Les finances de Grenoble toujours fragiles

Publié le 1 juillet 2022

Lors du conseil municipal du 27 juin, Hakim Sabri, adjoint au maire a présenté les comptes administratif 2021 du budget principal, des budgets annexes et de la Régie Lumière sous la présidence de la 1ère adjointe puisque le maire doit se retirer lors de ce débat.

Les comptes administratifs des budgets annexes et de la Régie Lumière ne posent pas de problème.

Pour le budget principal la prudence s’avère indispensable, car les comparaisons avec l’année 2020 sont trompeuses, en raison de l’impact très important de la crise sanitaire sur les activités et donc les finances.

L’épargne nette était ainsi passée en négatif à – 0.8M€ en 2020. En 2021, avec le recul de l’épidémie et l’allégement des restrictions sanitaire les équilibres financiers ont retrouvé leurs niveaux d’avant crise.

Comme la comparaison montrait une situation en forte amélioration par rapport à 2020, les oppositions en ont conclu que la situation financière de la ville était devenue confortable.

Cependant, malgré une nette amélioration des soldes et des ratios d’épargne, la situation reste fragile avec notamment un taux d’endettement élevé qui réduit la capacité d’investissement et de ce fait, le rythme et l’envergure de la transformation de la ville.

Un examen plus précis de l’évolution sur ces dernières années et en sachant ce qui se prépare pour l’avenir, la conclusion est que la situation est plus fragile qu’il n’y parait.

Quelques exemples de fragilités :

Les recettes provenant des dotations de l’Etat, de la Métro ainsi que les autres recettes (hors fiscalité locale) sont constantes depuis de longues années et n’évoluent pas en fonction de l’inflation. Tant que cette dernière était faible cela n’avait pas de fortes conséquences, mais avec l’inflation qui dérape si les dotations de l’Etat n’évoluent pas en fonction de l’inflation, la situation va devenir difficile.

Ces recettes représentent plus de 40 % des recettes de fonctionnement.

Voici les recettes de fonctionnement hors fiscalité en millions d’euros :

 201620172018201920202021
Recettes hors impôts M€111,97102,13108,96106,54100,75108,85

Durant cette période (2016-2021) les impôts ont évolué en moyenne de 2% par an, en conséquence les recettes de fonctionnement n’ont augmenté que d’un peu plus 1% par an.

Les dépenses de gestion ont augmenté nettement moins que l’inflation entre 2016 et 2021 (1% en 5 ans)

 201620172018201920202021
Dépenses de gestion M€218,66209,85215,55218,66216,73220,97

C’est cette compression des dépenses de fonctionnement qui a permis de redresser l’épargne nette :

 201620172018201920202021
Epargne nette M€-1,065,155,259,04-0,829,41

La compression des dépenses de gestion ne peut pas se poursuivre indéfiniment : pas ou peu d’évolution des subventions versées par la ville, alors que les autres collectivités se désengagent et que les associations souffrent, des frais de personnel bloqués sachant qu’ils sont la plus grosse partie des dépenses de gestion (60%). Sur ce point l’avenir montre que le blocage des frais de personnel devient intenable tenable car il faudrait diminuer le nombre d’agents en raison d’une augmentation du point d’indice (heureusement pour les agents) et il y aura nécessité de recruter pour défendre le service public de proximité, face au désengagement de l’Etat et des autres collectivités… Les autres charges de gestion (hors personnel et subventions) sontégalement figées, ce qui était un peu supportable sans inflation, mais devient impossible avec les augmentations prévues notamment sur le dérapage des prix de l’énergie et de l’alimentation.

Autre point de fragilité : les recettes d’investissement (hors emprunt) diminuent dangereusement 41M€ en 2016 et 32,15 M€ en 2021. Cette situation restreint les dépenses d’investissement pour éviter d’augmenter la dette qui est déjà très lourde : merci à l’ancien maire corrompu qui a totalement déséquilibré les finances en doublant la dette de la ville que les équipes municipales suivantes se sont efforcées de ne pas augmenter mais qui ne pouvaient pas la diminuer sauf à ne plus investir.

L’avenir impose d’augmenter les investissements pour préparer la ville aux impacts du changement climatique, mais l’augmentation des taux d’intérêts à long terme alourdira le coût des emprunts et augmentera les dépenses de fonctionnement qui financent les intérêts des emprunts. Il faut aussi noter que le coût des investissements va déraper avec l’inflation auxquelles s’ajoutent les difficultés à trouver certains approvisionnements.

Les décisions de l’Etat qui se préparent, ne vont pas arranger la situation, puisqu’il demande aux collectivités de participer prochainement au redressement des finances du gouvernement à hauteur de 10 milliards d’euros, donc un poids supplémentaire pour la gestion locale. Il faudra aussi assumer les augmentations des frais de personnels puisqu’il va enfin y avoir une augmentation de 3,5% du point d’indice de la fonction publique ce qui est très insuffisant face aux pertes réelles dues à l’inflation. Pour Grenoble, 3,5% d’augmentation du point d’indice c’est plus de 5 M€ d’augmentation des dépenses de fonctionnement, donc plus de la moitié de l’épargne nette actuelle.

L’avenir n’est donc pas serein contrairement aux discours des oppositions lors du débat sur le compte administratif 2021.

Pour plus de détails sur ce qui a été fait en 2021 lire ici.

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