Les agent-es des services publics locaux, en première ligne face au COVID-19, sont fatigués

Publié le 27 novembre 2020

C’est le sens clair de la journée de grève des agent-es d’entretien, ATSEM et Animateurs-trices du périscolaire du 17 novembre, journée appelée par SUD et la CNT tandis que d’autres syndicats utilisaient d’autres moyens d’interpellation (droit d’alerte en CHSCT de la CGT).

En effet tout le monde peut constater que les errements du pouvoir dans la conduite des politiques nationales face à la crise sanitaire rendent le travail des agent-es au contact des usagers très compliqué. Il y a déjà ce défi à la rationalité d’édicter un seul protocole applicable à toute l’Education nationale, de la maternelle au lycée, de 2 à 18 ans. Et de le « balancer » d’en haut des sphères ministérielles 3 jours avant la rentrée.

Ensuite la décision de re-confinement partiel d’octobre avec des injonctions contradictoires persistantes (« on laisse les écoles ouvertes mais il faut éviter le brassage des enfants, sans nouveaux moyens humains fournis par l’État »). Dès lors la tension n’a cessé de monter dans les écoles de Grenoble comme ailleurs, avec grève des enseignant-es le 10 novembre.

Le ministère de Blanquer est resté sourd à ces alertes. Et quand la 2ème vague a frappé Grenoble de plein fouet, avec une très rapide montée des cas de maladie, et donc des cas contacts, il est devenu très difficile de faire fonctionner les écoles avec des effectifs d’agent-es réduits par ce contexte sanitaire.

Car la ville, conformément aux orientations humanistes de la majorité, a eu une politique active de protection de ses personnels les plus vulnérables, tous mis en ASA (Autorisation Spéciale d’Absence), payés à 100 % même pour les personnels horaires. Or la composition des effectifs de la ville, l’âge moyen assez élevé (près de 50 ans, fait que de nombreux agent-es sont classés dans les 11 critères de vulnérabilité au COVID-19. Ainsi la ville a placé jusqu’à 285 agents en ASA, dont plus de 100 de ceux-celles travaillant en écoles.

Face à la puissance de la vague COVID-19 les équipes de remplacement habituelles n’ont pu pourvoir tous les postes rendus vacants par des malades ou cas contacts ou personnels en ASA. Et malgré l’activation de multiples solutions et réseaux, un redéploiement de plus de 40 agents venus d’autres services, il y a eu de sérieuses difficultés de recrutement, en passe d’être surmontées. Mais la ville ne peut envoyer en 24h au contact d’enfants des agents sans vérifier leur aptitude professionnelle à travailler dans ce milieu, leur casier judiciaire.

Et par ailleurs les parents ont montré, dans une période ou plus du tiers des salariés étaient en télétravail ou chômage partiel, un attachement fort à la cantine pour leurs enfants puisque la demande n’a pas faibli du tout en novembre. Comme quoi la qualité des repas de Grenoble fidélise le recours à ce service public « non essentiel » !

Du coup la ville a réagi pour limiter la fréquentation de la restauration en demandant aux parents (sauf ceux qui bénéficiaient des tarifs les plus bas) d’inscrire leur enfant à la cantine un jour en moins par semaine (voir ici).

Cette solution de réduction temporaire et autogérée dans l’utilisation d’un service public a démontré une certaine efficacité (environ 10 % de baisse) alors que d’autres villes confrontées aux mêmes soucis ont eu recours à des moyens plus autoritaires comme la fermeture un jour par semaine des cantines (Échirolles par exemple).

Enfin le fond des questions liées à la dé-précarisation des personnels a été abordé avant même la grève lors d’une réunion avec les syndicats pour tirer le bilan du précédent protocole de 2019. La ville a montré que les engagements pris avaient été tenus : création de pools de remplacement, mensualisation de plus de 100 animateurs, suppression des emplois à temps non complet inférieurs à 50%, taux de couverture d’ATSEM par classe monté à 97%, …

L’adjoint au personnel, qui a reçu avec l’adjointe aux écoles une délégation des grévistes le 17 novembre, a proposé de donner une suite à ce protocole, pour dé-précariser et traiter le besoin de reconnaissance des métiers de ces agents dans les collectifs de travail des écoles. Elle sera élaborée dans un groupe paritaire qui sera co-piloté par l’élu au personnel et par l’élue aux écoles et se réunira avant la fin de l’année.

Signalons aussi que la qualité du dialogue social a été un souci constant de la ville dans cette période tendue, avec un point hebdomadaire fait en CHSCT (CHSCT que la députée Chalas fait disparaître dans la Fonction Publique en 2022 au plus tard…), et que Grenoble à ce jour et comme toutes les communes, n’a toujours reçu aucune compensation par l’État des surcouts liés à la pandémie.

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