Où est la politique dans les dernières émeutes ?

Publié le 7 juillet 2023

Les attaques contre des élu-es, des membres de leur famille, des mairies, des écoles, de nombreux commerces dévalisés… tout cela a pris une ampleur inégalée après l’assassinat du jeune Nahel. Mais contrairement à d’autres violences dans le passé qui avaient des raisons politiques évidentes (gilets jaunes, luttes contre les agressions à l’environnement, travailleurs défendant leur outil de travail…), pour la grande majorité des émeutiers il n’y en avait plus. L’assassinat n’était plus leur moteur c’était devenu du pur pillage pour des gains immédiats ou des agressions pour l’agression. C’est pourquoi ces attaques contre les personnes et les biens sont à condamner.

Mais il faut condamner avec la même vigueur, les comportements de certains agents de police et certains de leurs syndicats (Alliance et UNSA) qui n’hésitent plus dans un communiqué du 30 juin à appeler à la guerre contre les hordes sauvages, les nuisibles et menacent même le gouvernement.

Le gouvernement doit rapidement réagir face à ces appels à la sédition. Notre service public de la sécurité ne doit pas tolérer de tels agissements d’extrême droite.

Voici la déclaration du maire de Grenoble, du 1er juillet à la suite des dégradations et violences survenues à Grenoble :

« La mort de Nahel, victime insupportable d’un dysfonctionnement profond de la police, nous indigne et nous scandalise. La colère est légitime mais la violence, les pillages et dégradations qui ont eu lieu dans plusieurs quartiers de Grenoble cette nuit sont inadmissibles.

La colère ne peut s’exprimer par des dégradations comme celles commises dans l’aire grenobloise hier soir qui ont visé avec une brutalité inouïe les commerces du centre-ville et de plusieurs quartiers.

J’étais présent hier soir dans le centre-ville de Grenoble. J’ai vu les forces de l’ordre tenter de déployer des moyens mais être rapidement dépassées par l’ampleur des dégâts. Il faudra en tirer les enseignements. J’étais également présent ce matin sur le terrain ce matin aux côtés des commerçants et habitants avec qui j’ai échangé. La sidération, la stupeur a laissé maintenant place à une colère qui est légitime elle aussi.

Si nous connaissons et alertons quant aux sources de ces tensions depuis maintenant 50 ans, nous, collectivités, attendons désormais du gouvernement d’assurer de porter un discours d’apaisement.

Nous, collectivités, connaissons nos territoires. Par nos Maisons des Habitants, nos écoles, nos associations sportives et culturelles, nous sommes au contact de publics jeunes défavorisés, exclus, précarisés. Depuis plusieurs années, nous interpellons l’Etat afin de renforcer leurs moyens.

Nous sommes pleinement mobilisés avec les équipes de la ville, en lien avec la Préfecture. J’appelle au calme les habitants, notre jeunesse.

Je salue et remercie l’appel au calme de KMbappé et des bleus. Les mots sont justes. Je n’en changerais pas une ligne.

Nous avons besoin d’une police juste et rigoureuse. La politique du tout-répressif dans les quartiers populaires est un échec social, économique et politique.

Alors que le plan Borloo a été délibérément ignoré par le gouvernement, il nous faut soutenir, déprécariser, accompagner les populations des quartiers populaires. 

Il faut aussi retisser des liens, désamorcer les haines.

Il faut redresser la barre maintenant ».

Certains commerçants ou artisans ou autres services intermédiaires, ont vu leur outil de travail parti en fumée ou pillé. De plus dans certaines communes, les tempêtes ou autres phénomènes climatiques ont aussi causé des dommages. Et le « quoiqu’il en coûte » mis en place durant la Covid n’est plus en vigueur.

Alors que reste-t-il ? Un appel à la solidarité d’Etat et aux collectivités ? Les communes ne sont pas légalement en mesure d’apporter une aide publique puisque la compétence se situe au niveau de la Région et à l’Etat. Les maires prennent le temps d’écouter celles et ceux qui ont subi de graves préjudices, mais pour autant considèrent cette action comme très insuffisante. Ces situations entraînent aussi des drames humains, surtout lorsqu’ils sont se sont accumulés au fil des années. Personne ne peut nier ou ignorer cela. Certain.e.s ne s’en relèveront pas et vont devoir réorienter leur vie active. Ce n’est ni simple ni facile lorsque c’est un choix délibéré, mais lorsque c’est subi, c’est évidemment bien pire. On ne peut pas rester froids et insensibles face à cela.

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