Ils veulent ressusciter le Métrocâble…

Publié le 19 avril 2024

Dans le quotidien régional du 16 avril, se côtoient deux documents, une lettre ouverte par des acteurs économiques lançant un appel pour le Métrocâble (publicité politique payée par ?) et un interview de Yann Mongaburu ancien président du SMTC et du début du SMMAG, qui demande une révision de la politique des mobilités du SMMAG et de la Métro suivie depuis 2020.

Yann Mongaburu donne son analyse de la politique qui a été suivie par le SMMAG depuis le changement de majorité en 2020. Il rappelle que l’objectif premier du PDU (Plan de déplacements urbain) est d’améliorer le report modal vers les transports en commun, ce qui est rappelé par la commission d’enquête et que le SMMAG et la Métro doivent cesser d’être dans le déni depuis 2020 et se remettre au travail. Il est stupéfait d’apprendre à la lecture du rapport d’enquête publique que le seul investissement concernant les transports en commun, hormis le câble, se situe en 2032. Il déclare : « On dirait donc aux générations futures que, pendant deux mandats, on ferait le choix de prioriser le désendettement sur la transition ? On est en train de parler d’une des trois clés majeures de réduction de gaz à effet de serre (avec l’alimentation et le logement). C’est irresponsable. »

La « lettre ouverte des acteurs économiques » est en fait un regroupement de patrons : organes du patronat (FBTP, UDIMEC, MEDEF), établissements publics patronaux (CCI, GEM, CMA), qui financent cette publicité politique sans mention de publicité, intéressés qu’ils sont par les marchés publics, et, encore plus grave, des patrons d’organismes publics financés par les contribuables tels les patrons de l’EMBLE, le CEA, ESRF, MINALOGIC, PDIE GIANT.

Ce groupe, dont des organismes très liés à la Presqu’île scientifique, explique que la commission d’enquête a été intoxiquée par les opposants au projet et que personne n’avait compris le vrai sujet de ce Métrocâble qui était le désenclavement de la Presqu’île scientifique… Il faut donc comprendre que le SMMAG s’est complètement trompé dans son dossier en ne tenant pas compte de cette exigence et en étant incapable de démontrer qu’un flot de voyageurs aurait dû se précipiter pour utiliser ce moyen écologique. D’où la conclusion de la lettre qui appelle les élus, au-delà des sensibilités politiques « à poursuivre ce projet structurant pour l’aire grenobloise ».

Il s’agit donc d’un appel à tordre les logiciels, bien validés, utilisés par les collectivités depuis de longues années pour prévoir les évolutions des mobilités, afin de démontrer que ce projet de câble peut jouer un rôle important dans l’évolution du report modal, de la voiture vers les transports en commun… Le SMMAG avait pourtant essayé de tricher à ce sujet, mais avait été rattrapé pat la Mission régionale d’autorisation environnementale qui lui demandait de revoir sa copie sur le trafic que pouvait espérer le câble, qui était trop optimiste, mais n’apportait quasiment rien pour le report modal vers le transport en commun.

C’est tout de même très étrange que les signataires de cette lettre ne soulèvent pas la question du BHNS (Bus à haut niveau de service) qui était prévu dans le PDU d’être associé au Métrocâble et dont le départ de la presqu’île a été abandonné par la nouvelle majorité (de droite) du SMMAG. Ils ont la mémoire courte. C’était pourtant un moyen non négligeable d’assurer une liaison rapide entre la presqu’île et le Grésivaudan en transport en commun, ce qui aurait eu un impact sur le report modal objectif premier du PDU. Le SMMAG aurait mieux fait de choisir le BHNS depuis la presqu’île plutôt que le câble si c’était le seul investissement à envisager.

Il est troublant de voir comment des « acteurs économiques » sont incapables de suivre les grandes orientations politiques qui ont permis depuis des décennies de faire évoluer les comportements, de faire de Grenoble la ville où l’utilisation du vélo est devenue massive. Ils apparaissent comme des rétrogrades dans cette lettre.

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