Tremblement de terre du 11 novembre au Teil

Publié le 15 novembre 2019

Le 11 novembre s’est produit un tremblement de terre de magnitude 5,4 près du Teil à la limite de l’Ardèche et de la Drome. Cette magnitude est importante et il y a eu de nombreux dégâts et des blessés. Les réacteurs de la centrale nucléaire de Cruas, situés à 13 km de l’épicentre, ont été mis à l’arrêt pour vérifications. Cette magnitude de 5,4 dépasse celle prise pour la construction de la centrale nucléaire de Cruas qui est conçue pour résister à un séisme de seulement 5,2 dont l’épicentre serait sous la centrale. Il faudrait réévaluer la capacité de la centrale à résister à un séisme de cette intensité. Voir ci-dessous la réaction de Michèle Rivasi, députée européenne, à ce sujet.

A noter que dans le nouveau zonage sismique de 2011 (qui est règlementaire pour les règles de construction antisismiques), le Teil n’est pas dans la zone où le risque est le plus important comme à Grenoble. Cet évènement est un rappel de l’importance du risque sismique dans notre région. Avant 2011, Grenoble était classée en aléa sismique 3, depuis l’aléa a été réhaussé au niveau 4, niveau le plus important en France.

Le séisme le plus destructeur dans la région grenobloise a été celui de Corrençon-en-Vercors en 1962, de magnitude 5,3.

Il est utile de se rappeler des bons réflexes à avoir en cas de séisme comme indiqué par l’Institut des Risques Majeurs de Grenoble.

« L’alerte : Le séisme est un risque où il n’y a pas d’alerte possible.

Avant :

  • Repérer les points de coupure du gaz, eau, électricité
  • Préparer un plan de regroupement familial

Pendant : Rester où l’on est :

  • A l’intérieur : Se mettre près d’un mur, d’une colonne porteuse, ou sous des meubles solides. S’éloigner des fenêtres
  • A l’extérieur : Ne pas rester sous des fils électriques ou sous ce qui peut s’effondrer (ponts, corniches, toitures, cheminées …). S’éloigner des bâtiments
  • En voiture : S’arrêter et ne pas descendre avant la fin des secousses.

Après :

  • Après la première secousse, se méfier des répliques : il peut y avoir d’autres secousses
  • Sortir rapidement du bâtiment. Si possible, couper l’eau, l’électricité, le gaz.
  • Ne pas prendre les ascenseurs pour quitter un immeuble
  • Ne pas allumer de flamme
  • S’éloigner des zones côtières ou des abords de lacs, en raison d’éventuels « raz-de-marée »

Carte représentant le nouveau et l’ancien zonage sismique de la région Rhône-Alpes :

Un rapport du CGEDD concernant le risque sismique à Nice vient d’être publié et il fait des recommandations qui pourraient être étendues à d’autres territoires qui présentent le même degré de risque :

Voici la réaction de Michèle Rivasi, députée écologiste du Parlement européen et co-fondatrice de la CRIIRAD :
 
« C’est le plus important séisme de l’histoire de la Vallée du Rhône
Le séisme de ce lundi est supérieur au « séisme majoré de sécurité » et donc le plus important dans l’histoire des séismes enregistrés.  En effet, le « séisme majoré de sécurité » est supérieur au séisme maximal historiquement vraisemblable qui est censé se produire tous les 1000 ans en moyenne. Il se base sur le tremblement de terre le plus intense de mémoire d’homme jamais recensé dans la région. Celui-ci s’est produit le 8 août 1873 avec une magnitude de 4,7 sur l’échelle de Richter. L’épicentre se situait à Châteauneuf-du-Rhône (Drôme) à 13 kilomètres de la centrale nucléaire du Tricastin.
 
Cet événement naturel nous rappelle les risques nucléaires
Il a fallu l’accident nucléaire de Fukushima pour que les normes de sûreté soient renforcées. Elles ont notamment conduit l’ASN (Autorité de sûreté nucléaire) en 2017 a ordonné à EDF d’arrêter la centrale nucléaire du Tricastin en raison d’un risque de rupture d’une portion de la digue du canal du Rhône en cas de séisme et car EDF trainait à faire les travaux. EDF a réalisé en trois mois des renforcements de la portion de la digue concernée pour assurer la résistance au séisme majoré de sécurité. Mais le 25 juin 2018, l’ASN a de nouveau demandé un renforcement complémentaire de la digue du canal de Donzère-Mondragon et une surveillance accrue. EDF doit effectuer des travaux au plus tard fin 2022. Le rapport de 2018 de l’ASN montre que l’analyse des conséquences potentielles d’une rupture de la digue a été menée de manière tardive et sommaire. La négligence d’EDF a ainsi duré 10 ans alors que la principale fragilité de Tricastin est le risque d’inondation
 
EDF est hostile aux exigences de sûreté nucléaire
Cet événement vient nous rappeler que la sismicité doit être prise au sérieux et ce particulièrement dans la vallée du Rhône. EDF essaye de rassurer, mais il faut rappeler son attitude hostile vis-à-vis du risque sismique. Depuis quelques temps, les anomalies génériques découvertes sur les installations françaises ne font que se multiplier, révélant la fragilité des constructions face à ce risque naturel. On observe de nombreux exemples d’anomalies de « non-tenue au séisme », liées à des problèmes de conception et/ou un mauvais entretien : perte d’alimentation électrique, perte de refroidissement, de ventilation, surchauffes, effondrements, câbles trop fragiles, tuyauteries des stations de pompage trop rouillées, diesels de secours vulnérables… Et il n’y a pas que les plus vieux réacteurs qui sont concernés.
 
Il est urgent d’arrêter ces centrales avant qu’un accident grave ne survienne.
L’industrie nucléaire fait peser un risque inacceptable sur la population en minimisant les risques et poussant à la prolongation du fonctionnement de ses centrales atomiques. La centrale de Tricastin, qui a largement atteint l’âge de la retraite, doit être arrêtée dès maintenant. »

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