Les conservateurs ont défilé lundi 5 décembre

Publié le 9 décembre 2016

GrenobleDes commerçants du centre-ville mécontents des décisions de la Métro sur le projet « cœurs de villes, cœurs de métropole » ont manifesté lundi 5 décembre, accompagnés des politiques des différentes oppositions et même certains du PS pourtant dans la majorité métropolitaine. Certains maraichers ont aussi protesté contre le nouveau règlement des marchés. L’ancien règlement datant de 1984, il était urgent de le revoir et la mairie l’a élaboré suite à une concertation qui a duré deux ans. Pour les conservateurs, pour vivre heureux, il ne faudrait rien changer.

En ce qui concerne le nouveau règlement des marchés, voir l’article ici.

Le projet « Cœurs de villes, cœurs de métropole » a été décidé par la majorité de la Métro, en janvier 2016 et de nombreuses actions d’informations et de concertation ont eu lieu, les calendriers ont été clairement exposés et les décisions vont être prises afin que les réalisations se réalisent rapidement. Le président du SMTC a déclaré : « A ceux qui demandent encore plus de concertation, je rappelle qu’elle a eu lieu et qu’elle a duré un an, mais qu’on reste ouvert au dialogue. Et même si la concertation règlementaire est terminée, l’année 2017 sera consacrée à affiner le projet, secteur par secteur. On va encore discuter, on peut entendre les propositions des uns et des autres. »

Il y a eu 533 contributions sur ce projet et le détail peut être consulté sur ce site.

Les oppositions de certains commerçants à la piétonisation et à la diminution des accès en voiture sont classiques et l’histoire récente de la ville est instructive : les décisions des majorités successives depuis environ un demi-siècle sur les piétonisations des rues de l’hyper-centre ont toujours été contestées de manière virulente par certains commerçants sur le thème : ce sera la destruction des commerces.

Les mêmes positions sur les limitations de circulation automobile (exemples ligne de tram A dans l’hypercentre et la ligne de tram C) ou du stationnement se répètent à l’identique.

On peut rappeler que M. Carignon dont l’électorat était très opposé au tram avait eu l’habileté de mettre dans son programme (de 1983) que la réalisation du tram sera soumise à un référendum local. Grâce à la mobilisation des pro-tram, 30 000 Grenoblois votent et 53 % des votants ont dit oui au tram. Rappelons que le PS avait appelé au boycott du référendum en appelant à s’abstenir. Les oppositions au tram craignaient que la diminution des capacités des voiries pour les automobiles paralyse la circulation en ville.

Or la création de zones piétonnes a toujours permis un dynamisme commercial démentant les analyses des manifestants. Nous avons démontré dans de nombreux articles que la crise des commerces de centre-ville n’avait rien à voir avec l’extension des rues piétonnes ou la modération du trafic automobile. Cette crise est présente partout qu’il y ait ou non des restrictions de la circulation automobile et que les centres-villes des métropoles résistaient beaucoup mieux que ceux des villes petites ou moyenne.

Un ancien rapport de mai 1980 aux ministères de l’environnement et des transports traite des effets induits des zones piétonnes dans les villes s’appuyant sur les exemples dans quatre villes dont Grenoble. Déjà les études de l’époque montrent que les analyses des commerçants conservateurs sont fausses.

« L’amélioration de la qualité et du confort des rues est l’un des effets incontestés de la piétonisation. L’impression que le citadin récupère le cœur de sa ville retrouvée, libérée, est très fortement ressentie. Les aspects qualitatifs, visuels, esthétiques prennent une importance nouvelle et accrue. Ce confort et le renouveau du commerce font des rues piétonnes le lieu privilégié de la promenade, du lèche-vitrine, des rencontres et des échanges dans la rue. La fonction purement utilitaire de consommation ou de circulation s’enrichit et se complète par une fonction distractive et ludique…

La piétonisation contribue à mettre en valeur le commerce des rues les plus attractives, elle crée souvent de nouveaux espaces commerciaux, dans les rues piétonnes ainsi que dans les rues adjacentes. Le volume des ventes et le chiffre d’affaires est sensiblement en augmentation, de l’ordre de 30 % en moyenne, selon l’estimation des organisations commerciales »

Autre exemple, l’implantation de la ligne de tram C sur les grands Boulevards a donné lieu à des positions tranchées expliquant que diminuer de manière très importante la circulation sur cette artère vitale allait entrainer la thrombose de l’agglomération si le tunnel sous la Bastille n’était pas fait. Les raisonnements étaient simplistes, ils supposaient que les automobilistes ne changent pas de comportement. Or toute l’histoire récente montre que de moins en moins de Grenoblois utilisent la voiture et que les parts des autres modes de déplacements augmentent de manière continue.

Il n’y a aucune raison objective que cela change et les simulations de circulation faites pour le nouveau projet tiennent compte de cette réalité et démontrent que le projet est tenable.

Les commerçants qui manifestent (ils ne sont pas très nombreux) se trompent de combat et ils seraient plus efficaces s’ils acceptaient le cadre général fixé par la délibération du 29 janvier 2016 à la Métro, au lieu de mener des combats d’arrière-garde. Imaginons que les commerçants aient été écoutés en 1968 contre la piétonisation de la Place Grenette et sans les lignes de tram, on serait tous morts asphyxiés !

Rappel du contenu de la délibération de la Métro de janvier 2016 à propos de la concertation :

« Comme la délibération-cadre sur la participation citoyenne adoptée le 6 novembre 2015 le prévoit, la Métropole souhaite organiser une large concertation des habitants et usagers sur ce projet d’envergure métropolitaine, au-delà de la concertation réglementaire et souhaite intégrer les différents points de vue dans l’élaboration du projet. Il est ainsi prévu de toucher et travailler avec plusieurs cercles d’acteurs de la vie locale, d’usagers et d’habitants : les associations, les commerçants, les usagers en transit en voiture, en transports en commun, les cyclistes, les piétons, les habitants des espaces impactés, etc. Les différents axes du projet pourront être abordés en concertation : les conditions de dynamisation du commerce en centre-ville, l’élargissement et la requalification du centre-ville, l’accès au cœur de ville, l’apaisement des espaces, et l’aménagement plus spécifique de l’espace public sur Rey-Agutte Sembat-Lyautey.

Quatre temps forts de concertation sont envisagés pour ce projet :

  1. Etape 0 (janvier-mars 2016) : rencontres avec les acteurs de la vie locale,
  2. 1ère étape de concertation (printemps 2016) : aller à la rencontre des habitants sur les thèmes « Circuler, habiter, faire ses courses dans le centre-ville réaménagé de Grenoble » pour interroger les conditions d’usage et d’évolution des espaces publics,
  3. 2ème étape de concertation dans la foulée, sur la base de différents scénarios et des orientations et fonctionnalités selon les espaces
  4. 3ème étape de concertation (en 2017) : installations éphémères – tests d’usages Le temps de la concertation réglementaire sera intégré dans ces phases et fera l’objet d’une délibération spécifique lors d’un prochain Conseil métropolitain »

Et le calendrier était précisé :

« La Métropole, le SMTC et la Ville de Grenoble souhaitent mener ce projet selon le calendrier suivant :

Avril 2016 : Rendu final des études préalables ;

Printemps-été 2016 : Concertation, notamment réglementaire, sur le projet ;

Automne 2016 : Arrêt du programme définitif de l’opération ;

2017 : études de maîtrise d’œuvre ;

2018-2019 : réalisation des travaux ;

1er semestre 2019 : mise en service »

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