Inflation des dépenses communales en 2022

Publié le 25 novembre 2022

Régulièrement, chaque année, la Banque Postale et l’Association des Maires de France font des études sur l’indice des prix des dépenses communales sur une année complète. Ces dernières années, l’inflation des dépenses communales était toujours légèrement supérieure d’environ un demi-point ou d’un point à celui de l’indice des prix à la consommation, qui est la mesure de l’inflation calculée par l’INSEE.

Pourquoi une différence entre les deux inflations ? L’INSEE, pour calculer l’indice de la consommation prend un modèle de consommation des ménages qui n’est pas du tout le même que la structure des dépenses d’une commune d’où ces écarts.

Cette année 2022, vu l’explosion de l’inflation, l’étude de la Banque Postale porte sur le 1er trimestre 2022 et démontre que l’indice des prix des dépenses communales est très supérieur à l’indice des prix à la consommation qui est l’inflation calculée par l’INSEE.

La hausse des prix enregistrée par les communes sur leurs dépenses est de 4,9 % au 1er semestre sur un an (4 derniers trimestres sur les 4 précédents), alors que l’indice INSEE est seulement de 3,4%

Avec l’estimation d’un trimestre supplémentaire prenant en compte l’accélération de la croissance de certains indices et aussi la revalorisation du point d’indice de la fonction publique (à partir de juillet 2022), elle serait même de 7,2 % (contre + 4,5 % pour l’indice des prix à la consommation).

Parallèlement les recettes des communes évoluent très peu avec l’inflation, c’est pourquoi les budgets municipaux vont terminer 2022 avec des dépenses nettement plus importantes que prévues et des recettes qui ne suivront pas, d’où une détérioration mécanique de l’équilibre financier. Et l’année 2023 risque de voir encore s’amplifier cette détérioration.

Voici l’éditorial de l’étude de la Banque Postale et de l’AMF :

« À la fin du 1er semestre 2022, l’augmentation sur un an de l’indice de prix des dépenses communales est nettement supérieure à celle de l’inflation hors tabac. Les prévisions avec un trimestre supplémentaire font même état d’un écart qui se creuserait davantage.

La forte inflation qui s’est installée en France depuis le début de l’année touche tous les acteurs de l’économie : ménages, entreprises et administrations doivent faire face à une hausse des prix sans précédent depuis plusieurs décennies.

L’indice des prix à la consommation hors tabac publié par l’Insee mesure cet impact pour les ménages en fonction d’un panier théorique de dépenses. Au 1er semestre 2022, l’inflation sur un an (4 derniers trimestres sur les 4 précédents) s’établit à 3,4 %.

Cette mesure, qui donne un premier état des lieux, ne permet cependant pas d’appréhender totalement l’impact pour les autres acteurs économiques dont les dépenses sont très différentes de celles des ménages. C’est l’ambition de cet indice de prix des dépenses communales, fruit d’un partenariat entre l’AMF et La Banque Postale, de refléter au plus près la réalité de l’inflation supportée par les communes.

Ainsi, en prenant en compte « un panier des élus locaux », la hausse des prix enregistrée par les communes sur leurs dépenses est de 4,9 % au 1er semestre sur un an (4 derniers trimestres sur les 4 précédents). Avec l’estimation d’un trimestre supplémentaire, qui prend en compte l’accélération de la croissance de certains indices et aussi la revalorisation du point d’indice de la fonction publique, elle serait même de 7,2 % (contre + 4,5 % pour l’indice des prix à la consommation).

L’analyse plus fine de cet indice, selon trois strates démographiques, montre tout d’abord que quelle que soit leur taille, les communes dans leur ensemble sont concernées par cette inflation hors norme. Néanmoins, la strate des moins de 3 500 habitants semble la plus impactée avec un indice qui pourrait augmenter de 8,3 % au 3ème trimestre 2022, sur un an. Le poids important de leurs dépenses d’achats et charges externes particulièrement touchées par la hausse des prix de l’énergie, notamment celles qui ne sont pas protégées par le bouclier tarifaire s’appliquant au tarif réglementé de l’électricité, explique en partie cet écart.

La réalité d’une contrainte inflationniste forte pour les communes, et plus globalement pour les collectivités locales, n’est plus à démontrer et elle ne sera absorbée qu’au prix d’arbitrages difficiles pour les élus locaux, entre renoncement à certains investissements, recours au levier fiscal ou encore adaptation des services publics locaux. »

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