Hôpital public : la colère monte après des annonces jugées « honteuses »

Publié le 22 novembre 2019

Les annonces étaient attendues, sans doute comme jamais. Alors que le Président de la République avait annoncé après la mobilisation du 14 novembre, avoir sous-estimé la gravité de la situation, le Premier Ministre et la ministre de la Santé se sont présenté.e.s mercredi un peu après 10h pour annoncer des mesures d’urgence pour l’hôpital. Tout démarre plutôt bien, le Premier ministre reconnaît que les hospitalier.e.s peuvent légitimement exprimer « leur colère, leur épuisement, leur désarroi ». La ministre poursuit en estimant que les soignant.e.s ne sont rémunérés à hauteur de leur engagement. Le suspens monte… Et patatras.

La suite aurait du être à la hauteur de l’entrée en matière, elle en a été l’exact opposé. Concernant la revalorisation salariale, la ministre s’est contentée d’énumérer une liste de primes potentielles pour les soignant.e.s. Entre autres, on retiendra les bien trop généreuses propositions d’une prime de 800 euros annuels pour les personnels gagnant moins de 1900 euros à Paris et dans la Petite Couronne et d’une prime de 300 euros pour celles et ceux sur le reste du territoire. Si tant est que les soignant.e.s en voient la couleur (les primes sont conditionnées à de multiples critères et seront fonction des établissements, des services, pourront être versées puis finalement retirées, etc.), les lendemains ne chanteront pas pour autant. 66 euros par mois en plus à Paris, 25 euros en plus par mois hors Paris, c’est peu, bien trop peu, pour ne pas dire insignifiant et méprisant. Et c’est ce que n’ont pas hésité à dénoncer les collectifs Interhôpitaux et Interurgences dès mercredi soir.

Outre ces misérables primes, le gouvernement a annoncé investir massivement dans l’hôpital en promettant (ne pas rire) de ne pas diminuer les tarifs hospitaliers et en engageant 1,5 milliards d’euros sur trois ans, soit 500 millions par an en moyenne quand le budget annuellement alloué à l’hôpital est de 80 milliards d’euros. Une annonce qui ne passe pas plus que celle sur les primes, car, comme l’ont rappelé les soignant.e.s, l’hôpital se fout de la charité.

La reprise d’un tiers de la dette (10 milliards sur 30) apparaît comme la seule nouvelle satisfaisante, celle-ci faisant peser sur les établissements des charges de financement lourdes. Mais il convient de rappeler que cette dette est avant tout la responsabilité de l’État lui-même qui a laissé les hôpitaux plonger dans les bras de banques comme Dexia dans les années 2000, contractant ainsi des emprunts toxiques qui pèsent encore sur les finances hospitalières. Et surtout, la dernière fois que l’État a consenti à reprendre une dette, il a posé ses conditions, la fin du statut de cheminot… À quelle sauce Bercy entend manger les hospitalier.e.s ? Affaire à suivre. C’est donc tout naturellement que ces annonces ont été qualifiées de « honteuses » voire de « provocation ». « On nous jette une bouée alors que nous sommes en plein milieu de l’océan » a déclaré Anne Gervais du collectif Interhôpitaux. Les mobilisations vont donc se poursuivre, avec des actions conduites pour sensibiliser les citoyen.ne.s le 30 novembre et une manifestation le 17 décembre. À nouveau, l’ADES rappelle son plein soutien aux soignant.es et personnels hospitaliers et sera à leur côté le 17 décembre pour l’hôpital public, pour les gens qui y travaillent, et celles et ceux qui s’y font soigner.

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