Un projet de cinémas à Neyrpic, c’est reparti…

Publié le 24 novembre 2023

La SARL Les Halles Neyrpic et l’opérateur Mégarama redéposent un projet d’implantation d’un cinéma à Neyrpic à Saint Martin d’Hères ! Ce projet est un peu moins important que le précédent. Il s’agit d’un complexe de 1200 places en 6 salles. Il apparait que ce projet est vital pour l’investisseur Apsys vu cet entêtement malgré les deux refus successifs de la Commission nationale d’aménagement cinématographique (CNACi). Le nouveau projet sera examiné par la commission départementale (CDACi) de l’Isère le 7 décembre.

La lecture de la décision de mai 2023, refusant le projet de 1500 places pour 9 salles. Avec seulement 300 places en moins, ce nouveau projet ne risque t’il pas de connaitre le même sort que les deux précédents en raison de la situation très fragile des cinémas de l’agglomération ? Rappel : la première décision du 9 octobre 2020 refusant la création d’un établissement de spectacles cinématographiques de 12 salles et 2 300 places, à l’enseigne UGC.

Le médiateur du cinéma, la SAS Pathé Echirolles, la SASU Pathé Grenoble Chavant, avaient demandé à la Commission nationale d’aménagement cinématographique d’annuler la décision du 13 décembre 2022, de la CDACi de l’Isère qui a autorisé la SARL Les Halles Neyrpic à créer un établissement de spectacles cinématographiques de 9 salles et 1 537 places, à l’enseigne « Megarama », à Saint-Martin-d’Hères. Et en conséquence, de rejeter la demande d’autorisation d’aménagement cinématographique sollicitée parla SARL Les Halles Neyrpic pour ce projet.

La CNACi leur a donné raison en annulant le 11 mai 2023 la décision de la commission départementale et refusant l’autorisation d’aménagement cinématographique requise par la SARL Les Halles Neyrpic.

Il est fort dommage que le président de la Métro soit allé défendre un tel projet qui mettait en danger l’équilibre et la pérennité des cinémas dans la ZIC (Zone d’influence cinématographique). Avec une telle décision comment une autre proposition cinématographique pourrait elle être acceptée ?  La question : le centre commercial Neyrpic trouvera-t-il son équilibre économique sans cinéma ? Une telle insistance autorise à penser que cette opération est difficile sans ces salles de cinéma.

La CNACi donne un avis éclairé en faisant référence à d’autres expériences afin de ne pas voir toutes les salles actuelles fragilisées. Ce projet de nouvelles salles ne sera pas épargné par les fragilités d’un trop plein de cinémas. Saint Martin d’Hères a un cinéma d’Art et Essai de qualité, à quoi bon vouloir à tout prix faire de la « cultur’business » ?

Voici des extraits de la décision

  • « Le projet pourrait en outre accentuer, pour la plupart des établissements de la ZIC, qu’il s’agisse des cinémas généralistes ou des cinémas classés art et essai, les difficultés d’accès aux films, et notamment aux films art et essai porteurs nécessaires à l’équilibre financier de ces établissements et donc au maintien de la diffusion des films les plus fragiles et ce, nonobstant l’engagement proposé par Megarama de laisser la priorité d’accès à certains établissements de la ZIC pour les films art et essai dont le plan initial de sortie est inférieur à 300 copies en sortie nationale, lequel ne tient pas compte de l’évolution des plans de sortie des films art et essai porteurs dont une part croissante est désormais largement diffusée au-delà de 300 copies. Par conséquent, dans ces conditions, le projet, non seulement ne permettra pas d’enrichir l’offre cinématographique de la ZIC mais risque même d’en compromettre la diversité.
  • En deuxième lieu, malgré un niveau de fréquentation cinématographique supérieur à la moyenne nationale en 2019 (4,1 entrées par habitant contre 3,3 au niveau national), la ZIC a connu, entre 2010 et 2019, un ralentissement de sa fréquentation, à rebours de la tendance nationale. En effet, alors qu’en France la fréquentation cinématographique a progressé de 3 %, celle de la ZIC a enregistré une baisse de 9 %, durant cette période, davantage marquée dans la commune-centre de Grenoble (-11 %) que dans sa périphérie (-7 %) et touchant principalement les cinémas généralistes, alors même que l’offre globale de séances dans la ZIC a augmenté de 19 % sur la même période. Ces éléments établissent une large saturation du marché par l’offre existante.
  • Au vu d’un marché potentiel estimé à environ 380 000 entrées annuelles par le pétitionnaire, qui ne précise pas la part des entrées nouvelles et celle qui proviendrait de la captation du public des cinémas exploités dans la ZIC, d’une capacité de 9 salles lui conférant un rayonnement sur l’ensemble de l’agglomération grenobloise, d’une grande proximité avec le centre-ville de Grenoble et le campus universitaire de Saint-Martin-d’Hères ainsi que d’une programmation recoupant largement celle déjà proposée dans la ZIC, le projet risque d’entrainer un redéploiement de la fréquentation cinématographique de la ZIC, notamment du public étudiant particulièrement visé, contribuant ainsi à accentuer l’érosion de la fréquentation des établissements situés en centre-ville de Grenoble, notamment les établissements indépendants. Par ailleurs, malgré la volonté conjointe de Megarama et de la municipalité de Saint-Martin-d’Hères de conclure un partenariat en vue de préserver le mono-écran municipal « Mon Ciné », il est prévisible que le projet contraindra ce mono-écran à redéfinir sa programmation en excluant les films porteurs, recommandés ou non art et essai, qui pourraient être à l’affiche du futur multiplexe et, dès lors, obérera de manière significative sa viabilité économique. Par conséquent, le projet est de nature à modifier substantiellement l’équilibre actuel de l’offre cinématographique et pourrait compromettre le pluralisme de l’équipement cinématographique dans la ZIC.

Il résulte de l’ensemble de ces éléments que le projet de la SARL Les Halles Neyrpic ne répond pas aux critères prévus aux articles L. 212-6 et L. 212-9 du CCIA. »

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Un commentaire sur “Un projet de cinémas à Neyrpic, c’est reparti…”

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