La Chambre Régionale des Comptes examine la gestion du musée de Grenoble

Publié le 4 juillet 2024

La chambre régionale des comptes Auvergne-Rhône-Alpes a inscrit à son programme 2023 une enquête thématique conjointe avec la section pour le Piémont de la Cour des comptes italienne, relative à la gestion des musées. Elle a procédé dans ce cadre au contrôle du musée de Grenoble pour les exercices 2018 et suivants.

 Fondé sous la Révolution française, le musée de Grenoble abrite une des premières collections d’art moderne en France, au sein d’un fonds important s’étendant du XIIIe siècle à l’art contemporain, auquel s’ajoute un département d’antiquités égyptiennes. L’ensemble représente près de 36 000 pièces, que l’établissement, en tant que « musée de France », se doit de conserver, d’enrichir et de rendre accessible au public, sous le contrôle scientifique de l’État.

Le musée, géré en régie directe par la commune comme l’ensemble de ses équipements culturels, est situé au bord de l’Isère dans le centre-ville de Grenoble, dans un bâtiment inauguré en 1994.

Un musée à doter d’outils de pilotage stratégique
Si la commune a adopté des orientations générales dans le champ de la culture, le musée n’a pas formalisé de projet scientifique et culturel (PSC), obligatoire pour tous les musées de France. Il n’existe pas de document décrivant ses objectifs et les déclinant en actions assorties d’indicateurs, ni de mesure de la qualité du service rendu. Le musée doit donc établir un PSC prévoyant des modalités d’évaluation de l’activité, en s’appuyant sur une étude préalable des publics qui fait aujourd’hui défaut.

Ces éléments permettront de mieux asseoir le positionnement scientifique du musée et de mettre en perspective ses nombreuses réalisations.

Une fréquentation conséquente favorisée par de nombreuses expositions et un effort de médiation culturelle important
L’activité du musée est prioritairement tournée vers la production de trois expositions annuelles, qui mobilise l’essentiel de ses moyens humains et suscite une activité intense de prêts et de dépôts d’œuvres. La muséographie des collections permanentes évolue peu en revanche, à l’exception du département d’antiquités égyptiennes, grecques et romaines qui rouvrira au printemps 2025 après une longue et profonde rénovation.

Le musée se signale également par la richesse de son offre à destination des publics, tant dans le cadre des propositions de son service de médiation que dans les contenus accessibles sur son site internet. Ses expositions « hors les murs », organisées chaque année depuis 2003, témoignent de son engagement en faveur des publics moins favorisés.

Ces initiatives nombreuses méritent cependant d’être évaluées, alors que le musée peine à retrouver l’affluence d’avant la crise sanitaire. Sa fréquentation, qui le place en 12ème position parmi les musées des beaux-arts hors Paris, doit être mesurée plus finement pour améliorer la connaissance des publics et adapter l’offre culturelle en conséquence. Les publics prioritaires identifiés par la ville devront faire l’objet d’un traitement attentif à cet égard.

Au plan touristique, le musée reste peu valorisé dans la stratégie d’attractivité du territoire, malgré les actions conduites en sa faveur par l’office de tourisme métropolitain.

Des collections enrichies avec soin, à mieux connaître et protéger
La politique d’acquisition du musée est active et de qualité reconnue. Elle est majoritairement financée par un club de mécènes et mériterait d’être encore développée. L’effort de restauration des œuvres est beaucoup plus modeste en comparaison, pour un musée de cette envergure.

Le récolement des collections doit être achevé, le musée n’ayant récolé à ce jour que 37 % de son patrimoine, dont le fonds d’arts graphiques qui reste le moins exploré.

Les conditions de conservation et de protection des collections sont bonnes dans l’enceinte du musée, mais encore insuffisantes dans la réserve extérieure. La commune devra veiller à garantir, dans le projet de nouvelles réserves en cours, un contrôle climatique adapté. En outre, le plan de sauvegarde des biens culturels doit être achevé et testé.

Une connaissance des coûts à approfondir
Le coût net du musée par visiteur (dépenses moins recettes totales) s’établit en moyenne à 26 € hors période de crise sanitaire. Il reste cependant approximatif en l’absence d’une comptabilité analytique permettant d’établir le coût complet. Avec l’extension de la gratuité décidée en 2023, la collectivité doit veiller à combler cette lacune afin d’asseoir la tarification des services du musée sur une meilleure connaissance de ses coûts.


RECOMMANDATIONS

  • Recommandation n° 1. : Élaborer un projet scientifique et culturel, intégrant un dispositif d’évaluation régulière de l’activité du musée.
  • Recommandation n° 2. : Finaliser le récolement en cours pour connaitre l’intégralité des collections.
  • Recommandation n° 3. : Établir un état des biens manquants et des opérations de post-récolement à mener en vue de la prochaine campagne de récolement.
  • Recommandation n° 4. : Garantir, dans les futures réserves extérieures, des conditions climatiques conformes aux standards attendus.
  • Recommandation n° 5. : Achever le plan de sauvegarde des biens culturels en y incluant l’ensemble des réserves et organiser un exercice avec les services de secours.
  • Recommandation n° 6. : Mettre en place une comptabilité analytique du musée afin d’améliorer la connaissance de ses coûts.
https://www.ccomptes.fr/fr/publications/musee-de-la-commune-de-grenoble-isere

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