Métrovélo : le management mis en cause dans la détérioration de la situation sociale et la dégradation du service public aux usagers

Publié le 18 février 2022

Depuis le 1er janvier 2020, l’exploitation du service Métrovélo, rebaptisé Mvélo+, est confiée à l’entreprise Cykléo. Cette société a des pratiques managériales qui posent questions. A tel point que le 7 septembre 2021 les salariés de Cykléo ont décidé d’une grève pour protester contre les conditions de travail qui s’étaient fortement détériorées. Le SMMAG n’avait pas daigné intervenir pour que cesse cette détérioration. Voir notre article à ce sujet.

Médiapart vient de publier un article qui fait le point sur ce qui se passe à Cykléo, en voici des extraits :

« Il y a de quoi être attentif : sur les 38 personnes présentes au second semestre 2021, 8 au minimum sont ou ont été en arrêt de travail. Le 17 juin, la médecine du travail a adressé une « alerte sur le risque psychosocial » à la responsable des opérations Cykleo.

Un audit lancé deux semaines plus tard n’a pas été suffisant pour éviter une grève en septembre. Et encore moins le vaste mouvement de départs qui a suivi : une démission, deux ruptures conventionnelles, trois CDD non renouvelés, une fin de mission d’intérim, une reconversion et deux licenciements. Au total, 17 personnes – soit près de 45 % des effectifs – auront été absentes de manière significative sur les six derniers mois.

Par ailleurs, un signalement du CSE (comité social et économique) a abouti à un contrôle de l’inspection du travail le 16 novembre. Le rapport consécutif à ce contrôle, daté du 7 février, pointe « un management dénué de considération et de prise en compte des demandes de salariés ». « Ce mode de management est donc une des causes principales des arrêts de travail, de la dégradation des conditions de travail exprimée par de nombreux salariés », indique le texte.

L’inspection du travail souligne que « cette situation, qui semble reposer sur des pressions managériales, du fait de ses effets produits (altération de la santé et des conditions de travail des salariés), et de sa durée, pourrait caractériser l’infraction de harcèlement moral ».

Le rapport note aussi les « difficultés éprouvées par les élus au CSE pour effectuer des enquêtes sur site, du fait d’un CSE unique pour l’entreprise Cykleo dont le siège est basé à Paris et des représentants dont le lieu de travail est éloigné ». Métrovélo constitue pourtant le plus grand contingent de salarié·es Cykleo…

L’inspecteur du travail évoque enfin un événement grave : la tentative de suicide d’une personne salariée. « Or nous ne trouvons trace d’aucune déclaration d’accident du travail grave ni d’enquête effectuée par les élus du CSE », précise l’agent de contrôle. Les faits se seraient produits à l’agence de la gare en septembre 2020, en présence de deux collègues.

Durant les deux CSE de mars et mai 2021, deux représentants du personnel s’étonnaient de ne pas avoir été mis au courant, plus de six mois après. La direction a assuré, sans plus de détail, que l’« origine de la situation » était « d’ordre personnel ». Un argument contestable, selon plusieurs témoignages recueillis par Mediapart…

En attendant, le service continue de se dégrader pour les usagers et usagères, renforçant le malaise au quotidien. Le taux de satisfaction général, mesuré via des études menées par l’entreprise, a ainsi chuté de 84 % en février 2021 à 77 % en juillet-août, tandis que le nombre de détracteurs triplait de 7 % à 20 %. Car, malgré cinq embauches – trois CDI et deux CDD – depuis septembre, le déficit de personnel se fait sentir…

Certaines options stratégiques de l’entreprise semblent en outre relever plus de l’affichage que d’une réelle recherche d’un bénéfice pour les adeptes du service : depuis mai 2020, Métrovélo est promu dans de nouvelles communes, grâce à trois agences mobiles. « L’intérêt d’être sur place est très limité, si ce n’est pour faire de la com’, indique la même source. Les élus locaux ne sont même pas au courant. »

Jusqu’au 28 janvier 2022, aucun terminal de paiement électronique n’était disponible dans ces agences, rendant impossible toute location par carte bancaire. « Au début, on disait aux gens “à terme, on pourra”, mais on ne faisait que les décevoir, témoigne un salarié. Ce devait être possible à la rentrée 2020, puis cela a été repoussé encore et encore. Maintenant, on dit qu’on ne peut pas, et quand je travaille sur place, j’attends toute la journée dans le camion. » Le syndicat mixte n’a été alerté de ces faits qu’en septembre 2021… »

Que font les administrateurs du SMMAG notamment son président, silencieux sur ce sujet, alors que les salariés sont en souffrance et les usagers voient la qualité de service se détériorer à grande vitesse ?

Le service public du vélo – outil efficace et non polluant de déplacements qui vient à nouveau de voir Grenoble mise à l’honneur en remportant pour la 2e fois le 1er prix du baromètre des villes cyclables – mérite mieux que cette inertie et ce silence complice de dérives managériales ! Le marché public signée par CYKLEO avec le SMMAG offre pourtant certainement une prise pour interpeller la direction de CYKLEO (filiale de KEOLIS donc de la SNCF) et exiger une modification rapide de pratiques managériales méprisantes pour les salariés comme pour les usagers et l’amélioration rapide du logiciel inefficace.

Attention à ne pas reproduire ici le scénario catastrophique du Vélib à Paris !

Le président de la Métropole et le président du SMMAG, vice-président aux transports, devraient porter une meilleure attention au bien public. 

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