Si l’on fait abstraction du niveau historique de l’abstention, la principale leçon politique des élections départementales et régionales du week-end est la très lourde défaite politique du parti gouvernemental.
Ce naufrage politique apparait doublé d’un naufrage moral rarement atteint, dont l’intervention d’Émilie Chalas, l’une des principales députées du parti présidentiel en dehors de Paris, a fourni l’exemple, lors d’une intervention scandaleuse lors du dernier conseil municipal à Grenoble du 14 juin.
La députée Chalas a fait preuve ce jour-là, dans une question orale présentée au conseil municipal de Grenoble, de beaucoup plus d’empathie pour les animaux que pour « les 140 personnes issues de la communauté Rom » présentes dans le squat Macé et s’est autorisée à considérer que l’ensemble des hommes, femmes et enfants qui s’y trouvent appartiennent à une « organisation mafieuse ».
Certains des poncifs haineux de Jean-Marie Le Pen – « Comme les oiseaux, les Roms volent naturellement » – qui lui valurent une condamnation pour propos racistes, ont été repris (« les enfants sont utilisés pour les vols et faire la manche« ) par la députée LREM dans une enceinte républicaine.
Voici les termes exacts de la députée :
« Il s’agit en réalité d’un clan à l’organisation mafieuse dont de nombreux membres sont connus des services de police, faisant des allers-retours réguliers avec la Roumanie et développant de pratiques illégales, trafic, prostitution, violence, vols… Les enfants sont utilisés pour les vols ou faire la manche ou laissés oisifs, et ne sont scolarisés que de façon sporadique. »
De tels propos sont inadmissibles dans une commune qui a déjà eu à connaitre le tristement célèbre discours de Grenoble dans lequel Nicolas Sarkozy cherchait à offrir à la vindicte populaire et à stigmatiser des personnes en situation de détresse, une méthode au relents vichystes que nous ne voulons plus voir employée dans la capitale des Alpes !
Une telle absence de retenue dans l’usage des clichés et les caricatures à l’égard de cette communauté (le terme « Roms », adopté par l’Union européenne, englobe en effet une grande diversité de groupes, des « Tsiganes » aux « Gitans »…) qui vient après l’affaire Franck Sinisi à Fontaine, est un appel au pogrom dans un contexte de grave crise économique et de grande détresse sociale à la sortie de la crise sanitaire. Macron et la députée Chalas utilisent la même stratégie que Sarkozy et Valls consistant à adopter le discours politique et la rhétorique de l’extrême-droite. La sanction a été heureusement ferme : la déroute électorale du week-end.
Mots-clefs : conseil municipal, discriminations, grenoble, immigration, LREM, racisme
