La réalité budgétaire de Grenoble en 2022

Publié le 30 juin 2023

Chaque année avant le 30 juin les collectivités locales doivent adopter le compte administratif de l’ordonnateur (le maire pour une commune) ainsi que le compte de gestion du comptable public, qui décrivent exactement tous les mouvements comptables en recettes et en dépenses durant l’année précédente. Les éléments du compte administratif doivent correspondent à ceux du compte de gestion.

Le 26 juin le Conseil municipal a adopté les différents comptes pour le budget principal, les budgets annexes et ceux de la régie Lumière qui gèrent l’éclairage public. L’année 2022 a été difficile à cause de l’inflation (notamment de l’énergie) qui a augmenté fortement les dépenses et qui se poursuit en 2023, ce qui a incité la ville à augmenter ses recettes de fonctionnement par le seul paramètre à sa disposition, l’impôt foncier pour équilibrer son budget et augmenter l’épargne pour financer les investissements, notamment ceux qui sont consacrés à l’adaptation de la ville au changement climatique sans trop faire appel à la dette.

Lors du débat au conseil municipal, certaines oppositions se sont focalisées sur le fait que Grenoble dépense plus en fonctionnement par habitant que la moyenne des autres grandes villes (30% de plus). Comme si ces élu-es découvraient une anomalie, alors que c’est un fait historique depuis au moins 50 ans. Par exemple en 1983 à la fin du mandat d’Hubert Dubedout l’écart était de 25 %, puis sous le mandat du corrompu, A. Carignon, la ville dépensait 50 % de plus que les autres grandes villes (à tel point que l’épargne de la ville était devenue négative et que deux budgets avaient été annulés suite à des recours de Raymond Avrillier). Depuis 1995 ces dépenses ont diminué pour atteindre 30% en 2022.

Cette situation est principalement due au fait que Grenoble offre plus de services publics que la moyenne des autres grandes villes, en particulier son CCAS qui est l’un des plus important de France parce qu’il est soutenu par une forte subvention de la ville. 

De plus, Grenoble faisant partie d’une intercommunalité faiblement intégrée, la ville gère d’importantes charges de centralité (estimées à 30 M€).

Pour alléger ces charges, certains élu.e.s proposent de les transférer à la Métro, mais pour l’instant et durant ce mandat afin d’assimiler tous les transferts effectués avant 2020,  l’intercommunalité ne veut pas en prendre davantage. De plus cela n’entraînerait pas un allègement des finances grenobloises puisque tout transfert de dépenses de fonctionnement à la métropole, aurait pour conséquence la diminution à même hauteur de l’attribution de compensation que la Métro verse à Grenoble, donc ce que la ville gagnerait en dépenses elle le perdrait en recettes.

Il serait important que les oppositions révisent un peu l’histoire financière de Grenoble, ce qui pourrait leur éviter de tenir des discours démagogiques qui enfoncent des portes ouvertes.

L’adjoint aux finances, Vincent Fristot a présenté la situation de 2022 qui a été rendue très fragile par l’augmentation brutale des dépenses alors que les recettes ne suivaient pas, par conséquent l’épargne brute s’effondrait de 8 M€ d’où un manque de recettes d’investissement et donc un recours à l’endettement (7 M€ supplémentaire) pour boucler le budget d’investissement.

La capacité de désendettement qui est le rapport entre le stock de la dette et l’épargne brute atteint presque 11 ans ce qui est un niveau inquiétant.

L’augmentation des dépenses de fonctionnement en 2022 provient de l’inflation notamment pour l’énergie et l’augmentation des frais de personnels par l’augmentation du point d’indice des fonctionnaires décidé par l’Etat sans compensation, de plus la ville a été contrainte d’augmenter la subvention au CCAS de 3 M€ afin de lui permettre de poursuivre et d’amplifier ses aides sociales indispensables.

Par contre, dans les recettes les dotations de l’Etat et de la Métro (62,5 M€) ne sont pas indexées sur l’inflation.

En investissement en 2022 la ville a dépensé 70 M€ (dont le remboursement de l’annuité en capital de la dette 25 M€) et a équilibré ces dépense grâce à l’épargne brute, les remboursements de l’Etat d’une partie de la TVA, les éventuelles cessions des biens de la ville et un emprunt de 32 M€ qui équilibre à 70 M€ les recettes.

Il y a donc une augmentation de la dette de 7 M€, différence entre les emprunts nouveaux (32 M€) et le remboursement des anciens (25 M€). La dette du budget principal atteint fin décembre 2022, 263 M€ et celle des budgets annexes de 38 M€.

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