ADES.

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