Alerte : recul du gouvernement sur l’utilisation des néonicotinoïdes

Publié le 28 août 2020

Le gouvernement veut réautoriser l’usage des néonicotinoïdes, interdits par la loi biodiversité depuis le 1er septembre 2018, pour les cultures de betteraves. Le 6 août, le plan d’action gouvernemental prévoit effectivement de réautoriser pour les campagnes 2021, 2022 et 2023 l’usage de ces puissants neurotoxiques, et la ministre de l’écologie ne s’y oppose pas. Encore une fois beaucoup de discours prônant la transition écologique mais dans les actes dès qu’il y a des difficultés qui se présentent et des lobbies puissants qui agissent, la macronie se couche. Une loi dérogeant à celle de 2016 sera présentée au parlement à l’automne.

L’agronome Marc Dufumier, dans une tribune au « Monde » intitulée « Pourquoi « réautoriser les néonicotinoïdes pour un système de culture betteravier désuet et dommageable ? », critique cette décision gouvernementale alors que des alternatives techniques à l’emploi des néonicotinoïdes existent déjà.

Dans Libération, un article met l’accent sur l’impact du réchauffement climatique qui inquièterait plus les betteraviers que les pucerons verts. « Christian Huyghe, directeur scientifique du pôle agriculture au sein de l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (INRAE) rappelle que « les pucerons se sont développés très tôt en campagne cette année, à cause d’une pression énorme et d’une anomalie thermique. On a eu l’hiver le plus doux de l’histoire contemporaine de la France et le printemps a été incroyablement chaud avec +3.6°C en février » par rapport aux normales de saison.

Lutter contre les invasions de pucerons verts reviendrait donc à lutter contre le réchauffement climatique. Des producteurs de betteraves, explique Damien Houdebine, sont « plus inquiets de l’impact du climat, des coups de chaud fin mai, de la sécheresse et de la canicule actuelle, que de la jaunisse ».

Croire que la solution viendrait de la nature elle-même est illusoire, selon Christian Huyghe : « On sort de vingt-sept ans de néonicotinoïdes, aussi extrêmement efficaces contre les insectes auxiliaires », souligne le chercheur. Parmi les insectes auxiliaires, on compte notamment les larves de coccinelles et les syrphes, toutes deux friandes de pucerons. Des pistes sont à l’étude pour lutter contre la transmission de la jaunisse, comme le morcellement des parcelles ou l’usage de « l’écologie chimique », en recourant par exemple à la plantation dans les champs de betteraves de fleurs comme l’œillet d’Inde, dont l’odeur est insupportable au puceron.

Autant de solutions dont les filières agroalimentaires ne veulent pas forcément, leur préférant une logique court-termiste qui garantira une rentabilité maximum. Vendredi, ce sont les producteurs de maïs qui ont pris la parole pour demander à bénéficier, à leur tour, d’une dérogation leur permettant d’utiliser des néonicotinoïdes. »

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