Préserver Médecins 7/7 pour les soins non programmés, mais en toute transparence de gestion !

Publié le 20 novembre 2020

Beaucoup se sont émus de la situation de la structure Médecins 7/7 et plusieurs ont dû signer la pétition mise en ligne, réclamant l’intervention des pouvoirs publics, pour sauver cet établissement de soins non programmés.

Un peu d’histoire : à la fin des années 1990, la fondatrice de ce concept, se vantait de mettre en place une structure assurant la continuité des soins, sans solliciter de financement public. Un grand nombre de médecins généralistes, notamment ceux œuvrant pour une médecine de qualité avec prise en charge globale du patient, étaient en désaccord, notamment ceux des urgences. Cette cheffe d’entreprise a d’abord créé un établissement boulevard Maréchal Joffre, ouvert le soir de 20h à 24h, les weekends end et jours fériés.  Toutes les demandes de soins, sans distinction d’urgence étaient reçues, avec prise en charge du supplément de garde par la CPAM.

La casse organisée de notre système de soins depuis plusieurs décennies, est issue d’un abandon par les gouvernements successifs. Elle s’est manifestée par une baisse drastique de la démographie médicale, une inégalité de répartition des médecins généralistes sur le territoire national.  Il faut oser dire que le lobby des médecins à l’Assemblée nationale, a toujours permis que parmi tous les professionnels de santé, les médecins soient les seuls professionnels de santé qui continuent à bénéficier d’une totale liberté d’installation. Il en résulte des conséquences graves, dont l’une, est le très grand nombre de médecins dans la vallée du Grésivaudan et le manque de praticien-nes dans les quartiers d’habitation des personnes vulnérables de la Métropole …

Surfant sur cette raréfaction de la ressource médicale, la même fondatrice a mis en place une structure de soins, ouverte de 8h à 24h tous les jours même le weekend, au 84 cours Jean Jaurès, près de l’Estacade.

En raison de la pénurie de médecins, cet établissement recevait environ 130 patients par jour. Il a rendu de réels services aux habitants de l’agglomération et aussi aux autres services de santé (autres professionnels de santé, services d’urgences …). Beaucoup d’habitants métropolitains l’ont expérimenté en qualité d’usager, en l’absence ou en cas d’indisponibilité de leur médecin traitant, s’évitant ainsi des heures d’attente aux urgences hospitalières ; de nombreux médecins y ont exercé leur métier de professionnel du soin, en réalisant une prise en charge de qualité.

Malheureusement, cet établissement avait une double face. Une face claire, avec une moyenne de 130 actes par jour, un plateau technique conséquent permettant d’assurer des actes semi urgents (sutures, pansements, aérosols, électrocardiogramme …) et une face plus sombre avec le départ des associés, des démissions en cascades, des assignations en justice et maintenant une cessation de paiement.

Cette entreprise qui s’est toujours revendiquée libre de toute implication institutionnelle vient maintenant demander l’intervention des institutions : ARS, CPAM, ville … pour lui permettre de survivre.  N’y a t’il pas quelque chose de surprenant ? Mais où sont passés les ressources issues de 50 000 actes annuels, dont un bon nombre en dépassement d’honoraires, réalisés en grande majorité par les médecins remplaçants ? Car en effet le concept de la fondatrice-gérante-médecin est de gérer et donc de recruter quelques médecins salariés, mais surtout des médecins « remplaçants » pour assurer les consultations. Tout cela étant accepté par tous, avec des contrats signés et validés par le Conseil de l’Ordre.

Si le problème survient aujourd’hui c’est parce que ces médecins remplaçants ont fait leur travail et effectué des actes médicaux, payés par les patients et remboursés par la CPAM, mais eux n’ont pas obtenu les rétrocessions d’honoraires qui leurs sont dues, ceci depuis mars 2020 !

Ainsi, un collectif de 29 médecins s’est constitué et a porté plainte contre l’unique fondatrice-gérante de Médecins 7/7, réclamant l’argent qui leur est dû, car la SEARL Médecins 7sur7 doit à ce collectif de médecins plus de 290 000 euros (impayés de mars 2020 à fin octobre 2020). 

Ce collectif demande également un regard sur la gestion d’une structure qui n’a pu exister que grâce à notre système de protection sociale.

En ces temps difficiles pour la santé, où l’effet néfaste des politiques de restrictions et de non anticipation se révèle douloureusement, les médecins attirent l’attention sur l’importance d’un regard professionnel dans l’examen de la situation de cette structure de soins, et non pas simplement un soutien aveugle de politique politicienne. Cette offre de soins mérite mieux qu’une indignation politicienne d’une gestion obscure de cette structure.

La prise en charge des soins non programmés est une vraie question.  La disparition d’un établissement assurant ce service est une réelle perte, mais la santé, comme tout bien commun nécessite l’implication de tous : institutions, usagers, professionnels du soin, dans la transparence et la rigueur.

Quant à l’avenir de cet établissement, il est évident qu’un audit devrait être proposé pour comprendre les raisons objectives de cette situation de quasi-faillite. Il ne suffit pas de se proclamer créatrice d’un organisme qui rend un service avéré, qui ne vit en réalité que de financements publics issus de la Sécurité Sociale, notre précieux bien commun à préserver. Ce service 7/7 est nécessaire et rend un grand service aux usagers. Il évite un recours systématique aux urgences hospitalières. Les finances de la Sécurité Sociale sont trop précieuses, pour être utilisées sans aucun contrôle.

Nous soutenons les efforts menés par les autorités de santé publique (ARS, CPAM) et les collectivités (dont la mairie de Grenoble) pour que soit maintenue une offre de soin, mais dont le statut est à définir.

En effet il faut d’urgence assurer une mission de service public de santé en définissant un cadre protecteur des usagers qui lui font appel et des praticien-nes qui interviennent, en rappelant quelques extraits du serment d’Hypocrate prononcé par chaque médecin à l’issue de sa thèse et qui lui donne le droit d’exercer son métier.  “Au moment d’être admis(e) à exercer la médecine, je promets et je jure d’être fidèle aux lois de l’honneur et de la probité.
Mon premier souci sera de rétablir, de préserver ou de promouvoir la santé dans tous ses éléments, physiques et mentaux, individuels et sociaux.
Je respecterai toutes les personnes, leur autonomie et leur volonté, sans aucune discrimination selon leur état ou leurs convictions. J’interviendrai pour les protéger si elles sont affaiblies, vulnérables ou menacées dans leur intégrité ou leur dignité. Même sous la contrainte, je ne ferai pas usage de mes connaissances contre les lois de l’humanité.
J’informerai les patients des décisions envisagées, de leurs raisons et de leurs conséquences.
Je ne tromperai jamais leur confiance et n’exploiterai pas le pouvoir hérité des circonstances pour forcer les consciences.
Je donnerai mes soins à l’indigent et à quiconque me les demandera. Je ne me laisserai pas influencer par la soif du gain ou la recherche de la gloire. » …

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