Edouard Philippe a fait un oubli regrettable lorsqu’il a déclaré le 9 juin à Evry, en voulant citer la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen de 1789, suite aux manifestations d’opposition à la violence policière : « les hommes naissent libres et égaux en droit ». Or, dans son article 1er la Déclaration indique que « les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits… ».
Cet oubli du premier Ministre n’est pas anodin ! Il mérite d’être souligné et que nous ne l’oublions jamais, car ce n’est pas tant au moment de la naissance que les injustices et les inégalités sont manifestes, mais juste après, selon le lieu d’habitation et la carte scolaire, l’environnement quotidien dans lequel on vit. Il arrive même que dans ces quartiers dits « quartiers prioritaires politique de la ville » les jeunes et les moins jeunes finissent par se quereller plus ou moins gravement, pour des morceaux de territoires « à préserver », des histoires amoureuses qui tournent mal, des manifestations bruyantes par l’intrusion d’engins motorisés dans les endroits piétonniers, c’est donc tous contre tous !
Il y a une politique de la ville à réinventer, les problèmes des années 80 étaient différents de ceux de 2020, principalement le marché de la drogue qui s’est amplifié et qui entraîne de considérables dégâts parmi les jeunes notamment. Les fondamentaux des années 80 sont toujours d’actualité, mais les modalités de politiques de prévention et de réparations doivent être actualisées fortement, principalement sur l’éducation, l’accès à toutes les cultures, aux loisirs, la formation des jeunes, l’accès à la santé, une alimentation saine, l’accès à des logements de qualité dans tous les secteurs d’une agglomération, … mais aussi et surtout, l’aide aux parents qui sont aujourd’hui de nombreuses « familles monoparentales » dans certains secteurs. Car enfin comment être au plus proche de ses enfants, quand chaque matin, une mère doit se lever à 4 h du matin, aller faire ses 4 h de ménage, après avoir préparé le petit déjeuner des enfants qui sont seuls à la maison avant d’aller à l’école et le soir, ils sont encore seuls quand la mère repart de 17 h à 21 h pour de nouvelles tâches de ménage ?
Mais il y a aussi les ressources tellement faibles quand personne ne travaille dans les ménages, ce qui n’est pas plus facile à gérer, malgré une présence des parents au domicile.
L’oubli de « demeurent égaux en droit », est significatif, d’une sorte d’acceptation de cette fatalité, qu’il y a des riches et des pauvres et qu’on n’y peut rien ! Cette situation entraîne des dégâts considérables pour les bailleurs sociaux, les dépenses de maintenance pour réparation du vandalisme s’élèvent chaque année à des montants qui seraient plus utiles pour de l’amélioration du patrimoine et ainsi offrir une meilleure qualité de vie dans les logements.
Une nouvelle politique de la ville nécessite des moyens financiers, mais surtout humains d’aides plus conséquentes dans les immeubles de logements sociaux, dans les quartiers notamment. La présence d’une police de proximité est plus que jamais d’actualité, qui aurait un rapport plus apaisé avec les jeunes, pour établir un dialogue en lien étroit avec les services publics présents ou associations de prévention, de soutien parental dès la petite enfance, de soutien scolaire. Une politique « Ecologiste, Démocratique et Solidaire », se doit de remettre une politique petite enfance au goût du jour, par un acquis du CNR comme la protection maternelle, paternelle et infantile dès la naissance, d’inventer un développement de projets culturels divers et nombreux, de projets sportifs qui ne seraient pas seulement du foot, mais aussi l’accès régulier aux sports de montagne pour ce qui nous concerne, des sports nautiques, etc.
L’Etat se doit d’être le garant de l’accès de tous les résidents sur la terre de France (métropole et DOM-TOM), à ces diverses politiques préventives du mal être des citoyen-nes, avec une volonté de déclinaison locale adaptée aux réalités différentes de chaque territoire. Inventons, rénovons un partenariat constant, audacieux qui sorte des silos fossilisant, en favorisant la mobilisation des intelligences de chacun-e, en se préservant du clientélisme et tout en gardant présent à l’esprit, que nous sommes dans un moment particulier de rareté des finances publiques, mais également d’un possible renouveau « de faire en politique », et permettre à tous les citoyens-nes, comme le rappelle la Constitution, article 1, «La République, assure l’égalité devant la loi de tous les citoyens sans distinction de sexe, d’origine ou de religion ».
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