Projet Lyon-Turin, le maire de Lyon en dénonce l’absurdité

Publié le 10 juillet 2020

Cela n’a pas tardé, le nouveau maire de Lyon dénonce l’absurdité du projet de tunnel ferroviaire Lyon-Turin. Les opposants historiques à ce projet, dont Daniel Ibanez, ont rappelé à cette occasion que ce projet était une stupidité économique, une imposture écologique et un scandale démocratique.

« Le nouveau maire de Lyon dénonce l’absurdité du LYON-TURIN Comme la haute administration unanime et la Cour des Comptes de l’UE

Le nouveau maire de Lyon, Grégory Doucet, vient de dénoncer l’absurdité de la ligne TGV Lyon-Turin alors qu’il existe déjà entre Lyon et Turin une infrastructure ferroviaire suffisante et largement sous-utilisée ; il ajoute « faire croire qu’avec le TGV nous relancerons l’activité est absurde ». Cette position de Grégory Doucet est responsable, il reprend à son compte le contenu des rapports unanimes depuis plus de 20 ans, en commençant par le premier rapport du Conseil Général des Ponts et Chaussées de 1998, suivi par de nombreux autres rapports, de la Cour des Comptes, de l’Inspection Générale des Finances, ou du Conseil d’Orientation des Infrastructures en février 2018

Nouvelle ligne ferroviaire Lyon-Turin ? Une stupidité économique

Comme l’a dit Grégory Doucet, il existe une ligne ferroviaire sur laquelle circulaient plus de 100 trains de fret par jour. Après un milliard d’euros de travaux, il n’en circule qu’une vingtaine par jour. Il suffit de regarder la liquidation judiciaire de Perpignan-Figueras ou l’arrêt du service fret Perpignan-Rungis pour comprendre l’inconséquence et la stupidité alors que l’offre ferroviaire fret est inexistante en France. Sur cet axe, l’exploitation des voies ferroviaires existantes est actuellement 30% moins chère que le coût routier et la FNTR a demandé qu’une offre intermodale soit développée sur cet axe. Une seconde ligne ferroviaire à 26 milliards d’euros ne sera évidemment plus compétitive avec la route et les financements manqueront pour les priorités du quotidien et la régénération ferroviaire. En 2018, le Conseil d’Orientation des Infrastructures concluait : « les caractéristiques socio-économiques apparaissent à ce stade clairement défavorables »

Nouvelle ligne ferroviaire Lyon-Turin ? Une imposture écologique

Artificialiser des terres agricoles, tarir des sources, assécher les nappes phréatiques, émettre des millions de tonnes de CO2 pour la construction, répandre des millions de m³ de déblais alors que l’infrastructure ferroviaire existante n’est utilisée qu’à 20% de sa capacité est un désastre écologique. Prétendre comme le font les mercenaires de la communication de ce projet que l’économie de CO2 sera de 3 millions de tonnes à l’année est un mensonge démonté par l’ADEME, ce serait 7 fois moins, et la Cour des Comptes Européenne a également émis des doutes. Refroidir un tunnel dont la température intérieure est de plus 50°C, 365 jours/365, alors que la voie existante n’est pas utilisée, démontre l’imposture écologique de ce projet. Les régions alpines sont déjà largement touchées par les sécheresses, porter atteinte aux nappes souterraines est un écocide, déforester comme le font les promoteurs, également.

Nouvelle ligne ferroviaire Lyon-Turin ? Un scandale démocratique

Les députés européens qui ont demandé des comptes à la commission européenne sur l’utilisation de l’argent publique n’ont reçu pour toute réponse qu’un document noirci pour masquer les informations. Le président de TELT, maître d’ouvrage de tunnel transfrontalier, est également président du lobby de l’IGD où figurent les grands du BTP qui bénéficient des contrats de travaux publics ou d’études ; Les avis unanimes de la haute administration rejetant ce projet n’ont pas été pris en compte et n’ont pas été communiqués à la population lors des enquêtes publiques ; Commissaire enquêteur intéressé au projet au travers de l’association qu’il préside, prévisions fantaisistes, sous-évaluations financières des coûts qui sont passés de 3 milliards d’euros à 26 milliards (valeur 2012), fausses informations et mensonges, sont la base de la communication pour justifier ce projet. Détournement des péages routiers en faveur du doublement du tunnel routier du Fréjus alors qu’ils sont destinés au transfert de la route vers le rail…

Tout conduit à demander l’utilisation immédiate des infrastructures existantes pour le report modal etl’arrêt du projet de nouvelle ligne ferroviaire Lyon-Turin. »

Réaction d’Eric Piolle appuyant son homologue lyonnais Grégory Doucet sur FR3 :

« Nous partageons avec Gregory Doucet les mêmes priorités: accélérer la transition vers un monde soutenable et donc développer le ferroviaire sur les lignes existantes. La ligne Lyon-Turin actuelle est utilisée à 20% de sa capacité de fret. Comme les cours des comptes Française et Européenne et tous les experts indépendants des lobbys nous disons ensemble qu’il est absurde de dépenser 26 milliards € pour une nouvelle infrastructure au cout environnemental énorme. L’Etat doit mettre le paquet sur la maintenance du réseau fret et TER existant, et non pas dilapider l’argent dans des projets d’une autre époque. »

Lire l’article de FR3 ici.

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