Dernière mauvaise nouvelle concernant les réacteurs nucléaires EPR

Publié le 16 septembre 2022

L’Institut de Radioprotection et de Sureté Nucléaire (IRSN) est l’expert public en matière de recherche et d’expertise sur les risques nucléaires et radiologiques sous la tutelle conjointe du ministre de la Transition écologique, du ministre des Armées, et des ministres chargés de la Transition énergétique, de la Recherche et de la Santé.

Il exerce ses missions d’expertise et de recherche dans les domaines suivants :

  • Surveillance radiologique de l’environnement et intervention en situation d’urgence radiologique.
  • Radioprotection de l’homme.
  • Prévention des accidents majeurs dans les installations nucléaires.
  • Sûreté des réacteurs.
  • Sûreté des usines, des laboratoires, des transports et des déchets.
  • Expertise nucléaire de défense.

L’IRSN rend des avis techniques et le 21 juillet 2022 il rend un avis n° 154 intitulé :

« Flamanville 3 – Démonstration de sûreté et suffisance du programme d’essais physiques Retour d’expérience des premiers EPR mis en service ».

Des analyses tirées de la réalité chinoise dans les cœurs des deux EPR en fonctionnement, montrent qu’il faut corriger des éléments importants dans la conception d’une partie de la cuve de l’EPR de Flamanville : « Ainsi au-delà des compléments de démonstration apportés et des mesures compensatoires prévues, l’IRSN estime qu’EDF doit définir et mettre en œuvre, aussi rapidement que le permet son processus de qualification, une modification matérielle pérenne permettant d’optimiser l’hydraulique dans le plenum inférieur de la cuve, de limiter l’ampleur des fluctuations de débit en entrée du cœur et ainsi de résorber l’anomalie de conception du plenum inférieur et ses conséquences. »

Voici les conclusions de cet avis sur lequel devra se pencher l’ASN pour validation ou non des propositions de l’IRSN.

« Concernant les écarts entre les mesures et les calculs observés sur la distribution radiale de puissance lors du premier cycle du premier EPR, l’IRSN estime satisfaisante la mise à jour des conclusions de la démonstration de sûreté, des valeurs des seuils des chaînes de surveillance et de protection du cœur ainsi que les modifications du PPE COR. De plus, l’IRSN estime acceptable l’engagement d’EDF consistant à ajouter un essai de carte de flux au titre de la REPR à puissance nulle.

Concernant les fluctuations importantes des signaux mesurés par les chaînes neutroniques de niveau puissance et les collectrons *, l’IRSN estime qu’elles résultent d’une anomalie de conception du plenum inférieur des cuves des réacteurs de type EPR qui, in fine, réduit les performances du système de surveillance et de protection du cœur, peut conduire à des usures des grilles de maintien du combustible en périphérie du cœur, pourrait avoir un impact négatif sur la fiabilité des collectrons1… Pour la résorber, EDF doit définir et mettre en œuvre, aussi rapidement que le permet son processus de qualification, une modification matérielle pérenne permettant d’optimiser l’hydraulique dans le plenum inférieur et de limiter l’ampleur des fluctuations de débit en entrée du cœur. Dans l’attente, l’IRSN estime acceptables les modifications du contrôle-commande pour limiter le risque de signaux intempestifs. De plus, la démarche pour évaluer l’impact de ces fluctuations sur la démonstration de sûreté, qui a conduit à des modifications significatives des seuils de surveillance et de protection limitant le domaine d’exploitation du réacteur, n’est acceptable selon l’IRSN que dans le cadre d’une analyse de sûreté intermédiaire et sous réserve de la vérification expérimentale des caractéristiques des fluctuations.

Concernant l’instrumentation nucléaire (hors FFN), l’IRSN estime satisfaisante la modification de l’algorithme de calcul des signaux CNS ainsi que la nouvelle stratégie de maintenance du système AMS proposée par EDF. La pertinence de cette stratégie pourrait être consolidée par le REX de l’EPR FA3. Pour ce qui concerne le boremètre RCV, l’IRSN prend note de l’engagement d’EDF d’ajouter une alarme pour prévenir le risque de perte de précision de l’algorithme de calcul de la CB du circuit primaire mais rappelle qu’une modification de l’algorithme, lorsqu’elle est possible, est préférable à l’ajout d’une alarme qui complexifie l’exploitation du réacteur. »


*Les collectrons sont des détecteurs neutroniques au cobalt qui sont répartis de façon homogène dans tout le volume du cœur du réacteur.

Voir aussi l’article du Canard Enchainé du 14 septembre : « La cuve de l’EPR, nouvelle casserole d’EDF »

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