
Macron s’est exprimé après la censure du gouvernement, sans tirer les conséquences de sa dissolution et le seul message clair qu’il a donné, c’est qu’il restera jusqu’à la fin de son mandat. Il nommera un premier ministre pour avoir un gouvernement d’intérêt général, ce qui est la moindre des choses, puisque l’intérêt général se définit par le respect de nos principes constitutionnels et des lois. A noter qu’il a estimé qu’il n’y avait aucun chaos créé par la censure du gouvernement et qu’une loi spéciale suffirait pour assurer la continuité de l’Etat avant le vote d’une loi de finance pour 2025, ce que le Nouveau Front Populaire (NFP) avait toujours expliqué.
La logique politique voudrait que le prochain gouvernement soit dirigé par une personnalité du NFP qui devrait s’engager à ne plus utiliser le 49-3, cherchant des compromis avec le camp républicain, respectant ainsi le front républicain qui a été à l’origine de l’Assemblée Nationale actuelle. Mais Macron n’ira pas dans cette direction avec un grand risque d’instabilité.
Michel Barnier avait été choisi par Macron, après une très longue période de réflexion, qui estimait qu’il serait plus stable qu’un gouvernement Nouveau Front Populaire; or Barnier a tout fait pour que l’Assemblée Nationale perde son temps et ne puisse pas se prononcer sur le budget afin que ce soit le Sénat, à majorité de droite, qui fasse le travail, sachant que la commission mixte paritaire choisirait le texte du Sénat.
Barnier a beaucoup fait pour donner satisfaction au RN en répondant positivement à plusieurs de ses demandes, mais il a cru qu’il pourrait faire passer son budget par le 49-3, sachant qu’une majorité de l’Assemblée nationale y était opposée. De plus il n’a jamais cherché à faire des compromis avec la gauche, contrairement à ses promesses.
Mais Barnier pouvait ne pas engager le 49-3 et aller au vote qui aurait été négatif ; comme le délai constitutionnel aurait été dépassé quelques jours après, il pouvait passer le projet de loi de finances de la Sécurité sociale par ordonnance. Et pour le budget, passer d’abord par une loi spéciale pour prélever les impôts.
Le premier et seul responsable de cette situation est le président de la République qui a tardé à nommer un premier ministre, oubliant que la règle la plus élémentaire est de toujours proposer à la coalition la plus importante de former un gouvernement et non de choisir après avoir laissé pourrir la situation pendant des semaines un premier ministre issu du groupe politique le plus faible de toute l’Assemblée.
Barnier s’est retrouvé à gérer un gouvernement construit avec des groupes politiques qui n’avaient aucun projet commun. Ils ont déserté les bancs de l’Assemblée nationale, ce fameux bloc central n’avait aucune base politique commune et chaque leader des différents groupes a joué son jeu personnel en vue des futures présidentielles.
Tout reste à faire : en premier, mettre en place un budget provisoire, ensuite le parlement devrait décider que l’élection de l’Assemblée nationale soit à la proportionnelle intégrale pour éviter l’arrivée au pouvoir de l’extrême droite lors de la future dissolution ; le système majoritaire permet à un parti qui atteint 35 %, d’avoir une majorité absolue.