Le déconfinement doit être défini et assumé par le gouvernement

Publié le 1 mai 2020

Alors que l’exécutif gouvernemental avait soumis ses décisions aux préconisations des scientifiques pour organiser le confinement, maintenant, de par la volonté jupitérienne du Président de la République Macron ce sera la grande débrouille pour démarrer un déconfinement partiel le 11 mai. Le Premier ministre a été plus prudent en indiquant que si la situation sanitaire ne le permettait pas, il n’y aurait pas de déconfinement le 11 mai.

Avant de définir une politique publique du déconfinement il est nécessaire de disposer et prendre connaissance des données sanitaires, épidémiologiques et des données sur les moyens humains et en équipements, ainsi que des analyses du Haut Conseil de la Santé Publique, du Conseil scientifique décidé par Macron (voir articles à ce sujet). Il faudrait aussi avoir connaissance des données concernant les commandes, actes de livraisons, état des stocks des masques, des lunettes, des blouses, des tests, des respirateurs, des médicaments… C’est toujours le plus grand flou.

La décision de réouverture des crèches et classes annoncée le 13 avril 2020 par Macron sans analyse préalable sérieuse et sans même consulter son Conseil scientifique qu’il s’était engagé à consulter (et qui émettra un avis ferme le 20 avril 2020 pour repousser en septembre toutes les réouvertures), a mis sous contrainte ses ministres qui ont eux-mêmes renvoyé la responsabilité aux élu·es locaux et chefs d’établissements (bravo l’hypocrisie de la décentralisation).

Les conditions sanitaires, en personnels et moyens, sociales, de telles réouvertures ne sont pas actuellement remplies. Une seule bonne nouvelle annoncée par le Premier ministre, le report de l’application numérique StopCovid (voir article). Le gouvernement a prévu de nouvelles lois et des décrets qui vont préciser les dispositions prévues et même probablement une nouvelle loi sur l’urgence sanitaire qui serait prolongée de deux mois après fin mai.

Il est clair qu’il n’y aura pas de définition de grandes lignes d’un monde d’après, le gouvernement navigue à vue pour remettre aussi vite que possible sur pied le monde d’avant. Les ministres de droite, de l’économie et du travail, ont clairement annoncé que le but de cette mise en école des enfants était de remettre au travail les parents.

Rien, dans le discours du Premier ministre sur le renforcement des services publics vitaux et essentiels, rien sur la réorientation des politiques sociales (augmentation du chômage, difficultés d’alimentation et de logement pour les plus précaires, difficultés pour les bailleurs sociaux…) et aucune proposition pour s’attaquer aux inégalités notamment celles de notre système d’éducation.

L’appel au volontariat des parents pour remettre ou non leurs enfants à l’école va à l’encontre de la nécessité impérieuse de privilégier des critères éducatifs et sociaux, les enfants qui ont décroché et que les enseignants connaissent. L’éducation est une obligation de l’Etat comme l’indique le préambule de la Constitution du 27 octobre 1946 qui fait partie du bloc constitutionnel : « l’organisation de l’enseignement public gratuit et laïque à tous les degrés est un devoir de l’État ».

On a bien compris dans les propos du premier ministre qu’il voulait transférer sur les acteurs locaux, la responsabilité de prendre les mesures concrètes : exécutifs locaux, responsables locaux des services publics, directeurs d’école, de crèches… Alors que suite à un dialogue local nécessaire ce doit être aux préfets et aux recteurs d’arrêter les dispositifs choisis et d’en assumer la responsabilité pour le gouvernement.

Les élu·es locaux doivent être très prudent·es et exiger un cadre règlementaire clair pour organiser le début d’un déconfinement quand la situation sanitaire le permettra et quand les conditions en personnel et moyens seront remplies, dont le financement des surcoûts qui n’est toujours pas pris en compte par le gouvernement.

Au lieu du grand et risqué bricolage proposé par le gouvernement, c’est le moment de réfléchir et de faire des propositions pour organiser le monde des semaines et mois qui viennent, dans les conditions nouvelles en présence du coronavirus, et le monde d’après.

Une précision à propos de la distribution des masques à la population, la CNIL donne ses recommandations le 28 avril quant à la mobilisation de fichiers existants et la constitution de nouveaux traitements de données : à lire ici.

Mots-clefs : , ,

Le commentaires sont fermés.