Lac baignable au Parc Jean Verlhac : une fausse bonne idée ?

Publié le 5 mai 2023

Le parc de la Villeneuve est l’un des plus grands parcs de Grenoble. C’est un lieu à découvrir comme le font depuis l’an dernier des milliers de grenoblois-es et métropolitain-es venu-es admirer le feu d’artifice du 14 juillet qui est tiré en son milieu. Il est aussi le lieu où se déroule chaque année l’URBAN CROSS entre la Villeneuve et Village olympique. Le parc est organisé autour d’un vaste bassin appelé « Le Lac » qui sert l’été de lieu de fraîcheur pour de nombreuses familles. Sa faible profondeur de l’ordre de 50 cm n’entraine pas la nécessité de le clore par une barrière et malgré des interdictions placardées autour, des jeunes enfants s’y trempent régulièrement en pleine chaleur sans qu’aucun accident ne soit jamais arrivé.

Ce projet de plan d’eau baignable à la Villeneuve faisait partie du projet « Grenoble en commun », dans une perspective d’accès facilité à la fraîcheur et à l’eau pour les habitant-es de Grenoble, accès gratuit et sécurisé dans un contexte de hausse des températures estivales liées au réchauffement climatique.

Par ailleurs l’eau est changée très régulièrement (toutes les 2 à 3 semaines) par pompage depuis la nappe phréatique et le bassin actuel présente des fuites régulières. Enfin malgré ces changements fréquents de l’eau il est impossible actuellement de garantir une baignade sans risque sanitaire.

La ville de Grenoble et la Métropole ont pensé qu’il serait intéressant de rendre ce « lac » officiellement baignable en le creusant afin que la nage soit possible au moins dans une partie et en filtrant l’eau pour la rendre conforme à la qualité requise pour une eau de baignade.

Le projet vise une qualité de l’eau bien meilleure qu’aujourd’hui où elle est totalement non conforme (eau sale car non filtrée, présence d’animaux, etc…) notamment à cause du système hydraulique en place sans buses de brassage qui permettraient de limiter les « zones mortes » dans lesquelles les bactéries se développent. L’ARS participe aux échanges visant à garantir la qualité de l’eau. La rénovation du lac était de toute façon nécessaire au vu du bassin et du système hydraulique vieillissants et des très nombreuses fuites constatées avec un coût également important.

Mais cela entraine des conséquences qui pourraient nuire aux autres usages du parc et en particulier aux bords du lac : des barrières pendant la mise en eau (6 mois par an au minimum) qui coupent les perspectives et empêchent l’accès à l’eau, limitation des entrées dans le lac avec un quota à respecter, place entre l’ancienne piscine IRIS et le lac actuellement paisible (emplacement de « Villeneuve-plage »…) qui risque de devenir un lieu de conflits d’usage… Une concertation avec les habitant.es a été engagée avec 3 réunions publiques déjà tenues (en septembre, décembre 2022 et en janvier 2023) pour trouver les solutions les plus adaptées face à ces craintes. Elle doit être poursuivie et amplifiée pour prendre en compte l’expertise d’usage des habitant.es.

La difficulté à recruter, à Grenoble comme ailleurs, des maîtres-nageurs pour assurer la surveillance de la baignade est une question importante, que la ville doit anticiper pour éviter, par exemple, de devoir fermer la piscine des Dauphins toute proche pour permettre la baignade dans ce lac. Plus les techniciens creusent cette idée a priori généreuse, plus des difficultés apparaissent, comme pour tout projet d’ampleur comportant une modification des usages.

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