Lors du conseil municipal du 13 mai 2024, Gilles Namur, adjoint au maire a présenté deux délibérations qui intensifient les actions pour renforcer la végétalisation et préserver la biodiversité.
« La période actuelle dans laquelle nous vivons, aussi dénommée Anthropocène, est caractérisée par une situation écologique sans précédent : réchauffement climatique, effondrement de la biodiversité, raréfaction des ressources naturelles, artificialisation des sols, pollution généralisée, etc. Les conditions d’habitabilité de la planète sont en train d’être détruites, 6 des 9 limites planétaires sont dépassées.
Les villes concentrent des enjeux humains et matériels et sont particulièrement vulnérables aux changements climatiques : les canicules sont renforcées par le phénomène d’îlot de chaleur, les conséquences des précipitations extrêmes sont démultipliées par l’artificialisation des sols, les sécheresses récurrentes provoquent des dégâts irréversibles sur le patrimoine végétal… »
Des actions pour renforcer la végétalisation de Grenoble
La végétation et la désimperméabilisation des sols en ville jouent un rôle crucial pour le vivant. Néanmoins, la situation écologique et climatique évolue plus vite que la capacité de la flore et de la faune à s’adapter. De plus, les solutions fondées sur la nature s’inscrivent dans un temps long ; pour les arbres, il faut même plusieurs décennies avant de pouvoir bénéficier de tous leurs bienfaits. Il faut donc agir et vite, en protégeant, renforçant, végétalisant en ville de façon massive et réfléchie.
La stratégie de végétalisation de la Ville vient répondre à ces besoins. Elle est destinée à impulser un ensemble d’actions qui seront évaluées face à la nécessité de s’adapter continuellement aux évolutions du climat, à la construction de la ville, sa déminéralisation et afin de répondre aux attentes des usager-es en matière de santé, de bien-être et d’usages.
La stratégie de végétalisation, définie pour la période 2020-2026, s’appuie sur un changement de paradigme, à savoir que le végétal doit devenir la porte d’entrée en matière de prescription pour tous les aménagements de la Ville. Elle s’articule autour de 5 enjeux eux-mêmes déclinés en objectifs :
- Connaître et protéger le patrimoine végétal (identifier, connaître le patrimoine végétal ; mettre en place des protections réglementaires et accroître le nombre d’éléments patrimoniaux protégés ; étudier les opérations de constructions et d’aménagements privés et publics ; entretenir la santé des espaces boisés ; rédiger un règlement des parcs et jardins et l’actualiser) ;
- Végétaliser, déminéraliser, relier (planter des arbres ; étendre les surfaces végétalisées ; développer la ville nourricière ; protéger et développer des sols vivants) ;
- Réintégrer le cycle de l’eau et protéger la ressource en eau (infiltrer l’eau ; réduire les consommations en eau ; donner accès à l’eau et à la fraîcheur ; réutiliser l’eau) ;
- Communiquer, échanger, conseiller, former, associer les publics (associer les publics ; créer un réseau d’échanges ; conseiller, prescrire ; définir des principes d’occupation dans les parcs) ;
- Adapter l’entretien des espaces verts aux évolutions du climat : protéger et amplifier la biodiversité, expérimenter des nouvelles pratiques de renaturation (définir un plan d’action et une stratégie de biodiversité urbaine ; diversifier les essences ; planter des végétaux locaux et adaptés ; favoriser la circulation et l’installation de la faune et de la flore ; protéger et développer la vie du sol ; intégrer la vie des espèces aquatiques végétales et animales ; aménager et gérer les espaces de manière sobre pour réduire les coûts de gestion et l’impact carbone).
Cette stratégie s’intègre à la démarche « Grenoble 2040 » qui propose un cadre commun pour penser les futurs et élaborer des trajectoires de transition à la hauteur des défis actuels et à venir.
Des actions pour préserver la biodiversité grenobloise
Située à proximité des Parcs Naturels Régionaux de la Chartreuse et du Vercors, Grenoble est l’une des rares villes françaises à bénéficier d’un espace naturel, la colline de la Bastille. Elle est également à la confluence entre deux cours d’eau majeurs, l’Isère et le Drac, considérés comme des corridors écologiques importants localement.
Mais la ville se caractérise également par une forte densité sur le plan urbain et les effets croissants du dérèglement climatique (+ 4 °C prévus en 2100 au lieu des 1,5°C initiaux, évolution vers un climat plus chaud durant l’année, voire plus sec en été, dans l’ère de l’Anthropocène). La principale menace pour la biodiversité est liée à l’urbanisation avec l’artificialisation des milieux et la destruction des habitats. Le dérèglement climatique conduit à l’augmentation des îlots de chaleur urbains qui sont particulièrement intenses à Grenoble du fait de la topographie (territoire « cloisonné » avec 3 massifs montagneux) et de la forte imperméabilisation des sols. L’accès à une ressource en eau de qualité et en quantité suffisante est également une menace pour la faune du territoire, face aux différentes pollutions et au manque de points d’eau.
De manière plus générale, restaurer les écosystèmes pour maintenir l’équilibre du monde vivant et la richesse des interactions entre les espèces devient urgent pour la survie de l’homme. En restaurant la nature en ville (jardins partagés, plantes messicoles, plantation d’arbres et arbustes locaux avec une diversité génétique les rendant plus aptes à faire face aux variations climatiques et qui sont adaptés aux besoins alimentaires de la faune locale, désimperméabilisation, gestion naturelle des espaces verts…), les villes constituent désormais paradoxalement un réservoir pour la biodiversité, notamment pour les espèces dites « communes ».
Afin de préserver et de reconquérir la faune et la flore, la Ville de Grenoble a mis en place un plan d’actions, structuré autour de 5 axes stratégiques. La stratégie, en place depuis 2020 et amplifiée pour les années à venir, vise à :
- préserver et entretenir : la priorité de la Ville est de préserver la végétation ou les sites existants dans le bâti, et de repenser l’entretien pour laisser la nature « respirer » ;
- aménager et restaurer : pour pallier la perte d’habitats en milieu urbain, la Ville restaure voire recrée des milieux favorables à la biodiversité, comme les mares et les trames vertes lors des nouveaux aménagements ;
- connaître et évaluer : la Ville suit l’évolution de la biodiversité et évalue ses pratiques de gestion ou de restauration de sites ;
- valoriser le vivant et fédérer les habitant-es et les partenaires : sensibiliser les publics enfants et adultes pour changer les regards et conduire à une meilleure acceptation de la nature en ville, encourager les citoyen-nes à se mobiliser et travailler avec les partenaires, en vue d’une démarche globale à l’échelle du territoire ;
- anticiper et adopter des moyens à la hauteur du monde de demain : s’engager dans une démarche prospective, s’assurer que les projets de la Ville préservent le vivant, et réconcilient l’humain et la nature.
Mots-clefs : biodiversité, climat, écologie, environnement, grenoble