Les fonctionnaires produisent également de la richesse

Publié le 14 janvier 2022

Au moment où revient dans le débat politique l’affirmation que le poids des fonctionnaires est trop lourd et qu’il faut en diminuer le nombre, une étude de chercheurs de l’INSEE démontre que contrairement aux attaques contre l’Etat et plus généralement l’ensemble des administrations publiques, la richesse produite correspond surtout aux services régaliens, à l’éducation nationale et aux soins dispensés en hôpitaux publics. Les liens entre dépense publique et production nationale vont toutefois au-delà de cette seule production directe de services publics. Cette contribution à la richesse du pays ne tient pas compte de celle des entreprises publiques. Le périmètre retenu ignore également le soutien indirect des administrations à l’activité productive nationale, par exemple la Sécurité Sociale rembourse des soins pratiqués par des médecins libéraux ou dans des cliniques privées ; ou lorsqu’elles subventionnent des entreprises, voire qu’elles dopent l’activité par la commande publique.

« Dans quelle mesure les administrations publiques contribuent-elles à la production nationale ?

Parmi les questions que soulève le poids des dépenses publiques dans l’économie (plus de 55 % du PIB en France en 2019) figure celle de la contribution qui est effectivement apportée par les administrations à la production annuelle de richesses. Deux erreurs possibles d’interprétation doivent à cet égard être signalées. La première serait d’inférer que la majorité de la production nationale proviendrait des administrations publiques. La seconde, à l’inverse, serait de considérer que les administrations ne font que redistribuer, pour plus de la moitié donc, des ressources qui seraient uniquement créées par les agents privés. La réalité réside entre ces deux extrêmes. Les administrations publiques « produisent par elles-mêmes » près d’un cinquième de la valeur ajoutée nationale. Cela correspond surtout aux services régaliens, à l’éducation nationale et aux soins dispensés en hôpitaux publics. Les liens entre dépense publique et production nationale vont toutefois au-delà de cette seule production directe de services publics. Ces liens incluent notamment le financement public de biens et services produits par le secteur privé, comme le remboursement de médicaments et d’actes de soins en libéral.

Ce billet a pour objet d’éclairer la contribution de la dépense publique à la création annuelle de richesses (le PIB). Il le fait sous un angle comptable, à partir des agrégats des comptes nationaux qui sont publiés par l’Insee pour la France et par Eurostat pour les pays de l’Union européenne…

D’autres dépenses publiques ont des effets indirects sur la production, qui ne peuvent être chiffrés simplement

Les liens entre dépense publique et production nationale ne se limitent pas aux aspects déjà présentés. On peut notamment mentionner le rôle des subventions aux entreprises : sans être de la production des APU, elles soutiennent directement le tissu productif au bénéfice de certains types de productions ou de produits. Les investissements publics stimulent également la production de certaines entreprises privées, en leur offrant des débouchés par la commande publique.

Une part importante de la dépense publique est cependant constituée de versements monétaires qui, eux, ne sont pas associés à la fourniture d’un bien ou service particulier. Il s’agit des prestations sociales en espèces, comme les pensions de retraite, les prestations de chômage et les allocations de solidarité. Du fait qu’ils ne sont pas associés à des productions de biens ou services spécifiques, on qualifie parfois de tels transferts de « redistribution pure ». On pourrait certes observer que l’utilisation par les ménages de ces revenus de transfert pour consommer agit à son tour comme un stimulant à la production ; mais cela irait au-delà de l’approche comptable développée dans ce billet et ne tiendrait au demeurant pas compte de l’effet contraire, sur les revenus et la consommation, des prélèvements nécessaires au financement de ces transferts. »

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