20 ans déjà… dans le parc Paul Mistral

Publié le 16 février 2024

Le remplacement du stade Charles-Berty à Grenoble par un stade uniquement dédié au sport professionnel, décidé après l’élection municipale de 2001 sans que ce soit débattu durant la campagne électorale, a été l’objet de contestations multiples. L’ADES notamment, a porté de nombreux recours devant le tribunal administratif contre les permis de construire du nouveau stade et du parking situé sous le stade, ce qui a imposé la fermeture du parking durant les matchs pour des questions de sécurité. Ce parking qui a coûté 15 M€ est très peu utilisé, notamment jamais les soirs de matchs ou manifestations. Ce stade a fait aussi des dégâts politiques puisque le premier conseiller général écologiste a été élu à Grenoble en 2004 en réponse à cette décision sans concertation.

Un ancien militant de l’association SOS Parc Paul Mistral nous rappelle la première ZAD qui s’est déroulée dans le Parc et qui a culminé par l’occupation de nombreux arbres condamnés par ce projet.

Il y a 20 ans dans le Parc Paul Mistral à Grenoble entre novembre 2003 et février 2004 des jeunes acro-branchistes et une association appelée SOS Parc Paul Mistral, soutenus par la population grenobloise, occupèrent des arbres presque tous « remarquables » (dont un orme majestueux) dans le but de leur éviter d’être coupés pour faire place à un grand stade, censé être le cadre des futurs exploits sportifs d’une équipe de football professionnel le GF38. Ce stade remplace l’ancien stade Charles Berty, mais pas tout à fait sur l’emplacement exact de l’ancien stade puisqu’il dépasse largement son ancienne empreinte au sud-ouest. Ce parc, le plus grand de la ville, avait déjà subi pas mal d’outrages avec la construction d’équipements bétonnés pour les JO de 1968 avec le Stade de Glace et l’Anneau de Vitesse devenus vite obsolètes, le bétonnage d’espaces verts où les grenoblois pouvaient respirer, ne posait aucun problème aux autorités de cette époque.

Donc le 2 novembre 2003 au soir, des jeunes assistés de membres d’SOS PPM commencèrent à construire des cabanes toilées dans 2 où 3 platanes du parc qu’on appela « les platanes insoumis » dans lesquels ils (elles) dormaient. D’autres jeunes sensibilisés par cette forme de lutte pacifique les rejoignirent, si bien que début janvier il y eut au moins 30 arbres occupés, d’autres jeunes vinrent avec des planches et du matériel avec lesquelles ils construisirent un véritable village perché (il y avait même un arbre bibliothèque) et diverses installations au sol, kiosque information « l’infokiosk », toilettes sèches et autres. L’occupation du parc (la première « ZAD » Zone à Défendre) fut largement médiatisée après une pleine page dans le quotidien « Libération » les médias nationaux TV et même internationaux (jusqu’en Australie) accoururent au grand dam des autorités locales, Ville et Métro (Michel Destot et Didier Migaud).

Les riverains et d’autres habitants apportèrent leur soutien sous forme de vivres et de paroles d’encouragement. Il y eut pas mal de tractations entre les autorités locales et nationales pour faire intervenir les forces de l’ordre (le préfet étant peu empressé d’intervenir content de l’embarras des autorités locales PS) des tentatives eurent lieu mais rien de sérieux jusqu’au 10 février 2004. Pas mal pour une occupation très provisoire lancée sans grand espoir de durer plus d’une semaine, ce fut une des première ZAD. A signaler que les occupants furent photographiés & fichés par la Préfecture, la Métro et la Ville, Ce 10 février les forces de l’ordre isolèrent les squatteurs par des barrières coupant du même coup les occupants perchés de leurs soutiens et en deux jours tous les squatters furent extraits du périmètre manu-militari. Cette belle lutte citoyenne exemplaire se termina par la suppression de plus de 200 arbres dont 3 ginkgos bilobas qui furent abattus par les fabricants de béton.  Ceux que certains appelèrent, les socio-traitres, les ultra-réactionnaires, crurent gagner mais cette longue lutte écologique inédite dans son style fût entre autres, le prélude 10 ans avant, à la victoire d’une coalition écologiste et de gauche à la Mairie de Grenoble. NB. L’orme remarquable (un des plus vieux de la région grenobloise qui abrita la cabane la plus haute (au moins à 20 mètres) symbole de cette lutte ne fut pas coupé tout de suite, on en prélevaun rejet car il avait résisté à la Graphiose de l’Orme, mais nul ne sait ce que ce rejet est devenu… Alors qu’il y avait eu un engagement de le conserver sur le long terme.

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