Le 5 mars Oxfam-France, rend public une étude intitulée « Comment un an de crise sanitaire et économique est venu accentuer les inégalités femmes-hommes »
Les femmes sont les premières touchées par les impacts économiques de la crise engendrée par la pandémie de COVID-19, du fait de leur surreprésentation dans les métiers les plus précaires. Une injustice aujourd’hui encore plus criante car elles ont été en première ligne à la réponse à la crise sanitaire, occupant plus des deux tiers des emplois dans le secteur du soin et dans d’autres secteurs essentiels comme l’éducation, la propreté, l’alimentation, la distribution, où les femmes sont majoritaires. Mais elles occupent des emplois souvent précaires, informels, trop peu valorisés socialement ou trop faiblement rémunérés.
« Quelques chiffres sur l’impact de la crise sanitaire sur les femmes
Les femmes assument la majeure partie des responsabilités familiales ; elles gagnent moins, épargnent moins et occupent des emplois plus précaires : dans l’ensemble, l’emploi des femmes est 19 % plus menacé que celui des hommes (source : rapport ONU).
En France, pendant le premier confinement, les femmes ont deux fois plus souvent que les pères, renoncé à travailler pour garder les enfants (source : INSEE)
Dans les pays en développement, c’est 75% des femmes qui occupent un emploi informel, précaire ou dangereux, et jusqu’à 92% des femmes dans les pays à faible revenu. La pandémie, avec ses conséquences économiques, est venue encore empirer leur situation et accentuer leur précarité économique, déjà importante (source : rapport Davos Oxfam)…
Les mères isolées, plus vulnérables encore
Les mères isolées sont dans une situation d’encore plus grande vulnérabilité. Comparées aux mères avec un·e conjoint·e, elles sont deux fois plus nombreuses à être dans un temps partiel subi. Surtout, comme nous le rappelions dans une précédente étude, en France, parmi les mères isolées qui travaillent, plus d’une sur quatre vit sous le seuil de pauvreté. Les mères isolées sont (avec les hommes seuls) le type de ménage le plus fréquemment rencontré dans les accueils du Secours Catholique.
Aujourd’hui, la pauvreté des femmes, et plus encore des mères isolées, est un angle mort des politiques publiques. A titre d’exemple, le Haut Conseil de la Famille, de l’Enfance et de l’Age estime qu’il manque actuellement 350 000 places en crèche, quand depuis 2018, le gouvernement n’en a ouvert que 4260 selon la Caisse nationale des Allocations familiales.
Les femmes, premières mobilisées en période de crise sanitaire, dans les secteurs parmi les plus mal rémunérés
Notre rapport sur les inégalités mondiales et notre étude sur la France, parus en janvier 2021, mettent en lumière la surreprésentation des femmes dans le secteur du soin :
- les assistante·s maternelles, les employé·e·s de maisons, les aides à domicile et les aides ménagères demeurent à plus de 95 % des femmes.
- les aides-soignante·s sont à 91% des femmes
- 87% infirmiere·s sont des femmes.
La crise actuelle, les revendications du personnel soignant avant même la pandémie et cette surreprésentation nous disent une chose : un secteur du soin mal-rémunéré, avec des conditions de travail difficiles et précaires, contribue largement à accroître les inégalités femmes-hommes au sein de notre société.
La surreprésentation des femmes se retrouve dans d’autres secteurs, rencontrant les mêmes difficultés, et ayant été en première ligne depuis un an :
- elles sont 73% parmi les agente·s d’entretien
- elles sont 76% parmi les caissiere·s et les vendeur·e·s
- elles sont aussi 71 % parmi les enseignante·s.
Quand les secteurs majoritairement féminins sont les plus mal lotis de nos sociétés, ce sont les inégalités femmes-hommes qui s’emballent…
Des solutions existent pour lutter contre le système économique sexiste et injuste dans lequel nous vivons :
Proscrire les mesures d’austérité brutales et non durables qui impactent plus fortement les femmes et investir dans des services publics de qualité, tels que la santé et l’éducation, et la protection sociale, puissants correcteurs des inégalités ; Revaloriser la rémunération des métiers à prédominance féminine. Mettre en place des politiques publiques qui déchargent les femmes du travail domestique
Lutter contre les inégalités salariales et la sous-représentation des femmes dans les sphères de pouvoir.
Mots-clefs : droits des femmes, inégalités, santé