Sécurité, prévention, police municipale et/ou nationale

Publié le 3 octobre 2025

Au conseil municipal du 29 septembre, l’opposition de droite a utilisé son droit de tirage pour proposer une délibération concernant la police municipale : proposition notamment de lui fournir des armes de catégorie A1 (des armes de guerre) ! Mme Cécile Cenatiempo représentante du groupe PS au conseil municipal a mouché Alain Carignon en lui rappelant que les policiers municipaux n’ont pas le droit d’avoir des armes de catégorie A mais seulement de catégorie B, comme les tasers que possèdent les policiers grenoblois, à utiliser uniquement en cas de légitime défense.

Le conseil a eu droit sur cette question à tous les clichés habituels et aux coups de menton de la droite qui veut transformer cette police de proximité chargée de la tranquillité publique en une police d’intervention, ce qui est le cas de la police nationale. Avant Sarkozy il y avait une police nationale de proximité qui connaissait bien le terrain, mais elle a disparu au profit d’opérations coup de poing très inefficaces. Et l’insécurité est maintenant dominée par le narcotrafic contre lequel la police municipale n’a aucune compétence.

Heureusement la majorité municipale a pris le temps de préciser le rôle et les compétences de la police municipale lors de deux interventions, celle d’Alan Confesson, adjoint au maire et celle de Maud Tavel, adjointe à la tranquillité publique. Nous les mettons ci-dessous intégralement à la disposition de nos lectrices et lecteurs, car elles précisent quel est le rôle très particulier d’une police municipale, à ne pas confondre avec celui des autres forces de sécurité.

Alan Confesson termine par : « Notre position est claire, et elle est constante depuis des décennies : ici, la police municipale n’est pas une force de guerre. Elle est une force de proximité. Une force de prévention. Une force de tranquillité. Et c’est exactement ainsi que nous voulons qu’elle reste. Ce que nous faisons, c’est assumer pleinement nos responsabilités locales, en construisant des partenariats solides et en renforçant la prévention. »

Maud Tavel rappelle quelle est la stratégie de la ville et son bilan concernant la tranquillité publique : « Notre conviction est simple : une ville plus sûre ne se construit pas, par les postures politiciennes, mais par un travail patient, sérieux et collectif. Et c’est ce chemin que nous poursuivons, jour après jour, sans relâche. »

Intervention d’Alan Confesson

« J’écoute avec beaucoup d’attention M. Carignon nous donner des leçons de sécurité. Mais je dois dire que l’exercice frôle parfois l’ironie. Car enfin, Monsieur Carignon, vous avez été maire de Grenoble, vous avez tenu les rênes de la mairie pendant de longues années, et vous avez disposé d’outils et de moyens considérables, car à l’époque le gouvernement n’avait pas sabré dans tous les budgets y compris ceux des communes. Si vous aviez eu les solutions miracles que vous prétendez aujourd’hui détenir, pourquoi ne les avez-vous pas mises en œuvre lorsque vous en aviez la possibilité ?

Eh bien figurez-vous que j’ai la réponse à ma question et c’est vous, par le biais de votre adjoint M. Gascon, qui me l’avez donné : en juin 1992, dans cette même salle, vous avez répondu à cette question par, je cite, “La Ville de Grenoble […] ne dispose pas des moyens juridiques et matériels de nature à prévenir et à sanctionner les infractions commises”. Depuis, la Loi n’a pas changé et ce constat non plus !

La vérité, c’est que les défis que nous connaissons aujourd’hui existaient déjà hier. Ils étaient là sous vos mandats. Et plutôt que de construire une véritable stratégie de long terme, vous avez choisi les coups d’éclat médiatiques, la communication tapageuse, les annonces spectaculaires mais sans lendemain tout en reconnaissant en parallèle votre impuissance.

Et quelle impuissance ! Je me permets de rappeler quelques faits historiques. Dès les années 1980, la Ville de Grenoble a créé une Direction de la Prévention et de la Sécurité, et a organisé la police municipale en équipes d’îlotiers. Mais dès les premières années de votre mandat, les rapports soulignaient que le budget du Conseil communal de prévention de la délinquance était insuffisant, bien inférieur, en proportions, à celui d’autres communes du département. Dans le même temps, les problèmes de toxicomanie, notamment à la Villeneuve, s’aggravaient, les habitant-es dénonçaient un quartier redevenu une plaque tournante du trafic de stupéfiants, et les travailleurs sociaux eux-mêmes refusaient parfois d’intervenir dans le quartier Mistral.

Que faisiez-vous alors, Monsieur Carignon ? Vous répondiez par des opérations ponctuelles, coûteuses mais peu suivies : quelques programmes de portes palières blindées par ci, des annonces de conventions par là, la création d’une association « Mieux vivre en sécurité » que vous avez créée sans qu’on n’en ait jamais eu le moindre retour. En résumé : beaucoup de communication, mais peu de résultats durables.

Et ce n’est pas seulement nous qui le disons. Les archives, les rapports, les diagnostics locaux de sécurité de l’époque le montrent clairement : absence de stratégie de prévention, budgets sous-dimensionnés, inégalités sociales aggravées par vos choix politiques. La toxicomanie, la délinquance des jeunes, la dégradation du lien social : tous ces constats existaient déjà et sont votre héritage en tant que maire mais aussi en tant que candidat aux élections municipales qui arrivent.

Alors permettez-moi de vous poser une question simple : si vous n’avez pas su régler ces problèmes lorsque vous en aviez la responsabilité et tous les leviers municipaux entre les mains, pourquoi faudrait-il croire que vous auriez aujourd’hui des solutions miracles à proposer aux Grenoblois-es ?

Ce que vous proposez aujourd’hui, ce n’est rien d’autre qu’un énième coup de menton autoritaire et sécuritaire comme votre famille politique en a le secret depuis des décennies. Car au niveau des gouvernements successifs depuis 2007, vos amis Sarkozy, Darmanin et Retailleau tiennent les mêmes discours que vous, avec exactement la même absence de résultats. Et c’est à ce stade qu’on voit où sont les vrais dogmatismes : ceux consistant à proposer encore et toujours les mêmes recettes, sous l’angle exclusif de la répression, alors que cela fait maintenant des décennies que cette politique est mise en œuvre sans succès.

La différence entre vous et nous, c’est que nous ne nous payons pas de mots. Nous travaillons, avec lucidité et constance, dans le cadre de nos compétences. Et je veux le rappeler clairement : la sécurité publique relève avant tout de la responsabilité de l’État. C’est inscrit dans le Code de la sécurité intérieure : la police nationale, la gendarmerie, la justice sont les acteurs régaliens de la sécurité. Le maire a, certes, un pouvoir de police administrative, mais limité. La Ville n’a ni les effectifs, ni les armes, ni les pouvoirs judiciaires pour remplacer l’État et elle n’a pas vocation à le faire !

Il faut être clair : la mission de la police municipale n’est pas de se substituer à la police nationale ou à la gendarmerie. Elle a pour rôle la proximité, la prévention, la tranquillité du quotidien. Armer nos agent-es avec des armes à feu, ce serait brouiller les rôles. Ce serait leur demander d’aller sur le terrain du régalien, alors qu’ils sont là pour apaiser, dialoguer, prévenir.

Et puis soyons lucides : les missions de la police municipale concernent les incivilités, la gestion de l’espace public, le lien avec les habitant-es. On ne répond pas à un stationnement gênant ou à un trouble du voisinage avec une arme à feu. Pire encore : l’armement létal ferait courir plus de risques qu’il n’en écarterait. Plus de risques pour les habitant-es, avec des tensions qui pourraient dégénérer. Plus de risques aussi pour les agent-es eux-mêmes, qui deviendraient des cibles pour celles et ceux qui voudraient s’emparer de leurs armes.

Enfin, il y a la question du sens politique. Armer la police municipale, ce serait envoyer un signal négatif à la population : celui d’une ville qui se prépare à l’affrontement, plutôt qu’à la médiation et au dialogue. Or, ce dont Grenoble a besoin, c’est de confiance, de lien social, de proximité, pas d’une escalade dans la militarisation de l’espace public.

Notre position est claire, et elle est constante depuis des décennies : ici, la police municipale n’est pas une force de guerre. Elle est une force de proximité. Une force de prévention. Une force de tranquillité. Et c’est exactement ainsi que nous voulons qu’elle reste. Ce que nous faisons, c’est assumer pleinement nos responsabilités locales, en construisant des partenariats solides et en renforçant la prévention. Et c’est cela, la véritable différence avec votre mandat : pas des effets d’annonce, mais une stratégie patiente, cohérente et de long terme. »

Intervention de Maud Tavel : bilan et stratégie de la ville

« Contrairement à ce qui a été fait par le passé, nous avons choisi de s’attaquer aux racines du problème et d’agir là où une ville a réellement un pouvoir d’action : la prévention, la médiation et le lien social.

Nous savons que la sécurité ne se résume pas uniquement à la répression, ni à la prévention, les deux doivent être liées. Et bien évidemment, il faut de la fermeté lorsqu’elle est nécessaire. Nous travaillons avec les services de l’État, la police nationale et la justice pour assurer une sûreté au plus près des besoins des Grenoblois-es.

Nous coopérons aux côtés des services de l’Etat pour la sécurité.

Nous avons signé, comme la loi l’exige, une convention de coordination entre la police nationale et la police municipale pour la période 2025-2028. Mais nous savons aussi qu’une ville responsable doit aller plus loin : elle doit prévenir les conflits, accompagner les habitant-es, retisser du lien social et construire un climat de confiance.

Nous sommes engagés dans des actions pour assurer la tranquillité publique.

Assurer la tranquillité, c’est soutenir une présence humaine diverse dans les différents secteurs de la commune.

C’est pourquoi nous avons renforcé la présence des médiateur-ices de quartier, ces femmes et ces hommes qui, chaque jour, interviennent pour désamorcer les tensions, apaiser les relations de voisinage, rétablir le dialogue. Leur travail, souvent discret, est pourtant essentiel à la tranquillité publique. La ville soutient par ailleurs les dispositifs de médiation portés par les bailleurs sociaux, dispositif venant compléter les actions de la municipalité.

La présence humaine, c’est aussi une police de quartier dédiée dans un premier secteur. Des policiers municipaux en lien avec les habitants et les acteurs du quartier pour échanger, soutenir, créer du lien et faire respecter le cadre du bien vivre ensemble. Une police municipale en proximité avec les habitant-es pour prévenir des incivilités qui se coordonne avec les autres acteurs de la prévention et ceux de la sécurité.

Nous avons soutenu et développé les partenariats avec les associations de jeunesse, d’éducation et de prévention. Car chacun sait qu’aucune politique de sécurité ne réussira sans offrir des perspectives aux jeunes : des activités, un cadre éducatif, des perspectives … un avenir. La prévention de la délinquance commence par là.

Nous avons mis en place des dispositifs d’accompagnement pour les victimes, afin que celles et ceux qui subissent une agression, un vol, des violences, ne se retrouvent jamais seul-es. Parce que la sécurité, ce n’est pas seulement lutter contre les auteurs, c’est aussi protéger, accompagner et soutenir les victimes et leurs proches.

Assurer la tranquillité et coopérer pour la sécurité, c’est aussi agir pour réguler les usages de l’espace public. Le travail de partage de l’espace public, pour faire cohabiter tous les usages en lien avec la sécurité routière, a été structuré par la mise en place d’équipes de bike police et de brigade d’espace public. Prévenir, rappeler les règles avant de sanctionner permettent de donner du sens aux règles édictées.

Ainsi, nous avons recentré la police municipale sur ce qui doit être son cœur de mission : la tranquillité publique. Nous n’en avons pas fait un outil de communication ou une vitrine médiatique : nous en avons fait un service efficace, présent et accessible, envers et contre toutes les politiques que votre parti a mis en place depuis Paris pour siphonner les budgets des communes.

Assurer la tranquillité et coopérer pour la sécurité, c’est enfin agir pour lutter contre les nuisances nocturnes, le bruit, les activités engendrant des cohabitations difficiles. Pour cela, le pouvoir de police administrative a été actionné, structuré. Le protoxyde d’alcool, la vente et la consommation d’alcool, le respect des riverains sont une préoccupation constante, un travail en collaboration avec la Préfecture et la police nationale pour répondre aux enjeux de tranquillité.

Tout cela, nous le faisons avec constance et avec lucidité. Nous ne prétendons pas que la Ville, seule, puisse résoudre tous les problèmes de sécurité. Mais nous affirmons qu’elle doit jouer son rôle, aux côtés de l’État, de la justice, du tissu associatif et des habitant-es. Et nous nous y engageons quotidiennement avec des équipes formées. L’académie de la confiance, au sein de la police municipale, structure la formation des agents de police municipale de Grenoble mais accueille aussi des policiers municipaux d’autres communes du territoire. Cette même académie travaille sans relâche le lien avec la jeunesse et les établissements scolaires, pour déconstruire des préjugés, créer du lien et des vocations.

Et surtout, nous avons choisi une stratégie de long terme. Dans le passé, particulièrement sous votre mandature, trop souvent, la Ville a enchaîné des mesures ponctuelles, dispersées, sans continuité. Des programmes étaient lancés, puis abandonnés. Des initiatives étaient annoncées, puis laissées sans suite. Résultat : peu d’efficacité et beaucoup de frustration.

Avoir des axes forts, partagés et mis en œuvre de façon pérenne tel est l’ambition du plan de prévention de la délinquance et de sécurité. Nous avons fait le choix d’agir pour :

  • le développement des synergies territoriales,
  • la mise en place d’actions œuvrant pour l’éducation et la citoyenneté,
  • une meilleure protection des personnes vulnérables,
  • un meilleur usage de l’espace public
  • une politique en faveur de la santé.

Ce plan couvrant la période 2025-2027 a ancré des actions déjà existantes et efficientes et projeter les bases de nouvelles coopérations.

Voilà ce qui distingue notre action de celle des mandats passés : hier, il y avait des slogans. Aujourd’hui, il y a des actes. Hier, il y avait des effets d’annonce. Aujourd’hui, il y a une stratégie cohérente. Hier, il y avait de l’inaction ou des mesures éparses. Aujourd’hui, il y a une politique municipale assumée, construite avec les habitant-es et pour les habitant-es.

Notre conviction est simple : une ville plus sûre ne se construit pas, par les postures politiciennes, mais par un travail patient, sérieux et collectif. Et c’est ce chemin que nous poursuivons, jour après jour, sans relâche. »

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