Lutte contre les violences sexistes : un manifeste de maires de grandes villes

Publié le 2 décembre 2022

A l’occasion de la journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes, des Assises Nationales de lutte contre les violences sexistes se sont tenues les 25 et 26 novembre à Nantes, 22 maires de grandes villes (dont les maires de Grenoble et du Pont-de-Claix) ont signé un manifeste : « Face aux violences sexistes, ouvrons la voix »

Voici les introductions des deux parties du manifeste :

  • Lutter contre le caractère systémique des violences. Face à l’ampleur du sexisme en France et dans le monde, face à la persistance des violences sexistes et sexuelles, nous plaidons pour une transformation systémique d’envergure. Nous devons nous engager collectivement à lutter contre toutes les manifestations du sexisme, qu’il s’agisse des stéréotypes, discriminations, atteintes à l’autonomie des femmes, ou des violences sexistes et sexuelles, en agissant très en amont sur les représentations individuelles et collectives. LOCALEMENT, NOUS NOUS ENGAGEONS
  • Reconnaître, écouter et respecter la parole des femmes, accompagner et protéger les femmes victimes de violences et leurs enfants. En France, une femme sur deux aurait déjà été victime de harcèlement ou d’agression sexuelle au moins une fois dans sa vie. Les mesures politiques, aussi volontaristes qu’elles soient, ne mettront pas fin aux violences du jour au lendemain. Il y a donc urgence à agir, concrètement, pour accompagner et soutenir les femmes victimes de violences sexistes et sexuelles. Il y a urgence à mettre les moyens, humains, matériels et financiers, pour une action efficace, coordonnée, rapide et en complémentarité entre l’État, les collectivités et les actrices et acteurs de terrain. Il y a urgence à soutenir les lieux et structures d’accompagnement déjà existants et à en créer de nouveaux pour que les femmes trouvent des solutions, où qu’elles habitent.

L’appel :

« En France, on meurt encore d’être une femme. Chaque année, selon les chiffres du ministère de l’Intérieur, près de 100 000 femmes sont victimes de viol ou de tentative de viol, 12 % d’entre elles ont porté plainte et seulement 1 % des auteurs de viols sont condamnés. En 2021, en France, 122 femmes ont été tuées par leur compagnon ou ex-compagnon. Compter, c’est rendre visible. Compter, c’est permettre une réelle prise de conscience. Ces féminicides ne sont pas des drames privés. Ils témoignent de la violence et de l’ampleur d’un phénomène qui doit enfin conduire à une réaction urgente et à la hauteur des enjeux.

En 2017, le Président de la République, Emmanuel Macron, s’est engagé à ce que la grande cause du quinquennat soit celle de l’égalité entre les femmes et les hommes. Trois priorités d’action ont alors été identifiées : l’éducation et le combat culturel en faveur de l’égalité, un meilleur accompagnement des victimes ainsi qu’un renforcement de l’arsenal répressif. Si des outils sont bien venus renforcer les moyens de réagir face aux violences faites aux femmes, comme le délit d’outrage sexiste, force est de constater qu’ils ne sont que trop peu mis en œuvre et qu’ils n’ont pas permis de diminuer le nombre d’agressions sexistes et sexuelles, ou d’agir durablement contre le fléau des féminicides en France.

Les associations ainsi que les actrices et acteurs de la société civile sont les premiers engagés sur le terrain auprès des femmes et de leurs enfants, en proposant un accompagnement concret, mais aussi des actions de prévention, de sensibilisation auprès du grand public et des formations de professionnels.

Les collectivités s’engagent également pour compléter les dispositifs de l’État, dont c’est d’abord le rôle, et en partenariat avec les associations et professionnels spécialisés. Lutter pour l’égalité entre les femmes et les hommes, c’est en effet l’une des missions des collectivités, ce qui implique évidemment de lutter « contre les violences faites aux femmes et les atteintes à leur dignité », comme le stipule la loi du 4 août 2014. Dans nos villes, nos agglomérations, nos départements, nous avons décidé d’aller au-delà de nos compétences obligatoires en la matière et d’agir, tant dans nos politiques publiques que dans nos modes de fonctionnement.

Cette action s’est intensifiée depuis 2020, alors que le confinement aggravait et mettait en lumière les violences conjugales et intra-familiales. Nos collectivités, du fait de leur proximité avec les habitantes et habitants, disposent en effet d’une capacité d’action considérable pour apporter aide et soutien aux victimes. Nombre d’élus se sont ainsi engagés en prenant des engagements de mandat dans cet objectif.

Le Président de la République a souhaité refaire de l’égalité entre les femmes et les hommes la grande cause de son second mandat. Pour que ces engagements se concrétisent enfin, il nous semble urgent de tirer le signal d’alarme face à cette situation qui n’a que trop duré et, ensemble, de nous mobiliser, pour agir plus efficacement, plus vite. »

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