Veillons à ne pas céder aux sirènes des idées simplistes et toutes faites…dans le logement…

Publié le 4 décembre 2020
© Le Dauphiné Libéré

Il faut dire aussi que le démantèlement des conquêtes sociales est bien aidé par des associations qui se disent « au service des plus démuni-es », principalement au détriment des organismes de logements sociaux. Dans le Dauphiné Libéré du 2 décembre, une association exprime l’incompétence des services publics en général et des bailleurs sociaux en particulier. A la question du journaliste « vous trouvez que les structures publiques notamment les bailleurs sociaux sont débordées ? », réponse « de notre côté on ne parvient pas à courir partout, il y a trop de cas. Je veux bien croire que c’est pareil pour elles. J’ai l’impression que les bailleurs sociaux ne savent pas gérer cette situation, face à des personnes isolées très vulnérables, qui n’ont pas les moyens d’exprimer ce qu’elles vivent, qui ne savent pas à qui s’adresser. Nous-mêmes ne savons pas avec qui mettre les personnes âgées en relation ».

Donc autrement dit, les bailleurs sociaux, ne doivent pas assurer la location d’un logement et tous les servies qui vont avec, mais plus le temps passe, plus ils doivent assurer des nouveaux services, sans augmenter les loyers. Prenons le temps de regarder tous les services qu’ils doivent assurer à la demande des gouvernements successifs depuis 20 ans surtout et qui sont des charges supplémentaires qui relèvent normalement du droit commun pour tout locataire du privé,

  • Assurer toujours plus de services d’entretien quotidien des parties communes des logements
  • Assurer l’entretien autour de l’immeuble pour les jets d’ordures, ramasser les encombrants qui sont de plus en plus importants dans les immeubles et à l’extérieur des bâtiments d’habitat social,
  • Accepter que les loyers soient impayés pour les ménages qui disent ne pas pouvoir assumer financièrement cette charge mensuelle
  • Assurer la tranquillité dans l’immeuble, halls, et même à l’extérieur immédiat, dans la journée et surtout en soirée
  • Des médiateurs sociaux doivent régler les problèmes de querelles de voisinage
  • Ils doivent assurer le suivi social des familles en difficultés, avec le recrutement de conseillères en économie sociale et familiale
  • Ils doivent aider financièrement les associations sportives, culturelles…pour assurer l’accès aux jeunes des quartiers d’habitat social pour un accès facilité aux loisirs divers
  • Ils doivent assumer les réparations des dégradations constantes et volontaires dans les parties communes des immeubles, sans avoir la possibilité d’un paiement par les locataires, Les dépôts de plainte pour vandalisme sont longues et compliquées et surtout mobilisent l’agent chargé des contentieux environ une matinée pour assurer ce dépôt de plainte.

Alors plusieurs questions :

  • D’où proviennent les fonds des bailleurs sociaux ? Ils sont issus, pour 85 % des loyers versés par les locataires dont les loyers fort heureusement sont en général 2 fois inférieurs aux loyers du privé. Mais contrairement à un bailleur privé qui loue son appartement, un bailleur social doit assumer toutes les charges décrites. En conséquence, ces charges augmentent progressivement mais pas l’APL, même au contraire avec les lois récentes. Et les impayés aussi. Mais surtout pour le bailleur, toutes ces nouvelles charges dont certaines ne sont pas récupérables sont autant de moyens qui ne permettent plus d’assurer une amélioration dans les logements des locataires, comme par exemple : plus d’accessibilité pour les sanitaires et les salles de bain, assurer des réfections du sol plus fréquentes ou des éviers des cuisines.
  • Des organisations syndicales disent que les bailleurs sociaux n’ont qu’à cesser la construction de logements neufs. C’est oublier que n’importe quel organisme qui ne construit plus de logements, est un organisme qui voit son patrimoine vieillir et se dégrader et surtout ne jamais offrir la possibilité aux locataires en place ou aux locataires qui en ont besoin de pouvoir accéder un jour à un logement neuf, ce qui est un souhait pour nombre d’entre eux, étant donné que maintenant les locataires du logement social ne changent pas de logement pour soit aller dans un logement locatif privé ou accéder à un logement. Ils seraient donc définitivement « assignés à résidence ».

Dans cet article, les bailleurs sociaux sont encore une fois montrés du doigt comme ne faisant pas leur travail. Mais qu’en est-il des bailleurs privés ? Et qu’en est-il aussi des services sociaux de droit commun qui devraient assurer le suivi social des familles qui rencontrent des accidents de la vie, comme la perte d’emploi, les séparations de couples, des décès, et qui ne peuvent plus payer les loyers ? Est-ce aux autres locataires du logement social d’assumer la solidarité pour tous les locataires de leur bailleur ?

Et pourquoi les locataires du logement social n’auraient-ils pas droit comme tout citoyen qui est logé dans le privé, aux services et aides financières de droit commun pour assurer la solidarité nécessaire lorsqu’ils rencontrent des difficultés ?

Ensuite, il y a aussi une accusation des pouvoirs publics qui ne portent pas suffisamment d’attention envers des personnes âgées. A Grenoble et dans les communes de la métropole, il y a plus qu’ailleurs des services qui veillent beaucoup sur les personnes âgées, isolées principalement. Durant les confinements il y a eu les agents tant du CCAS à Grenoble et des bailleurs sociaux qui ont assuré des appels téléphoniques à toutes les personnes isolées et qui ont ensuite fait des liens avec les services capables d’apporter des réponses concrètes.

En conclusion, ces associations sont de formidables alliés de la macronie qui a accéléré cette volonté de démanteler le principe du logement social français. Tatcher en Grande Bretagne l’a fait dans les années 1980 et après 40 ans de dégradation de l’accès au logement pour tous, on en revient au modèle de solidarité et de mutualisation d’accès au logement. Donc essayons de ne pas céder aux idées simplistes dont certaines nous viennent des Etats Unis, dont on connait la préoccupation de la solidarité.  Les bailleurs sociaux doivent assumer au mieux leurs responsabilités, et rechercher sans cesse à améliorer les services obligatoires de tout bailleur, mais arrêtons de leur demander de tout faire en lieu et place des institutions qui assurent le droit commun qui prévaut dans notre pays depuis 100 ans. Parce qu’au final, on pourrait inventer des modes de gestion qui ont existé dans l’histoire : des ghettos avec du séparatisme entre des habitant-es d’une même commune ! « Est-ce ainsi que les hommes pourraient vivre » !!!

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