Rocade nord : avis de décès !

Publié le 24 mars 2010

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La commission d’enquête sur le projet de rocade nord du Conseil général de l’Isère a rendu son rapport et ses conclusions le 22 mars 2010. Elle donne un avis négatif à l’utilité publique de ce projet. Même si formellement le projet n’est pas arrêté il vient d’essuyer un revers fondamental.

En effet, les motivations des commissaires enquêteurs, unanimes, sont d’une très grande sévérité sur le fond du projet qu’ils condamnent sans appel.

La commission d’enquête termine ses conclusions par ce jugement :

« Les inconvénients générés par ce projet de rocade, dans sa consistance et ses effets, l’emportent sur ses avantages sans qu’il soit possible, pour autant, d’y remédier, au risque de modifications trop substantielles qui en altéreraient son unité fonctionnelle et son économie générale, dès lors la commission d’enquête à l’unanimité de ses membres émet un avis défavorable à ce qu’il soit conféré le caractère d’utilité publique à ce projet de rocade nord de Grenoble. »

La plupart des critiques portées par les opposants sont reprises et parfois amplifiées par la commission d’enquête, par exemple :

  • la critique cinglante contre la consultation bidon de l’été 2007
  • la rentabilité économique du projet est très exagérée (d’au moins un facteur 4 !)
  • le projet augmentera les bouchons aux accès à l’agglomération
  • la hausse du trafic automobile et la baisse de la part modale pour les TC
  • le bilan des émissions de gaz à effet de serre et de consommation d’énergie ne répondent pas aux exigences du Grenelle de l’environnement et n’impliquent pas une diminution significative de la pollution de l’air
  • la sous estimation des risques pour la santé, notamment pour le CHU
  • les critiques très dures sur l’insertion urbaine du projet, son impact visuel, paysager, sur le patrimoine, sur la presqu’île scientifique, à Saint Martin le Vinoux et à la Tronche, dans une moindre mesure à Meylan
  • les critiques des communes sont considérées comme revêtant un intérêt général aussi légitime que celui du Conseil général
  • il y a tellement d’incertitudes sur les conséquences de ce projet qu’il n’est pas possible de garantir à la population une absence de préjudice sérieux !

L’ADES conseille fortement au Conseil général d’abandonner totalement ce projet et ne pas chercher à le relancer sous une forme ou une autre, et de se rapprocher des associations du CAIRN pour élaborer une politique efficace des déplacements dans la région urbaine, fondée sur les alternatives à la voiture individuelle. Il faut maintenant trouver des solutions innovantes, moins chères que la rocade (ce ne sera pas difficile) et répondant aux exigences écologiques ainsi qu’économiques et sociales, pour le bien de tous. L’ADES en a proposé des éléments lors de l’enquête publique.

Le travail des opposants a donc payé, le sérieux de leurs arguments face à un projet mal préparé, truffé d’erreurs et d’approximations a apporté aux commissaires enquêteurs les éléments qui leur ont permis de donner cet avis négatif.

Il faut espérer que les commissaires enquêteurs ne seront pas punis de cette prise de position courageuse. Rappelons que pour l’enquête publique précédant l’adoption du PDU en 2000, la commission d’enquête qui avait émis 16 réserves notamment à propos de la rocade nord avait vu le SMTC refuser d’indemniser le président de la commission d’enquête, il avait fallu à ce dernier aller au tribunal administratif pour obtenir gain de cause et il avait été écarté ensuite des enquêtes publiques pendant un certain temps.

A noter que comme d’habitude Marc Baïetto, en tant que président de la Métro, a réagit en disant des contrevérités notamment que sans la rocade, le tram E ne pourrait pas se faire car il ne pourrait pas y avoir déclassement de l’A48. Ceci est faux. Il cherche toujours des raisons pour retarder les transports en commun, cela devient suspect pour un président du SMTC.

Nous présentons nos condoléances à Michel Destot qui vient d’essuyer un nouveau revers très important après l’échec des JO, l’échec de la rocade, décidément il est dans une logique d’échec permanent !

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4 commentaires sur “Rocade nord : avis de décès !”

  1. Jean de Combret dit :

    Je me réjouis de cette nouvelle.
    Mais je regrette que votre site ne pointe pas vers des sources d’informations externes, qui permettraient de vérifier l’info et de connaître les réactions de la partie adverse !

    • admin dit :

      Le site de l’ADES est un site militant, pas un site d’informations. Nous n’avons donc pas vocation à faire un travail de type journalistique qui permette de confronter différentes sources. Nous sommes en fait une de ces sources, aux lecteurs d’en trouver d’autres si il ou elle souhaite confronter des points de vue, trouver des éléments plus complets… Nous comprenons le besoin, mais nous nous limitons à faire notre travail politique, de suivi des dossiers, de présence sur le terrain et auprès de nos éluEs, ce qui est déjà bien (si vous nous pardonnez cet accès d’immodestie 😉 !

  2. Jaussaud dit :

    Je ne peux que me réjouir de ce résultat, auquel j’ai d’ailleurs contribué par un dossier remis à la commission d’enquête. Mais il faut enfoncer le clou et mettre au programme beaucoup de transports, donc des transports pas chers. Et je m’étonne toujours de voir que vous refusez de promouvoir le tram aérien, auquel la revue Rail Ville et Transports vient de consacrer un dossier nettement plus sérieux que le « dossier » de l’ADTC qui est bourré d’erreurs.
    Pour mémoire, la ligne E en tram au sol est budgétisée pour 300 M€ pour 10km. En tram aérien on ne dépenserait même pas 100 M€ (85 environ, et on passerait par la gare!). Le tram aérien, c’est aussi un coût de fonctionnement 3 à 4 fois moins cher que le tram au sol: pour transporter 300 personnes, en bus cela coûte 15 €, en tram au sol: 7€ et en tram aérien entre 1.6 et 3€ selon la technologie. N’oubliez pas non plus la charte SMTC qui exige, pour créer une ligne de tram, de densifier la construction pour atteindre 30000 personnes/jour, et qui conduit à rabattre les lignes de bus sur le tram, au détriment du temps global de transport (exemple ligne 9 sur le tram, a comparer à la 6020). Je serai ravi de vous voir prendre ces données en compte, ne serait-ce que pour pouvoir, à imposition constante, investir les économies dans les hôpitaux ou les résidences de personnes âgées qui en ont bien besoin…
    Sans compter tous les autres avantages du tram aérien: consommation d’énergie 4 fois plus faible que celle du tram au sol, espace libéré pour des jardins (pas d’atelier d’entretien sur des hectares), pas d’accident, pas de poussières émises par les freins ni brassage de celles des autres véhicules au sol etc… A votre disposition si vous souhaitez en discuter.

    • admin dit :

      Merci pour votre participation à la mobilisation contre la rocade.
      Concernant le tram aérien, ou transport par câble, c’est un outil qui présente des avantages, particulièrement en cas de franchissement d’obstacles naturels, et en région de montagne comme la notre il peut donc être effectivement pertinent dans certains cas. C’est nettement moins évident en milieu urbain.
      Mais nous seront amenés à y revenir de façon plus détaillée à l’avenir.