JO d’hiver 2030 dans les Alpes… les incertitudes restent

Publié le 3 mai 2024

Les deux présidents d’Auvergne Rhône Alpes (Wauquiez) et de Provence Alpes Côte d’Azur (Muselier) espèrent avoir décroché les JO d’hiver de 2030 ; étant les seuls candidats, ils n’avaient pas besoin d’avoir un dossier de candidature au top. Du coup il y a de nombreuses incertitudes dans ce dossier.

Le 28 avril 2024, le quotidien Libération a fait un point détaillé sur l’état du dossier après le passage dans les Alpes du Comité international olympique. Pour le comité tout doit être bouclé d’ici les Jeux de Paris.

Voici des extraits de l’article de Libération :

« Budget global revu à la hausse

L’addition frôle désormais les 2 milliards d’euros pour le seul comité d’organisation même si le budget de fonctionnement est théoriquement abondé par le CIO et les recettes de l’évènement. «On ne va pas les dépasser», promet Muselier. «Nous souhaitons aussi que ce soit un coût maîtrisé», renchérit David Lappartient.

Ceci dit, ce montant deux fois moins élevé que celui des jeux de Paris cet été ne prend pas en compte le coût des infrastructures qui sont envisagées, ce qui coûterait «de un à deux milliards» supplémentaires selon la très large fourchette donnée par Wauquiez vendredi lors de la conférence de presse de clôture de visite. «On sera très nettement en dessous des 4 milliards de Paris, assure-t-il. On a jusqu’à l’été pour boucler le budget. On va mettre à niveau les équipements en étant sobres. Pas d’éléphant blanc. On ne fait pas n’importe quoi. Pas de folie, pas de grande construction, pas de démesure.»

Derrière les grands discours et cette promesse de sobriété – une figure imposée à l’heure où les grands projets sont de plus en plus contestés par les citoyens – se dessine pourtant un programme chargé de constructions et d’aménagements. Pour certains, il n’est pas certain qu’il soit possible de les réaliser d’ici 2029. Ils sont projetés sur chacun des quatre «pôles» prévus pour ces Jeux déconcentrés : en Haute-Savoie (Grand-Bornand et La Clusaz, dans le massif des Aravis), en Savoie (Courchevel, Méribel et La Plagne, en vallée de la Tarentaise), dans les Hautes-Alpes (Serre-Chevalier et Montgenèvre, dans le Briançonnais) et dans les Alpes-Maritimes (Nice).

Problème de neige dans les Aravis

Le village olympique serait abrité dans un futur village vacances de 700 lits que l’opérateur privé MMV ambitionne de construire d’ici 2027 au Grand-Bornand, qui accueillera le biathlon. Le montage financier reste inconnu et il faut encore trouver 200 lits. Pour les épreuves de ski de fond à la Clusaz, le domaine nordique des Confins est situé sur une zone naturelle sensible et largement protégée et devra être sérieusement réaménagé pour accueillir 12 500 personnes les jours d’épreuves ainsi qu’un bâtiment «semi-enterré» pour le centre de presse, le chronométrage et les installations du contrôle antidopage. L’enneigement artificiel et le «snowfarming» (stockage de neige) seront renforcés pour ce site situé à 1 400 mètres d’altitude seulement.

La même menace pèse sur le stade de biathlon du Grand-Bornand, qui se trouve lui à 1 000 mètres à peine. En 2022, la station avait dû acheminer 12 000 m³ de neige par camion sur le site pour assurer une coupe du monde. L’aléa climatique ne fera que se renforcer d’ici 2030. Le développement de la neige de culture sera donc là encore inévitable pour sécuriser les JO, au sein d’un réaménagement plus large du site évalué à 50 millions d’euros. Autre flou pour les Aravis, ses infrastructures routières limitées : Wauquiez promet «l’optimisation de la mobilité douce avec un réseau de transport décarboné», dont un très imprécis téléphérique «ascenseur valléen» sur le versant du massif situé du côté d’Annecy. L’ouvrage est encore « à l’étude »…

Des « Jeux pour les Jeux pas pour les gens »

Le dossier reste donc inachevé. D’ici à juin, il va falloir faut non seulement préciser les infrastructures prévues, les financements, les calendriers, mais même certains lieux, dont celui de la cérémonie d’ouverture. Pour l’instant, la seule chose qu’on sait c’est qu’elle combinerait «plusieurs sites», selon Laurent Wauquiez. Face à cette accumulation d’incertitudes, à quelques semaines du bouclage théorique du dossier, un collectif de citoyens, d’associations et d’élus de Haute-Savoie vient de lancer une pétition exigeant un débat public urgent dans tous les territoires concernés, qui «vont être durablement affectés par les Jeux».

Signataire de la pétition, Fabienne Grébert, élue régionale écolo face à la majorité Wauquiez, s’indigne : «On parle donc d’un budget à 4 milliards d’euros au total, or à trois mois de la décision nous n’avons aucune information sur qui finance quoi et aucune vision sur la destinée des équipements, leurs impacts environnementaux.» La conseillère régionale d’opposition dénonce un projet au coût énorme et au budget «farfelu», mené sans transparence ni démocratie, «hors programme électoral», par «trois élus LR visant leur destinée personnelle». Elle résume l’inquiétude dominante : que l’on fasse «des Jeux pour Jeux, pas pour les gens». Au fond, s’interroge Fabienne Grébert, de quelles garanties les trois hommes disposent-ils réellement au sommet de l’Etat ? Au moins deux d’entre eux – Muselier et Estrosi – se disent proches d’Emmanuel Macron, qui n’a pas dit un mot cette semaine pendant toute la visite du CIO. »

Mots-clefs : , , ,

Le commentaires sont fermés.