Grenoble la nuit : État des lieux

Publié le 25 mars 2022

Le 29 mars 2021, le Conseil municipal de Grenoble adopte une délibération qui lance la démarche des assises de la nuit, qui vise à dynamiser les nuits grenobloises et trouver un juste équilibre entre les différent-es usager-es de la nuit : cinq thématiques sont identifiées par la Ville pour constituer le point de départ des travaux : Travailler la nuit ; Se divertir la nuit ; Être une femme la nuit – Publics vulnérables et vie nocturne ; Santé – prévention des conduites à risques ; Quartiers populaires et vie nocturne.

Durant la période juillet 2021 à mars 2022, une radiographie des nuits grenobloises est effectuée et on peut accéder à l’étude qui fait un état des lieux.

Une restitution publique du diagnostic a eu lieu le 21 mars 2022 par le maire et l’adjointe à la tranquillité publique et au temps de la ville, Maud Tavel. Cela a été l’occasion de découvrir 108 propositions faites par l’étude Grenoble la nuit.

D’avril à juin 2022, il y aura la mise en place des groupes thématiques visant à faire émerger les actions à inscrire dans le futur « Plan grenoblois de la Nuit » et à l’automne 2022 sera présenté ce Plan au Conseil de la Nuit, l’instance annuelle qui réunira toutes les parties prenantes du plan.

Voici la programmation des réunions de travail des commissions thématiques déjà prévues :

  • Mardi 3 mai 2022, de 17h à 19h30 : Accéder aux soins et cadre de vie la nuit 
  • Lundi 9 mai 2022, de 18h à 20h30 : Profiter des activités culturelles, sportives et commerciales la nuit
  • Jeudi 12 mai 2022, de 17h30 à 20h : Déplacements et sécurité la nuit
  • Mercredi 18 mai 2022, de 16h à 18h30 : Habiter dans un quartier populaire la nuit 
  • Jeudi 19 mai 2022, de 18h à 20h30 : Égalité et solidarité la nuit
  • Lundi 23 mai 2022, de 18h à 20h30 : Le sens de la fête la nuit

Pour s’inscrire à ces réunions publiques aller ici.

Voici l’introduction du diagnostic réalisé par le collectif d’éducation populaire « les orageuses »

Des modes de vie de plus en plus désynchronisés imposent aux politiques publiques de s’intéresser aux enjeux de la nuit. Les « night studies », nouveau champ de recherche interdisciplinaire, révèlent que l’activité humaine investit de plus en plus la nuit comme lieu de travail et de loisirs. Cette situation entraîne des tensions face auxquelles les mairies doivent faire face. D’un côté, les dormeur-euses et la nature. De l’autre, les noctambules et les travailleur-euses. L’enjeu d’une politique publique de la nuit est donc de trouver une conciliation entre plusieurs usages contradictoires de la nuit à travers une approche globale et transversale qui ne se limiterait pas à la seule gestion des conflits d’usage. Plusieurs villes pionnières ont lancé le mouvement de nouvelles politiques publiques de la nuit : Amsterdam, Berlin, Liège, New-York ; puis en France, Paris, Nantes, Bordeaux et Rennes. Aujourd’hui, c’est au tour de Grenoble !

Il s’agira, en partie, de répondre aux sollicitations de la société civile. Depuis 2018, les associations du milieu festif et culturel poussent la Ville à produire une politique de la vie nocturne ambitieuse à travers la mise en place d’instances de dialogue et militent pour la création d’un conseil de la nuit. Il s’agira également de respecter l’engagement pris par l’équipe municipale, lors de la campagne de 2020, de faire de la nuit un sujet prioritaire du second mandat. Cet engagement s’est concrétisé en nommant une élue à la tranquillité et aux temps de la ville, en adhérant à la Plateforme de la Vie Nocturne au printemps 2020 et en actant le lancement des assises de la nuit lors d’une délibération du conseil municipal du 29 mars 2021. Un comité de pilotage composé de 6 élu-es référent-es et 11 élu-es suppléant-es à la nuit valideront les étapes clés du projet.

Ce diagnostic porte deux objectifs. Le premier, mettre en exergue les actions existantes concernant la nuit : qui fait quoi ? Pourquoi ? Le second, identifier ce qui fonctionne et dysfonctionne pour imaginer de nouvelles actions répondant aux besoins et aux attentes des acteurs de la nuit. 108 pistes d’action ont émergé des discussions avec les acteurs interviewés. Le nombre de pistes abordées sur les thématiques du sentiment de sécurité, des déplacements et du besoin de calme était si important que ces 3 nouveaux axes ont émergé au fil de ce diagnostic pour s’ajouter aux 5 fixés par le comité de pilotage au départ : travailler, se divertir, être une femme la nuit/discriminations, santé/prévention des conduites à risque, quartiers populaires. La solidarité, nouvel axe également apparu se justifie par sa spécificité. Bien que la préservation de l’environnement et le respect du rythme de la biosphère a aussi toute son importance la nuit, l’écologie est absente de ce rapport : elle n’était pas posée comme un axe à priori à explorer en tant que tel et elle n’a pas été nommée comme une préoccupation prioritaire par les acteurs interviewés.

Enfin, ce diagnostic tente de refléter au mieux la diversité des témoignages récoltés lors des entretiens, focus groupes et aller-vers dans l’espace public. Il est nécessairement partiel et non exhaustif, la diversité de ce qui se passe la nuit est presque aussi importante de ce qui se passe le jour. Il est en même temps transversal à de multiples thématiques ce qui en fait une base commune indispensable pour construire un Plan grenoblois de la nuit.

Et la conclusion :

« La qualité des échanges, le temps conséquent passé par les un-es et les autres pour contribuer à ce diagnostic et le niveau d’expertise technique ou d’usage des personnes interviewées donnent toute leurs valeurs aux nombreuses pistes collectées dans ce diagnostic. Maintenant que ces pistes sont identifiées, vient le temps des échanges, de l’affinage, de la priorisation. En effet, elles sont parfois contradictoires entre elles, elles ne sont pas égales quant au changement organisationnel ou au coût qu’engendrerait leur mise en œuvre. Certaines ont été retenues malgré le fait qu’elles aient été énoncées par une seule personne et d’autres ont été plébiscitées par des dizaines. Enfin, elles ne sont pas toute au cœur de la compétence de la ville de Grenoble. La suite des débats promet d’être riche et cet état des lieux constitue un socle commun d’information et d’analyse permettant une réelle concertation.

Si l’équipe municipale de la ville de Grenoble souhaite continuer cette démarche de concertation, il serait opportun de confirmer la naissance de groupes thématiques composés d’élu.es, d’agent-es, d’acteur-ices locaux-ales, de membres associatifs, de commerçant-es, d’expert-es et d’habitant-es. Ces groupes pourraient alors s’emparer de ces différentes pistes pour les affiner selon différents objectifs : vérifier leur pertinence auprès des acteurs locaux qui se trouveraient impactés par leur mise en œuvre, préciser le rôle de la Ville de Grenoble, budgéter leur concrétisation, interpeller les autres institutions publiques compétentes. Les groupes thématiques impliqués pourraient ensuite se concerter pour proposer à la Ville de Grenoble une liste de préconisations prioritaires à mettre en œuvre. Un plan grenoblois de la nuit ambitieux, prenant en compte les intérêts contradictoires en jeu tout en répondant au plus proche des attentes des grenoblois-es pourrait alors voir le jour.

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