Avis critique de l’Autorité environnementale sur l’implantation de deux EPR2 sur le site de Penly

Publié le 17 novembre 2023

EDF envisage l’implantation sur le site de Penly deux réacteurs nucléaires de nouvelle génération (EPR2). Elle doit cependant obtenir une autorisation environnementale.  Elle a donc déposé le 29 août 2023 auprès de l’autorité environnementale compétente (Ae), le dossier comprenant l’étude d’impact du projet. L’Ae a rendu le 9 novembre son avis qui porte sur la qualité de l’étude d’impact présentée par le maître d’ouvrage et sur la prise en compte de l’environnement par le projet. Il vise à permettre d’améliorer sa conception, ainsi que l’information du public et sa participation à l’élaboration des décisions qui s’y rapportent.

L’Ae demande à EDF de revoir l’étude d’impact qui présente des insuffisances importantes. L’enquête publique devrait démarrer cours du premier trimestre 2024.

Voici la synthèse de l’avis de l’Ae :

« Le Centre nucléaire de production d’électricité de Penly, d’une superficie de 230 hectares (ha), est situé en bord de Manche, sur la commune de Petit-Caux en Normandie. EDF demande une autorisation environnementale pour l’implantation de deux nouveaux réacteurs de type « EPR2 ».

L’article 11 de la loi n°2023-491 du 22 juin 2023 autorise à engager la construction des unités EPR, à l’exception de celle des ouvrages liés à l’activité nucléaire, qui ne peut être entreprise qu’après la délivrance de l’autorisation de création de l’installation nucléaire de base. Les travaux nécessiteront le déroctage de la falaise (5 millions de m3) et la création d’une emprise de 20 ha sur le fond marin.

Chaque unité aura une puissance électrique de 1 670 MWe. Le périmètre du projet comprend en outre la création par RTE des ouvrages de raccordement à son réseau.

Les principaux enjeux de ce projet pour l’Ae portent pendant la phase travaux sur la protection de la santé des populations (bruit en particulier) et la préservation du milieu naturel et de la biodiversité.

En phase d’exploitation, les principaux enjeux résident dans les risques d’atteintes à la population et aux milieux liées aux rejets radiologiques, thermiques et chimiques ainsi que la nécessité de réduction de la production de matières et déchets nucléaires et des émissions de gaz à effets de serre sur l’ensemble du cycle de production de l’électricité issu du réacteur (cycle du combustible notamment).

L’engagement des travaux rendus possibles par cette autorisation interroge : l’étude d’impact ne prend pas en compte la remise en état du site si le projet n’aboutissait pas ; elle invoque l’article 12 de la loi 2023-491 déclarant la réalisation d’un réacteur électronucléaire constitutive d’une raison impérative d’intérêt public majeur pour l’exécution des travaux nécessaires alors même que le projet lui-même pourrait ne pas voir le jour. L’artificialisation de plus de 20 ha de milieux marins par les travaux préparatoires devrait faire l’objet de mesures de réduction et de compensation pour être compatible avec le document stratégique de façade Manche est – mer du Nord.  L’Ae recommande de reprendre en profondeur l’étude des incidences du projet sur les sites Natura 2000.

Les incidences en fonctionnement sont évaluées sur la base des normes de rejets applicables à l’industrie nucléaire, parfois anciennes. Si cette démarche est justifiée pour démontrer que le projet n’a pas d’impact notable et sous réserve que cette démonstration soit conclusive, elle n’exonère pas le maître d’ouvrage d’appliquer aux rejets la démarche ERC (« Éviter, Réduire, Compenser »), de mettre en œuvre les principes de réduction à la source des émissions de radionucléides et de radiations (Principe « Alara ») ou de démontrer que les performances en matière d’émissions de polluants conventionnels sont conformes aux meilleures techniques disponibles. Au-delà de la sûreté nucléaire sur laquelle l’Ae ne peut se prononcer en l’absence de rapport de sûreté, le dossier ne fait apparaître que peu d’améliorations des performances environnementales des unités EPR2 par rapport aux unités REP existantes, alors que plus de 40 ans sépareront leurs dates respectives de mise en service. Les recommandations présentées dans les précédents avis sur des sites nucléaires de la Manche n’obtiennent pas de réponse dans ce dossier, en particulier en termes de rejets d’organochlorés.

Mots-clefs : , ,

Le commentaires sont fermés.